Chapitre quatre

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Le soir, après le dîner, je monte directement dans ma chambre.

Je m'installe sur mon bureau pour entamer la lecture du bouquin que nous a refilé monsieur Wilson, le professeur d'économie.

Mais je ne réussis à lire que deux pages, avant de refermer le livre et poser ma tête sur la table.

Madame Collins a peut-être raison d'insister pour que je m'inscrive à une activité.

Quand mon grand-père était encore en vie, je n'avais jamais ressenti le besoin de me faire des amis ; il me suffisait amplement.

Nous pouvions passer des heures à parler de tous et de rien à la fois. Il m'écouter parler de mes envies, mes peurs et de mes angoisses. Et je l'écoutais en retour se plaindre de ses clients les plus « cons qui soit ».

Mes parents sont des personnes formidables et je les aime énormément, mais je ne me sens pas aussi proche d'eux que je l'étais avec mon grand-père.

Je sors la brochure que m'a refilé madame Collins et commence à barrer au stylo noir les activités et les clubs dont je sais que je n'y mettrai jamais les pieds.

Théâtre ; rugby ; choral ; natation ; basket ; musique ; journalisme ; club d'éloquence (non) ; club de mathématique (non) ; club d'histoire (non) ; club de langues (non) ; club de robotisme (non) ; danse ; club de dessin.

Après déduction des pires clubs, il ne me reste plus que huit, tout aussi nul mais moins pire que les autres.

Le lendemain, après le cours de maths, je traverse le stade de rugby en courant presque pour me présenter devant les portes de l'auditorium de l'établissement juste en face de l'infirmerie.

Pendant quelques secondes, je ne bouge pas et hésite fortement à faire demi-tour et éviter madame Collins pendant tous le restant de l'année.

Mais comme c'est pratiquement impossible d'éviter sa prof principale, j'inspire et ouvre les portes devant moi. Les grandes portes à double battant s'ouvrent pour annoncer mon arrivée.

J'aurais mieux fait d'écouter mon intuition lorsqu'il me disait de faire demi-tour, parce qu'environ une quinzaine de têtes se tournent vers moi.

Ils sont assis en cercle sur la scène.

- Bien bonjour jeune homme. Me lance une femme blonde qui vient vers moi.

Sa voix est très douce comme celle d'une petite fille. Je me demande si elle ne force pas un peu. Elle ne porte pas l'uniforme scolaire comme le font le reste des professeurs.

- Pourquoi êtes-vous ici, je peux vous aider ?

- Euh, je...je viens pour m'inscrire dans cet atelier. Bredouillé-je en affichant l'expression la plus neutre possible pour qu'on ne remarque pas à quel point je suis mal à l'aise.

- Oh ! Un nouvel arrivant. C'est super, il y a de plus en plus d'élèves qui se passionnent pour le théâtre chaque année. Je m'appelle Sara Macmilan, grande comédienne à la retraite. Tu peux aller t'installer auprès de tes camarades.

Je hoche la tête et me dirige vers la scène. Le trajet est long. Il y a des rangées et des rangées interminables à franchir.

Je m'assis sur la première chaise vide que je vois, auprès d'une fille au longues boucles blondes. Elle me sourit lorsque mon regard croise ses yeux bleus similaire aux miens.

- Je m'appelle Catherine. Chuchote-t-elle pendant que madame Macmilan explique je ne sais quoi à propos de je ne sais quoi.

- Steven. Chuchoté-je.

- Je sais. On est dans la même classe en économie.

- C'est vrai ? Je n'ai jamais fait attention.

Un silence s'installe peu à peu où je suis obligé d'écouter madame Macmilan nous raconter à quel point le métier de comédien peut être enrichissant dans notre vie.

Puis, elle nous demande de faire la chose que j'ai toujours détesté depuis tout petit ; nous présenter chacun à tour de rôle.

- On va commencer par toi, jeune fille. Dit-elle en pointant Catherine du menton.

Cette dernière se lève en montrant un sourire remplit d'assurance.

- Je m'appelle Catherine Smith. J'ai dix-sept ans et je voudrai devenir actrice et mannequin après le lycée.

- Super ! la félicite la prof de manière que je trouve exagéré. J'adore ta manière de parler. Je sens déjà le potentiel dans ton acting.

Catherine se rassoit sur sa chaise en mettant une mèche blonde derrière son oreille.

Pendant que les autres parlent chacun de leur passion pour le théâtre, je suis en train de me demander ce que je vais bien pouvoir raconter lorsque viendra mon tour.

Je ne crois pas que balancer « je suis là pour essayer de me faire des amis parce qu'on me l'a demandé » soit une très bonne chose à dire devant tous ce monde.

Ma jambe commence à trembler à cause du stress. Mon cœur bat à mille à l'heure à mesure que mon tour approche.

- Excusez moi. Dis-je en m'adressant à Macmilan. Il faut que j'aille à l'infirmerie. Je ne me sens pas très bien.

- Oh, quel dommage. J'aurais vraiment aimé voir comment vous vous débrouillerez devant les autres. Bon, vous pouvez y aller.

Je lâche un léger soupire de soulagement, me lève et attrape mon sac tout en essayant de me retenir de sourire.

Le théâtre c'est pas du tout mon truc.

Pouvoirs BXB  (Saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant