Sang-mêlé Tome 1

Chap 10

   Dans la forêt, se trouvait une jeune fille brune aux yeux violets. Assise contre un arbre, la tête posée dans ses genoux, elle pleurait. En l'espace d'un instant, elle venait de tout perdre : sa famille, sa meute et son village. Elle ne savait plus où aller ni quoi faire à présent.

Cette jeune fille, qui rêvait autrefois sans cesse de liberté, de sortir du territoire pour explorer le monde, désirait maintenant plus que tout rester dans son village avec sa famille. Les rêves de voyage et d'aventure s'étaient dissipés, remplacés par un désir ardent de retrouver ce qu'elle avait perdu.

Son frère Jess, lui avait ordonné de partir, ce qu'elle avait fait. Elle avait marché encore et encore... Épuisée, elle s'était effondrée près de cette arbre, laissant son corps succomber à la fatigue et à la douleur.

La lune, présente dans le ciel, semblait la contempler, lui tenant compagnie dans sa peine.

Elle restait là, immobile, le regard fixé sur l'obscurité environnante, espérant désespérément voir apparaître Luna.

Son cœur battait avec une intensité douloureuse, tandis qu'elle priait pour que sa sœur de cœur soit encore en vie, quelque part dans cette forêt inhospitalière.

Plus aucune larme ne pouvait couler de ses yeux. Elle se sentait engourdie, seule et désespérée. Le froid s'insinuait dans ses os, lui donnant la sensation d'être abandonnée par tout le monde, même par le monde lui-même.

Mais soudain, des voix brisèrent le silence de la nuit. Elle se redressa précipitamment, cherchant du regard l'origine de ces voix, son cœur battant à tout rompre.

Elle aperçut deux hommes vêtus de capes bleu foncé, ornées d'un soleil et d'une lune, elle comprit vu leur tenue qu'ils n'appartenaient pas à sa meute. Elle se glissa furtivement à travers les arbres, se cachant pour écouter leur conversation.

— ... Je ne sais pas. Tu penses qu'il faut rapporter son corps au palais ? demanda l'homme de gauche d'un ton préoccupé.

— Nous étions censés ramener une fille, et nous revenons sans elle. De plus, la légion a été mise en déroute par des monstres. J'appréhende la réaction du roi lorsque nous devrons lui faire part de ces nouvelles...

Les paroles des hommes résonnaient dans l'obscurité, révélant une situation sinistre et mystérieuse. Amaelys se figea, le souffle coupé, tandis qu'elle écoutait leur conversation avec appréhension.

— Je pense qu'on devrait le ramener. Ce serait préférable d'arriver devant le roi avec quelque chose en main, plutôt que les mains vides. Après tout, il s'agit de l'alpha et d'un membre influent des Kingtales. Affirma l'homme de droite.

— Tu as raison. Il vaut mieux prendre toutes les précautions nécessaires avant de se présenter devant le roi. Je tiens à ma tête.

Le cœur d'Amaelys se serra en entendant les paroles de ces hommes. Son père était bel et bien mort, et elle se retrouvait face à ceux qui avaient orchestré sa disparition.

Les larmes roulaient silencieusement sur ses joues, tandis qu'elle luttait pour contenir sa peine et sa colère.

Elle ne pouvait pas les laisser enlever le corp son père, ne sachant pas ce qu'ils allaient faire avec.

Son esprit tourbillonnait de pensées confuses alors qu'elle s'avançait pour se retrouver face à ces hommes capuchonnés, leurs intentions sinistres se dévoilant peu à peu.

Les deux hommes furent surpris de l'arrivée cette gamine.

L'homme de droite s'avança vers elle, un sourire malsain étirant ses lèvres.

Amaelys le fixa, son regard oscillant entre la détermination et la terreur. Elle se rappela les paroles de son père sur les mages, sur leur pouvoir et sur leur influence dans le royaume. Mais elle refusait de céder à la peur.

Elle se tint debout, sa respiration rapide et saccadée, ses poings serrés à ses côtés. Elle se souvenait des leçons de combat que son père lui avait données, des techniques de défense que sa mère lui avait enseignées. Elle n'était peut-être pas une combattante aguerrie, mais elle était prête à tout pour protéger son père et honorer sa mémoire.

— Je ne vous laisserai pas toucher à mon père ! déclara-t-elle d'une voix tremblante mais résolue.

Les deux hommes échangèrent un regard surpris mais satisfait. Ils pensaient avoir échoué dans leur mission de retrouver la fille de l'Alpha, mais la voilà qui venait à eux d'elle-même.

L'homme de gauche semblait plus prudent, se méfiant d'un éventuel piège, tandis que celui de droite brandissait sa baguette d'un air menaçant, déterminé à obtenir ce qu'il était venu chercher.

— Fait attention, elle pourrait bien nous tendre un piège. S'inquiéta le mage de gauche

— Ne tente rien, ou je réduis en cendres le corps de ton traître de père. Ordonna le mage de droite d'un ton menaçant à Amaelys

Les paroles du mage résonnèrent dans l'air, empreintes de menace et de pouvoir.

La colère bouillonnait en elle, ses yeux plein de détermination fixant le mage en face d'elle.

Le mage de gauche recula instinctivement, tremblant à la vue des yeux d'Amaelys.

— Re-regarde ses yeux...

Le mage de droite, prit de panique lança alors sa boule de feu en direction du corps meurtri du père d'Amaelys.

Amaelys hurla de désespoir, tendant son bras vers son père, impuissante face à la violence de la situation.

Soudain, une explosion de lumière éblouissante enveloppa Amaelys et les deux mages, les plongeant dans l'obscurité momentanée de leurs paupières closes.

Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, un mélange d'appréhension et de peur se mêlant dans son esprit tourmenté.

Lorsque la lumière se dissipa enfin, Amaelys rouvrit les yeux pour découvrir que les deux hommes avaient disparu. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres en voyant que son père n'avait pas été brûlé par les flammes du mage.

S'approchant avec une tendresse infinie, Amaelys effleura délicatement le visage pâle de son père.

Ses yeux, embués de larmes retenues, trahissaient la douleur déchirante qui étreignait son cœur meurtri. Elle savait, au fond d'elle-même, que son père était parti pour toujours.

Un cri déchirant de désespoir s'échappa de ses lèvres, empli de toute la douleur et de la tristesse qui déferlaient en elle. Les larmes refusaient de couler, retenues par une souffrance trop profonde pour être exprimée. Ses yeux, brûlants de chagrin, semblaient refléter l'immensité de son tourment intérieur, figeant dans le temps l'instant où son monde s'effondrait irrémédiablement.

— Tout est ma faute... je suis tellement désolée, papa... murmura-t-elle, sa voix se brisant sous le poids de la culpabilité.

Elle entreprit alors d'enterrer son père, un dernier hommage à l'homme qui avait tout sacrifié pour elle. Ses yeux étaient rouges alors qu'elle faisait son deuil, laissant son cœur se remplir de chagrin et de remords.

Une fois les funérailles terminées, Amaelys sentit un poids oppressant dans sa poitrine. Elle savait qu'elle ne pouvait pas rester dans la forêt, pas après ce qui s'était passé. D'autres mages pourraient venir, d'autres dangers pourraient la guetter dans l'ombre des arbres. Ne sachant pas où étaient partis les deux mages, une angoisse sourde s'empara d'elle.

Elle prit donc la décision de partir, de se cacher et de se protéger, déterminée à trouver des réponses et à se venger de ceux qui avaient causé tant de douleur à sa famille.

Avec une dernière pensée pour son père, elle s'enfonça dans la forêt, prête à affronter l'avenir incertain qui l'attendait.

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