Chapitre 15

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Stéphanie

Les mains douces de Stefan se retirèrent de mon visage et j'ouvris les yeux, interloquée. Je sentais encore cette agréable odeur de fruits rouges dans mes narines, mais étrangement, j'avais pleinement conscience qu'il était déjà loin de moi. C'était comme un déchirement, comme si j'avais perdu tout à coup un être cher à mon cœur pour toujours.

Toutes les bougies avaient disparu et je me retrouvai plongée dans le noir, incapable de discerner quoi que ce soit. Paniquée, je scrutai tout autour de moi, cherchant un point lumineux auquel me rattacher. M'avait-il retiré la vue ? Soudain, je repérai les chiffres de mon radio-réveil qui affichait minuit vingt-sept dans une lueur rose. J'étais de retour dans ma chambre ! Sidérée, je me précipitai pour allumer le plafonnier.

La lumière m'éblouit tant que je clignai plusieurs fois des yeux, mes cornées m'irritant comme si elles étaient brûlées. Je frottai mes paupières à plusieurs reprises et soudain, je les vis. Mon cœur se serra tant de surprise à leur vision que je crus faire un arrêt cardiaque.

Ils étaient deux, vêtus de noir, des masques dissimulant la moitié de leur visage. L'un était assis sur son bureau, un pied posé nonchalamment sur ma chaise à roulette. Un autre homme, calé contre ma fenêtre, semblait immense et bien battit. Tout son être irradiait d'une puissance malfaisante. Mais le plus ahurissant était leurs yeux : tous deux possédaient des prunelles dorées ! Ahurie, je me demandais pourquoi ils n'étaient pas de la couleur prévue initialement.

Je n'eus pas le loisir d'y songer plus longuement, car mon intention se porta sur une silhouette que je n'avais pas encore repérée et qui progressa vers moi : c'était une troisième personne. Elle était plus menue, probablement une femme. Elle se figea au milieu de la chambre et me fixa de ses yeux violets perçants.

Inquiète de la présence de ces trois personnes masquées même si elles ne semblaient pas à première vue si menaçantes, je reculai de plusieurs pas, mais son dos rencontra un obstacle : un individu ! Je fis volte-face et tombai nez à nez avec un type plus grand d'une bonne tête et demie, me fixant en silence de ses yeux violets inquisiteurs. Malgré sa stature imposante, sa tenue flippante et son aura qui me fit frissonner, il irradiait d'un magnétisme étrange. Tous les quatre étaient si silencieux que mon corps était bardé de frissons désagréables. Je déglutis et changeai alors de direction, reculant vers la seule zone libre de tout intrus, vers ma commode, dans l'angle de ma chambre. Manque de pot, c'était à l'opposé de la porte, unique issue de secours. Mon cœur commençait à s'emballer malgré moi. Mais ce n'était pas de la peur que je ressentais, non... La sensation était étrange, mélange d'excitation et de stupeur. Comme si ces inconnus m'appelaient à eux. Merde ! Tandis que le type aux yeux violets rejoignait le gars immense près de la fenêtre, je m'interrogeai. Pourquoi les deux autres ont-ils des iris couleur or ? Qui sont-ils ? Est-ce le fameux haut conseil dont m'a parlé Vincent ? Ou alors il ne s'agissait pas de sorcier... Et s'ils n'en étaient pas, de quelle nature étaient-ils ?

— Bien sûr que nous sommes des sorciers... gloussa celui installé sur le bureau.

Sa voix grave et suave vibra en moi. Quelle sensation étrange ! Tandis qu'il faisait tourner ma chaise avec sa ranger à la manière d'un enfant qui s'ennuie, je verrouillai mon regard sur lui, intriguée. Ses yeux rieurs étaient plongés dans les miens et je fus comme absorbée par l'or liquide de ses iris, comme si mon âme s'enlaçait à la sienne et que je ne faisais plus qu'un avec lui.

Qui es-tu ? songeai-je, interloquée.

Je peux être celui que tu veux ma jolie... pensa-t-il, hilare.

Un télépathe ? Mince, voilà qui compliquait les choses !

Celui que je veux ? Alors pourquoi j'ai cette impression que tu es si unique ? l'interrogeai-je dans ma tête.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant