Petits textes

T'avais raison !

TW : violence conjugale, envie suicidaire. Prenez soin de vous. 🫶🏻

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Lucas souriait, tout le temps. Il avait toujours souri, il ne savait pas montrer sa peine. Il souriait pour ne pas inquiéter sa famille, ses proches. Il souriait, mais n'était plus heureux. Une fois rentré chez eux, la peur refaisait surface. Plus grande, plus oppressante. À peine la porte passée, ses sens devenaient en alerte, espérant chaque soir qu'elle dorme, mais ce n'était pas le cas.

"Tu étais où ?"

Pas de bonjour, de discussion autour de la table en mangeant un repas sûrement commandé vu leurs faibles talents culinaires. Et Lucas ne répondait plus, ça ne faisait qu'empirer. Alors il se taisait. Laissant les insultes pleuvoir sur lui, et les traces bleues se multiplier sur sa peau blanche, habillement cachées par les vêtements larges. Ce soir, après avoir bu avec ses amis, il avait eu envie de foncer dans le fossé, de tout lâcher. De quitter le pire, car rien ne pouvait être pire que cette femme selon Lucas.

" Bordel écoute moi !"

Des cris, un verre qui se casse, les morceaux de verres jonchant le sol, et sûrement quelques morceaux rentrant dans leur peau, tâchant le carrelage blanc de rouge, fissuré comme le cœur du châtain. Lucas n'en pouvait plus, il voulait fuir cette situation, ou peut-être cette vie. Marchant droit devant lui, se moquant du verre coupant ses pieds nus, il arriva à la fenêtre, avant de tomber au sol, sa tête tapant contre le béton brûlant par cette chaleur d'été.

Regardant celle qu'il osait encore appeler sa petite amie fermer la vitre, l'enfermant dehors, il fut heureux quand il sentit son téléphone dans sa poche arrière. Le déverrouillant par automatisme, il appela la première personne, Baptiste. Et seulement après quelques sonneries, la voix rassurante du plus vieux se fit entendre.

"Lock, tu avais raison, elle n'est pas comme les autres. Elle est pire. Viens me chercher.."

Les larmes coulant le long de ses joues, Lucas était incapable de bouger, lui qui pensait ne plus pouvoir pleurer, le voici contraint d'admettre son erreur. Ses mains encerclant ses jambes, il assumait sa lâcheté, celle qu'elle lui reprochait tant. Il voulait partir, s'il avait plus de force il aurait sûrement sauté, s'écrasant contre ce goudron noir.

La fenêtre s'ouvrit, Lucas ne savait pas depuis combien de temps il attendait, toujours dans la même position. Relevant la tête, il vit le philippin, une main tendue le poussant à se mettre sur ses deux pieds. Glissant ses doigts entre ceux caramels, il trouva la force de marcher, traversant l'appartement. Jusqu'à ne plus sentir le sol, seulement un corps chaud.

"Il y a du verre partout, tu vas te faire mal."

Sans répondre, même pas conscient de ce fameux verre qui jonchait l'appartement, Lucas sourit légèrement quand la porte fut à nouveau franchie. Dans un coin de sa tête, il se promit que ce soir, c'était la dernière fois. Fini la tête contre le tesson, les faux sourires. Car dans les bras du plus vieux, son masque pouvait enfin tomber.