Chapitre 8 🔥

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Théodora

Cinq putains de jours ! Julie n'arrivait toujours pas à approcher ce foutu guérisseur, qui collait aux basques de Damien comme son ombre ! Et moi j'étais au bord de la rupture. Baz, pendant ce temps-là, n'arrêtait pas de faire des sous-entendus de piège à souris sans que personne ne comprenne pourquoi il veut donner un surnom de rongeur à ce type. Un jour, peut-être qu'il nous expliquera... Les deux frères semblaient s'être résignés dans leurs messages et essayaient d'être rassurants, mais Baz était si nerveux qu'ils nous mettaient tous dans le même état. Que savait-il que nous ignorions ?

Presque une semaine à être loin de Lorenzo et Adrian... Je m'étais plongée dans l'entraînement intensif, que ce soit côté cours ou côté sport, tir ou magie, mais malgré toutes mes occupations, je devenais complètement folle, je tournais chaque jour un peu plus en rond. Toutes les nuits, je dormais dans l'un de leurs lits, alternant la chambre de Lorenzo avec celle d'Adrian, enfouissant mon nez dans leurs draps, leur oreiller, cherchant leur odeur. Plus les jours passaient, plus elle s'amenuisait. Autant que mon moral, et mon poids d'ailleurs : je n'arrivais pas à m'alimenter, malgré les réprimandes de l'équipe. Je ne m'étais jamais senti aussi mal. Je perdais pied, peu à peu, loin d'eux. Je découvris, avec cette absence prolongée, qu'ils étaient devenus mon point d'ancrage, ma bouée de sauvetage. J'étais liée à eux, mon âme enroulée autour de la leur comme un lierre grimpant. Ces derniers jours, j'avais l'impression qu'on avait aspergé mes racines de désherbant, et que je mourrais à petit feu, loin d'eux.

On toqua à la porte. Allongée sur le lit de Lorenzo, vêtue d'un mini short en jean et d'un tee-shirt ample, je fixai les rideaux colorés du baldaquin, qui bougeaient au gré du vent, la porte-fenêtre étant grande ouverte. Je ne réagis pas, trop anesthésiée dans mon esprit. Nouvelle répétition de trois petits coups, puis la porte s'entrebâilla :

— Théo ? chuchota Audrey, la voix hésitante.

— Hum ? me contentai-je de murmurer, sans bouger.

J'entendis mon amie soupirer, puis elle avança jusqu'au lit et me fixa d'un air sévère, les poings sur les hanches. Qu'elle était belle, mon Audrey avec ses cheveux noir corbeau coupés court. Elle s'était démaquillée pour la nuit, et portait un combishort couleur pêche. Lorsque mon regard croisa le sien, sévère, ce qu'elle dut lire en moi la fit changer d'expression. Son visage s'adoucit, et elle fit la moue. Elle grimpa alors sur le lit, se débarrassant de ses tongs et vint s'allonger tout contre moi, passant sa jambe sur mes hanches et son bras sous ma poitrine dans un câlin serré fort.

— Je suis tellement désolée Théo. Je sais que le temps est long pour toi.

— Long ? ricanai-je, les larmes aux yeux malgré moi. C'est un euphémisme. J'ai l'impression qu'on étire un putain de chewing-gum !

Audrey plaqua son front contre ma tempe, son souffle sentait la grenadine.

— Je sais. Baz aussi devient fou. Et moi, vous voir tous les deux comme ça, ça me fait souffrir terriblement. Et je ne parle même pas de Paolo, qui ne reste même plus dans l'immeuble en ce moment, tellement il supporte plus de sentir vos émotions ! Je ne l'ai jamais vu faire autant de randonnées que ces derniers jours ! Il va avoir un de ces culs musclés !

Je tournai la tête vers elle, croisant son regard écarquillé et admiratif. Je gloussai :

— Au moins une à qui ça profite.

— Ah, mais autant voir le positif dans toute cette merde, ricana-t-elle. Baz le verra aussi, quand il ira mieux.

Son immense sourire me fit du bien. Être contre mon amie également.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant