Chapitre 1

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Équilibre :

N. m. État de quelqu'un qui maîtrise sa position et ses mouvements, qui ne tombe pas.

CHAPITRE 1

(Attention : il s'agit du tome 2. Le tome 1 : Les Affranchis : l'émancipation.)


Théodora

Je ne parvenais toujours pas à calmer mes tremblements de colère. J'admirais, subjuguée, la fumée noire qui dansait autour de mes doigts noircis que je tenais enfoncés, jusqu'à me faire grimacer de douleur, dans mes cuisses nues. Adrian s'accroupit devant mes genoux, posant ses lèvres sur mes mains glacées, nullement impressionné par mes ténèbres. Tout en les couvrant de baisers, il gardait rivés ses iris dorés sur les miens.

— Théodora, il faut que tu te calmes, chuchota-t-il entre deux bisous.

Je ricanai, amère.

— Parce que tu y arrives toi ? grondai-je. Franchement ? Tu as vu dans l'état où est Baz ?

Les larmes menaçaient de déborder à nouveau de mes yeux, brûlantes. Je serrai les dents et secouai la tête.

— Il l'a lacéré ! Poursuivis-je, la voix tremblante d'émotion. De partout ! Et il a léché son sang comme si c'est une sucette au coca ! Adrian ! Ce n'est plus Damien, c'est un monstre ! C'est sa nature qui l'a changé, c'est ça ? Et nous ? On est pareil ? On est devenus fous aussi ? Les sanguins, les ténébreux... On est destinés à finir complètement barjots ?

Mes derniers mots avaient été prononcés dans des cris qui ricochèrent contre les murs de la grande chambre d'Adrian. Lentement, quelqu'un s'inséra doucement en moi, comme lente caresse s'enroulant autour de mon âme meurtrie. Oh ! Merci, Paolo, ça fait du bien...

Depuis plus d'une heure, j'étais si instable, incapable de contrôle ! Ils s'étaient tous relayés dans cette chambre, jamais plus de quelques minutes, pour essayer de me contrôler. Ils avaient déployé leurs talents et leur persuasion pour gérer ma décompensation, mais c'était difficile. Lorenzo avait proposé de contacter un médecin, mais nous ne pouvions pas nous le permettre : bien sûr qu'il aurait fallu m'administrer une dose de calmants pour m'envoyer sur la lune au moins quarante-huit heures, le temps que je récupère. Mais ces quarante-huit heures, nous ne les avions pas. Car ce soir Baz sera mort. J'étais rongée par la culpabilité : Audrey gérait bien mieux la situation. Je lui avais dit d'ailleurs que je n'étais qu'une égoïste. Et ma merveilleuse amie, avec son maquillage bousillé par toutes les larmes qu'elle avait versées, m'avait encore consolée en déclarant que j'étais doublement peinée : Baz et Damien, ce n'était pas rien. Et mes ténèbres n'arrangeaient en rien la situation. Mouais... Foutue égoïste surtout...

Une main chaude se posa sur mon épaule et m'extirpa de mes songes. Je levai les yeux et croisai le regard tendre de Paolo. Il se baissa et appuya ses lèvres sur mon front. Puis il cala le sien contre, en murmurant :

— Ça va mieux ?

Son haleine sentait le café au lait.

— Oui, merci, soufflai-je, un demi-sourire sur le visage

Je croisai de biais le regard d'Adrian, toujours accroupi à mes pieds, dans lequel brillait une légère jalousie silencieuse. Paolo se redressa, sans retirer sa main de mon épaule. Je posai la mienne dessus.

— Excuse-moi Théo ajouta Paolo d'une voix triste. Je ne pouvais pas intervenir plus tôt pour toi. Je... Quand je ne suis pas bien, je n'y arrive pas. J'avais besoin de temps, pour récupérer après cette annonce.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant