Chapitre un

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De ma fenêtre, j'observe la pluie tomber à grosse goutte à l'extérieur.

On annonce une tempête pour cette nuit. C'est tout à fait normal ; mon grand-père vient de mourir.

Tout le quartier était présent à son enterrement, ce matin. C'était à la fois très émouvant, stressant et étouffant. Je ne pouvais même pas me permettre de verser une larme sans qu'on me jette des coups d'œil furtif pour savoir comment j'allais.

Même mes parents n'avaient pas prévu qu'il y aurait tant de monde à l'enterrement du meilleur plombier de Mauvis.

A présent que j'ai enfin réussi à m'isoler dans ma chambre, je peux me laisser aller et pleurer sans que ni mes parents ni les quelques voisins présents au salon, ne me regardent avec pitié.

En dix-sept ans d'existence, je n'avais jamais côtoyé la mort. Aujourd'hui, je sais à quel point elle peut être redoutable à la fois pour celui qui meurt, mais aussi pour son entourage. Elle survient sans qu'on ne s'y attende pour certains.

Encore hier matin, mon grand-père allait parfaitement bien ; nous planifions d'aller pêcher au lac comme tous les dimanches.

Je n'arrive toujours pas à réaliser que tout cela sera un lointain souvenir.

On frappe à la porte. J'essuis mes larmes et marmonne un « entrez » sans quitter la fenêtre des yeux.

- Tout va bien, mon chéri ? Marmonne ma mère, les bras chargés d'un plateau de repas.

- Tout va pour le mieux. Ironisé-je.

Elle pose le plateau sur mon bureau et viens me serrer dans ses bras comme quand j'était petit.

- Je vais appeler le lycée pour leur prévenir que tu n'iras pas pendant quelques jours...

Je m'écarte d'elle pour aller m'assoir sur mon lit. J'essuie une nouvelle fois les larmes qui coulent le long de mes joues.

Depuis quand n'ai-je pas pleuré comme ça ?

- Non, M'man. La rentrée scolaire n'était qu'il y a deux semaines. Je suis en terminal. Je ne peux pas me permettre de rater des cours. Grand-père n'aurait pas voulu que je me morfonde dans ma chambre.

- C'est une très belle façon de penser, Steven. (Elle vient me prendre une nouvelle fois dans ses bras) Si tu as besoin de parler à quelqu'un, ton père et moi seront toujours là pour toi.

Après quelques minutes à me serrer fort contre elle, je lui demande de me laisser seul. Elle semble hésiter mais fini tous de même par se lever.

- N'oublie pas de manger avant de dormir.

J'enfouis mon visage dans mes mains.

- Non, je n'ai pas faim.

J'ignore exactement à quelle heure je me suis endormi tant j'ai passé des heures à pleurer dans mon lit.

Lorsque je me réveille le lendemain, l'horloge sur ma table de nuit indique cinq heures et quart. Je me lève difficilement de mon lit et vais directement dans ma salle de bain.

Je me déshabille et entre directement dans la cabine de douche. Même l'eau froide ne suffit pas à me réveiller.

Plus tard, j'enfile mon uniforme scolaire devant le miroir - un blazer bleu marine par-dessus une chemise blanche, un pantalon noir et une cravate bleu marine.

J'ai une tête horrible, j'ai les yeux rouges et des cernes énormes ; on dirait que j'ai passé la nuit à fumer de l'herbe.

Mon père est assis sur son fauteuil habituel lorsque je descends au salon. Son café et son journal papier de l'autre, il a les yeux scotchés devant les infos à la télé.

Ma mère est sans doute déjà aller travailler. Je marmonne un « bonjour » à mon père en allant directement à la cuisine et en reviens avec un verre remplit de jus d'orange.

- Tu es sûr de vouloir aller au lycée ?

- Ouais. Ça va aller. Je peux le supporter.

- Si t'as besoin qu'on vienne te chercher...

- Je peux rentrer seul, P'pa. Mais merci quand même.

- Pas de quoi, mon garçon

Pouvoirs BXB  (Saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant