Chapitre 21

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Stéphanie

Je fixai la porte qu'Adrian venait de claquer derrière lui, sidérée. Il avait récupéré sans un mot de plus toutes les affaires de Théodora dans des grands sacs de courses, après nous avoir annoncé, la voix tremblante, la mort de leur amie Audrey et le départ provisoire de Paolo et Baz. Nous avions écouté avec Eryn, en silence, le récit de leur nuit affreuse et de l'enterrement qui avait suivi dans la foulée. Durant cette discussion, j'avais repéré que Franck se triturait les doigts, nerveux. Il serrait tant les mâchoires qu'il allait se faire péter les dents ! J'avais alors glissé ma main glacée dans la sienne, moite et tremblante. De nouveau, c'était comme si tout était naturel et existant depuis toujours. Il avait plongé ses beaux yeux violets en amande dans les miens et j'aurais voulu m'y perdre pendant des heures.

— Stéphanie ? me questionna Julie depuis le coin cuisine.

Je tournai la tête vers elle, m'arrachant à mes pensées malgré moi. J'étais si fatiguée ! J'avais à peine dormi quelques heures et dans une position plus qu'inconfortable, je n'aurai pas dit non à une petite sieste.

— Oui ? lui répondis-je, me forçant à sourire malgré la tristesse que j'éprouvais après toutes ces mauvaises nouvelles.

— Comment te sens-tu ? s'enquit-elle, tout en faisant couler du café.

Du café ! Quelle bonne idée ! Je souris un peu plus :

— Ça peut aller... Pourquoi ?

— Et bien ce n'est pas facile, tu débarques à peine au milieu d'un groupe qui n'a rien à voir avec un centre de formation classique, tu dois être perdue et avoir des milliers de questions !

— Pas tant que ça, répondis-je. Vincent m'a déjà expliqué pas mal de choses.

— Comment ça ? me questionna-t-elle, tout en s'approchant avec deux tasses.

Elle m'en tendit une et proposa l'autre à Eryn à mes côtés, à l'opposé de Franck, qui accepta volontiers.

— Et bien, comme je l'ai précisé, il est venu me voir il y a un mois. Il m'a fait une sorte de petit cours accéléré, pour m'expliquer un peu les bases sur les sorciers...

— Attends... s'exclama Johan en se levant d'un bond de son tabouret. Tu veux dire qu'avant ta passation Vincent t'a révélé des infos interdites ?

Je hochai la tête, gênée, tout en observant Julie repartir du côté de la machine à café.

— Voilà qui est étrange... murmura Franck, sans quitter nos deux mains entremêlées des yeux.

— Oui, je sais, soupirai-je, coulant un regard vers lui. J'ai bien compris qu'apparemment il a enfreint les règles et la loi du haut conseil. Je ne devais pas en avoir connaissance avant mes vingt-cinq ans. Je ne saisis pas moi-même la raison de sa venue chez moi.

— Je pense que c'est plutôt clair au contraire... soupira Johan, s'étant assis à nouveau à l'ilot avec un café fraîchement coulé.

Je l'observai en silence, attendant la suite. Julie vint de nouveau près de nous et tendit une tasse à Franck et en garda une pour elle.

— Il t'a expliqué ton rôle important non ? Dans la communauté des sorciers, par rapport à tes pouvoirs, tes yeux vairons, le fait que le grand conseil t'attende depuis si longtemps...

— Comment le sais-tu ? m'étonnai-je, persuadée de n'en avoir parlé à personne.

Était-ce Baz qui avait lu dans mes pensées et leur avait raconté ? Non, ce n'était pas possible, il n'avait probablement pas eu le loisir de débattre de moi après tous ces évènements avec Audrey.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant