Chapitre 9

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Théodora

— Ad ! entendis-je chuchoter doucement.

Je ne bougeai pas, inquiète. Qui parlait ? Je tendis l'oreille, aux aguets. Seul le bip qui répercutait le rythme cardiaque régulier d'Adrian brisait le silence de la nuit déjà bien avancée. Seulement vêtue de mon short et mon tee-shirt, je grelottai : il faisait frais à cause de la climatisation.

— Ad, réveille-toi ! insista Lorenzo, que je reconnus cette fois.

J'ouvris les yeux au moment où Adrian bougea sous ma jambe. Nous étions tous les deux dans son lit d'hôpital. Sans m'en rendre compte, je m'étais enroulée autour de lui dans mon sommeil. Je me dégageai rapidement pour lui faciliter les mouvements. Dans la pénombre et le faible éclairage des machines, je le vis grimacer alors qu'il roulait sur le dos.

— Tu veux quoi ? grommela-t-il, de mauvais poil.

Ses pupilles dorées, brillantes dans le noir, incendièrent son frère.

— Baz vient d'envoyer un message, répondit Lorenzo, nullement impressionné. Julie y est arrivée ! Il t'attend. Il faut aller chercher la petite souris.

Je me redressai subitement sur mes coudes.

— Le guérisseur ? m'enquis-je à voix haute, brisant le silence d'une manière bien trop stridente.

— Oui, répondit Lorenzo, cette fois sans chuchoter. On va enfin pouvoir guérir Adrian !

Je me levai du lit, excitée comme une puce. Je secouai Adrian au passage :

— Hey ! gronda-t-il.

Mais je l'ignorai, souriant comme une demeurée. Un poids se détacha soudain de mon cœur, tandis que j'observai mon colosse d'Espagnol, qui nous fixait tour à tour, ne semblant pas encore réaliser que c'était enfin la fin de son cauchemar. Mes yeux balayèrent son torse bleui, qui se soulevait avec difficulté. Quelle bonne nouvelle ! La meilleure du monde ! Il s'assit péniblement au bord du lit, au même endroit qu'hier soir. Je m'approchai et embrassai ses blessures à nouveau, mais cette fois avec beaucoup plus d'entrain, comme pour leur dire au revoir. Julie y est arrivée ? Vraiment ? Bon sang, il allait falloir que je revoie ma façon de juger cette blonde sulfureuse ! Depuis maintenant six jours, elle ne faisait rien d'autre qu'essayer, par tous les moyens, d'approcher le guérisseur. À ses risques et périls, parfois aidée de Paolo, mais très souvent en solitaire pour éviter de se faire repérer. Car ce type, dont personne ne savait rien finalement, était en général seul avec Damien. Mon ex connaissait Paolo, l'ayant croisé au terrain d'entraînement avec moi. C'était bien trop dangereux qu'il soit vu avec Julie !

Adrian passa avec tendresse ses pouces sur mes joues humides, redressant mon visage vers le sien. Je ne m'étais même pas rendu compte que je pleurai.

— Tout va bien Théodora, murmura-t-il.

Sans un mot, je hochai la tête puis je me relevai et l'aidai à enfiler péniblement sa blouse. Pourvu qu'il ait raison ! Alors pourquoi avais-je encore ce mauvais pressentiment ?

Voyant mon trouble à ma mine sombre, Lorenzo, resté silencieux et en retrait, s'approcha et me prit dans ses bras pour me serrer contre son torse nu et musclé. Il n'était vêtu que de son boxer et avait dormi dans ce fauteuil inconfortable, me laissant la place dans le lit avec Adrian. Il devait avoir mal au dos le pauvre ! Son portable dans sa main vibra à nouveau. Il lut le message puis nous regarda :

— Baz s'impatiente, murmura-t-il. Ad, il faut un portail pour le salon de notre appart.

Adrian hocha la tête, silencieux, puis se leva difficilement, grimaçant de douleur. Je jetai un œil à ses constantes avant qu'il ne débranche les fils, elles étaient plutôt correctes malgré l'état de son corps. Il souleva l'avant de sa blouse et tira sur tout son équipement, arrachant une partie des capteurs et la totalité des câbles. Certains restèrent collés sur sa peau ambrée.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant