Chapitre 7

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Théodora

Après une bonne douche pour retirer toute cette glace collante, une nouvelle culotte propre et un peu de nettoyage dans la cuisine, nous nous étions installés dans le canapé. J'avais pris un livre que je lisais tranquillement et Lorenzo, allongé la tête sur mes cuisses, jouait avec les doigts noirs de ma main gauche. Il les observait en les tournant dans tous les sens dans le halo de la liseuse, unique source de lumière encore en marche dans le salon, le reste de la pièce plongée maintenant dans la pénombre.

— Tu sais que c'est juste trop stylé ? murmura-t-il, déposant des petits baisers dans ma paume.

Je lui jetai un coup d'œil par-dessous mon livre, les sourcils froncés :

— Ne dis pas n'importe quoi... grommelai-je. C'est moche.

Il relâcha ma main et se redressa, comme si quelque chose l'avait piqué. Il s'assit tout à coup en tailleur, me fixant d'un air sombre.

— Pourquoi dis-tu ça ?

Je réfléchis un instant et haussai les épaules.

— C'est la vérité c'est tout, soupirai-je. Le matin de ma passation, je me souviens avoir beaucoup pleuré, pendant que j'essayais désespérément de frotter pour faire partir tout ce noir. Je ne m'attendais tellement pas à ça ! D'ailleurs même encore aujourd'hui, parfois, je suis en colère.

— Pourquoi ? me questionna-t-il, perplexe.

J'observai mes doigts, les triturant nerveusement.

— Parce que je suis la seule ! Il n'y a que moi qui suis défigurée ainsi. « Marquée », comme l'a dit William. Pourquoi il n'y a que moi qu'on doit montrer du doigt ? C'est le cas de le dire d'ailleurs ! raillai-je en ricanant.

Mais Lorenzo ne riait pas. Il était tout à coup silencieux, et bien trop sérieux. Je le fixai, intriguée :

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? hésitai-je.

Il plongea son regard sévère dans le mien. Il se passait quelque chose, et ça commençait à sérieusement m'inquiéter.

— Tu as dit William ? Qui est William ?

J'éclatai de rire.

— Tu es jaloux ? le questionnai-je.

— Non. Qui est-ce ?

Je perdis instantanément mon sourire, car il ne changeait pas d'attitude. Merde c'est quoi son problème ? Je soupirai, soudain agacée par la tournure de la conversation.

— C'est mon aïeul. Celui qui m'a donné mes pouvoirs. C'est lui que j'ai vu la nuit de ma passation, dans cette clairière.

— Une clairière ? répéta-t-il.

Cette fois, j'étais sérieusement en colère. Je jetai le livre sur la table basse de rage.

— Mais oui et alors ? Non, mais c'est quoi ton problème Lorenzo ? sifflai-je. Tu n'arrêtes pas de me poser des questions bizarres ! Explique-toi.

Il se leva du canapé et se mit à faire les cent pas, passant sa main dans ses cheveux bruns en bataille. Il était toujours aussi sexy avec son unique jogging, mais là, il m'énervait tellement que ce n'était pas de la même manière que j'avais envie de le bouffer. D'ailleurs, du coin de l'œil, je vis un petit filet de fumée noire s'élever dans les airs. Paniquée, j'inspirai amplement et soufflai lentement, aspirant mes débuts de ténèbres du bout des doigts.

Je l'observai et attendis qu'il se décide à parler. Il finit par venir s'assoir auprès de moi, et me fixa d'un air toujours aussi sombre.

— Tu te souviens qu'on a volé un paquet de textes anciens au fort ? me questionna-t-il.

LES AFFRANCHIS - T2 : L'équilibre. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant