LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞

Chapitre 6 🔥

CHAPITRE 6

Théodora

La glace avait un peu trop fondu. Lorenzo m'avait écoutée lui raconter malgré moi les soirs où je m'étais cachée sous mon lit pendant qu'Alexandrine me cherchait, armée d'un club de golf déjà rougi à force de m'avoir frappé. Sans broncher, il avait analysé chaque détail, assimilant la manière dont ma génitrice aimait faire couler le sang à chacune de nos altercations, de la même façon que Vincent avec Baz et qu'Arturo avec Adrian. Ce n'était pas nouveau pour lui : comme il me l'expliqua, il avait tant entendu ce genre de discours. Les enfants des sanguins étaient destinés à vivre des enfances hors du commun d'après ce qu'il en avait conclu... Cependant, il venait de me l'avouer les mâchoires crispées : avec moi c'était différent. Savoir que c'était mon corps, ma peau, mon visage qui avait été écorché... Tout ça le rendait malade.

Lorenzo était devenu soudain si sombre ! Je ne l'avais jamais vu ainsi. Lui qui était d'habitude si joyeux, si souriant et de bonne humeur quoiqu'il arrive. Tout à coup, il dégageait autant de noirceur que son petit frère. S'il avait été un ténébreux, je n'aurais pas été étonnée de le voir libérer un nuage noir, tant il exultait suite à mes déclarations. Pourtant, malgré cette atmosphère pesante, ce qu'il dégageait avait un effet tout autre sur moi.

Alors que je continuais à parler, à lui raconter ces périodes sombres de mon existence bien pourrie, j'étais incapable de détacher mon regard gourmand de son torse musclé, de son tatouage en tribal sur son flanc, de ses pectoraux dessinés, de son djembé et sa clef de sol sous son téton droit, de ses abdominaux finissant sur ce V si bien tracé qui promettait monts et merveilles, de sa carte de deux de cœur dans le pli de son aine gauche. Mais ce n'est pas possible que ce foutu jogging descende aussi bas sans tomber ! Il n'a pas d'élastique ou quoi ?

Lorenzo n'avait manqué aucun de mes coups d'œil. Il observait avec attention le tracé qu'empruntaient mes pupilles, un sourire carnassier se dessinant petit à petit sur son visage innocent. Fidèle à lui-même, il était le diable déguisé en ange, un type qu'on suivrait sans aucune hésitation pour se faire piéger dans le gouffre de la déperdition...

Sans un mot, il ouvrit le couvercle de la crème glacé et lécha goulument la glace déposée dessus d'une manière suggestive, sans me quitter du regard. Toujours assise à l'îlot de ma cuisine, cette vision me coupa dans ma phrase. De quoi je parlais déjà ? J'étais bien incapable de m'en souvenir. Tranquillement, il posa le couvercle. Ses iris mauves luisaient d'un désir animal, plantés dans les miens. Puis il prit la cuillère et la trempa dans le pot puis l'enfourna dans sa bouche. Il la tourna à l'intérieur pour la ressortir avec lenteur. Il passa sa langue sur ses lèvres brunies par la crème glacée.

— Elle est très bonne, murmura-t-il, d'une voix chaude et vibrante.

Les vibrations se propagèrent dans tout mon corps, jusqu'à mon entrejambe et contractèrent mon intimité. OK... Il sait comment changer facilement de sujet. J'essuyai rapidement de mes doigts le reste de mes larmes qui mouillaient encore mes joues, reniflant bruyamment. Il me tendit un sopalin et après l'avoir remercié, je me mouchai, gênée.

Il s'approcha lentement de moi. Je pensais au départ qu'il allait me prendre dans ses bras pour me consoler face à ma détresse. Tu parles ! Un diable déguisé en ange ne l'oublie pas Théo ! Soudain, il cola son visage contre le mien et lécha sensuellement ma joue droite encore humide de sa langue refroidie par la glace qu'il venait d'avaler. L'odeur des frites avait disparu, remplacée par la noisette, et une pointe du whisky qu'il avait bu toute la soirée... Je fermai les yeux, conquise.

— J'aime bien le sucré/salé, chuchota-t-il dans le creux de mon oreille, son souffle caressant la peau de ma nuque.

Il en mordilla le lobe puis posa le pot de glace ouvert face à moi, sur l'îlot. Il se positionna dans mon dos et faufila lentement ses index sous les bretelles de mon débardeur, faisant glisser celles-ci le long de mes épaules.