Baz
La musique était si forte qu'elle résonnait par pulsation rythmée dans mon crâne. J'avais du mal à garder les yeux ouverts, mes paupières semblaient vouloir constamment se coller entre elles. Prenant appui sur le dossier d'un fauteuil, je me penchai et de ma main libre, calai la paille dans mon nez pour viser les rails étalés sur les fesses de cette poufiasse. Un, deux... et trois. Dans de brèves et fortes aspirations, la coke grimpa par à coup dans mes sinus et mon cerveau comme une explosion de sensations.
Je me redressai et une chaleur intense m'envahit. Ma bouche s'assécha et je secouai rapidement la tête pour absorber la montée que je subissais. Est-ce que j'avais crié ? Je crois... Je n'en étais plus vraiment sûr. La blondasse se tourna vers moi, un grand sourire aux lèvres, et essaya de défaire ma ceinture d'un air gourmand.
La claque partit si fort qu'elle fut propulsée sur le côté, ahurie.
— Dégage ! sifflai-je, hors de moi.
Un des gars de la sécurité s'approcha, ses yeux violets me fusillant sur place. L'avantage avec mon état avancé de défonce, c'est que je pouvais gérer même les pensées extérieures les plus négatives : je n'entendais plus rien ! Plus personne ! Au moins, j'étais seul avec moi-même, et bordel que c'était bon !
Du coin de l'œil, je vis Paolo aider la pétasse à se lever et lui murmurer quelque chose à l'oreille, probablement de se casser. Tant mieux ! Mon beau blond se releva et se tourna vers moi, ses yeux dorés emplis d'une détresse qui pinça une fraction de seconde mon cœur déjà en miettes.
— Baz, souffla-t-il.
— Je sais, ta gueule, grommelai-je.
Je m'avançai vers lui, plaquai ma main dans sa nuque et approchai son front contre le mien, moite. Je transpirai de toutes les substances ingérées, et pourtant ce n'était pas encore assez. Audrey... Elle était toujours là, elle était derrière mes paupières closes, dans mon ventre qui se tordait de douleur, dans mon cœur qui saignait au point de me faire crever.
Des larmes coulèrent, incontrôlables, et Paolo écarquilla les yeux en sentant de nouveau la souffrance m'envahir. Il plaqua ses lèvres sur les miennes et son odeur, si familière, emplit mes narines. Il était ma bouée de sauvetage, ma corde de vie en pleine escalade périlleuse. Ou plutôt en pleine descente, dans les enfers. Mes enfers, mes tourments... M'agrippant à sa tignasse décolorée, j'enfournai ma langue entre ses dents et baisai littéralement sa bouche, lui arrachant des gémissements d'excitation qui me firent sourire malgré la douleur qui pulsait en moi. Ses mains parcoururent mon corps, glissèrent dans mes cheveux humides, passèrent sous ma chemise à demi ouverte.
— Not here guys ! asséna avec un accent russe le gars de la sécu qui était juste à côté de nous maintenant.
Putain qu'il pouvait me gonfler celui-là ! Je le fusillai à mon tour du regard et il recula d'un pas. C'était l'avantage des dorés : on faisait flipper malgré tout. Mais je n'étais pas un con comme ces conseillers : je n'abusai pas de mon pouvoir, je n'imposais pas ma toute-puissance !
— Sorry Dude, grommelai-je, en m'écartant de Paolo.
Je glissai ma main dans mon pantalon, remettant mon érection en place pour qu'elle me gêne moins, et retournai m'assoir à la table pour me servir une nouvelle vodka-redbull, que je bus cul sec. Paolo s'installa à mes côtés, son corps à quelques centimètres du mien.
Depuis ma dérive, il ne me lâchait pas. Et heureusement ! Qu'aurai-je fait sans lui ? Il était là pour chaque moment, chaque pétage de plomb, chaque altercation. Il me soutenait, me relevait quand je tombais, m'essuyait la bouche à chaque fois que je vomissais trop, me stoppait avant que je ne fasse de la merde. Il était mon autre moi, celui qui me gardait sur le droit chemin, du moins un minimum, pour que je ne me perde pas. Pourtant, lui aussi souffrait, je le voyais au fond de ses yeux, dans les larmes qu'il versait parfois. Mais j'étais incapable de le porter à bout de bras, car je ne me tenais même pas moi-même. Vincent... J'allais le buter. Rapidement, douloureusement, j'allais me venger ! Plus les heures passaient, plus ma rage augmentait. Mon paternel allait crever, c'était une certitude. Mais avant, je devais trouver la force de me redresser.
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LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞
ParanormalLes affranchis : Tome 2/3 Les affranchis sont plus soudés que jamais. En pleine préparation de la rébellion, l'un des piliers est enlevé. Baz risque la mort et Théo, qui tient bien trop à lui, ne le laissera jamais face au danger. Alors tous s'organ...