Chapitre 16

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CHAPITRE 16

Théodora

À combien j'en suis déjà ? Six ? Sept ? J'avais cessé de compter le nombre de gin-tonics que je m'étais enfilé avec Paolo. Lui aussi avait les yeux brillants et riait un peu trop fort. Nous jouions au poker avec Johan et Julie pour passer le temps. Et il était long, ce foutu temps ! Pourquoi n'avions-nous pas un sorcier doué de maîtriser ce facteur-là, histoire de tourner légèrement les aiguilles de cette horloge de malheur ?

Installée dans le canapé, Julie avait calé ses longues jambes sur les cuisses de la petite souris de manière aguicheuse et il s'amusait à dessiner du doigt le tracé du tatouage en souvenir de Viktor et Chloé que Julie arborait fièrement à la cheville. Ce djembé et cette clef de sol étaient le symbole de notre ancien groupe, notre lien indestructible quel que soit les épreuves.

Pourtant, le pressentiment qui grondait en moi ne me quittait toujours pas. Il me tordait les tripes, et le gin ne le faisait pas taire. Au contraire, il le décuplait même. Paolo l'avait ressenti. Plus tôt dans la soirée, alors que je remplissais le lave-vaisselle, il m'avait rejoint pour m'interroger à ce sujet et je n'avais eu aucune explication à lui fournir. Il en avait conclu que je m'inquiétais, tout simplement. Alors il avait sorti le gin, afin de m'aider un peu. L'intention était plutôt bonne...

— Y a un portail ! s'exclama Julie, qui surveillait l'écran de la salle sécurisé du sous-sol.

En un claquement de doigts, nous étions dans l'ascenseur, le cœur battant la chamade, attendant qu'il descende jusqu'au niveau souterrain. Je triturai mes ongles, nerveuse. Cette sensation... Elle augmentait. Était-ce cette révélée qui provoquait ça ? Qui était-elle ? Tant de questions dont j'allais enfin avoir les réponses ! Je croisai le regard de Paolo, qui absorbait malgré lui mon angoisse. Je lui fis une moue d'excuse. J'étais peinée de lui faire subir tout ça.

Franck, sentit mon trouble et posa sa main sur mon épaule :

— Tout va bien se passer Théo. Je serai là pour te protéger si besoin, murmura-t-il.

Je pivotai vers lui et lui décrochai un immense sourire. Nous avions passé la première heure après le départ du groupe d'intervention ensemble. Il m'avait aidé à débarrasser le salon et la cuisine, faisant tourner un premier lave-vaisselle. Franck était un sorcier attachant, bien que secret. Je le sentais désireux de se rapprocher de moi depuis le donjon. De manière amicale, je ne percevais aucune ambivalence dans son attitude. Je n'arrivai pas encore à cerner ses attentes, ses désirs. Il n'avait affiché aucun intérêt pour aucun membre du groupe, malgré qu'il soit un homme très attirant et bourré d'hormones. Un seul savait ce qu'il se passait dans sa tête : Baz. Mais notre télépathe préféré restait silencieux sur cet aspect de notre jeune révélé, respectueux de ses petits secrets.

Collés l'un à l'autre dans leur angle de l'ascenseur, Johan chuchotait des choses à l'oreille de Julie qui gloussait comme une gamine. Décidément ces deux-là s'entendaient bien...

Les portes s'ouvrirent tout à coup et mon cœur rata un battement. Je me précipitais à l'extérieur sans réfléchir, muée par un instinct primaire. Je fonçai, dévalai les marches puis déverrouillai le boitier lumineux à chiffres. Je tombai nez à nez avec Lorenzo qui me surplombait de toute sa hauteur, ses yeux violets rivés sur moi. J'allais parler lorsqu'une femme vêtue d'un débardeur blanc et d'un jogging gris fut projetée à travers le portail et atterrit lourdement sur le sol.

Aussitôt, le passage se referma, nous laissant tous interloqués.

— C'est quoi ce bordel ? s'exclama Paolo, inquiet.

Mon sang se figea, tandis que je fixais l'endroit où juste avant se trouvaient les ténèbres. Adrian, où es-tu ?

Julie se précipita sur la jeune femme aux cheveux blonds coupés au carré qui sanglotait et la releva sans ménagement :

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant