La secte 3

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4

Je me retrouvai dans la maison, debout à l'intérieur du pentagramme. Mes bras étaient maintenus en l'air, attachés à des cordes accrochées au plafond. Roxana et ses fidèles étaient réunies autour de moi.

— J'ai rêvé ? demandai-je.

— Après que je t'ai rattrapé, tu t'es bel et bien retrouvé dans un endroit, disons très brûlant, m'expliqua Roxana. Si tu as vu autre chose, un endroit sans feu, tu as effectivement rêvé.

— Non. Je n'ai vu qu'un océan de flammes dans lequel des gens agonisaient, répondis-je.

— Nous avons dû t'attacher pour que tu ne te sauves pas à nouveau.

Anaïs s'avança vers moi. Elle était toujours nue, comme moi et les autres personnes présentes, mais surtout, son corps ne présentait pas la moindre trace de ce qui lui était arrivé tout à l'heure. Il était intact.

— Tu vois, Noémie ? Je vais bien, m'informa Anaïs.

— Mais je t'ai vu réduite à l'état de squelette carbonisé !

— Je ne suis restée dans cet état que quelques minutes, puis je suis redevenue comme avant. C'est une étape normale du rituel, m'expliqua-t-elle.

Anaïs retourna avec les autres filles. Roxana récita des incantations. Une délicieuse sensation s'empara de tout mon corps. Je n'avais que rarement ressenti quelque chose d'aussi agréable.

— Oh oui ! m'extasiai-je. Encore !

Mes bras s'enflammèrent. Le feu se propagea sur les cordes auxquelles j'étais attachée et qui furent très vite réduites en cendre, puis sur mon dos et mes jambes. Les flammes me recouvrirent rapidement toute entière. Ensuite, elles s'éteignirent subitement. Je tombai sur le dos, yeux écarquillés et bouche grande ouverte. Je n'arrivais plus à faire le moindre geste ni à émettre ne serait-ce qu'un faible son.

— Les flammes n'ont pas du tout brûlé Noémie, observa Anaïs.

— Que s'est-il passé ? demanda Wendy.

— Je crois bien que Noémie est morte, déclara Roxana. Elle ne devait pas être assez forte pour survivre au rituel.

Je suis vivante ! Hélas, étant complètement paralysée, je ne parvenais pas à faire quoi que ce soit pour le signaler.

— Jetons-là dans la fosse commune, décida Roxana.

Ses fidèles me soulevèrent et m'emmenèrent dans le jardin.

— Qu'est-ce qu'il fait froid dehors ! se plaignit une fille. Avant, on aurait peut-être dû se rhabiller.

— Avec quoi ? lui demanda Wendy. Nos habits ont tous brûlés !

Elles me jetèrent dans une fosse pleine de cadavres nus et s'en allèrent. Dans le charnier, certains corps étaient encore en bon état. D'autres étaient en état de décomposition avancé. Il devait s'agir de tous les malheureux n'ayant pas survécu aux rituels de la secte.

La paralysie cessa progressivement. Je pus d'abord bouger à nouveau mes doigts et mes yeux, puis mes mains, et ensuite, tout mon corps. Je me mis debout.

— Aïe ! s'exclama quelqu'un.

Je m'aperçus que j'avais posé un pied sur le visage d'un cadavre. Peut-être était-il toujours vivant ? Si Roxana m'avait cru morte, elle avait aussi pu se tromper pour d'autres personnes.

— Êtes-vous encore en vie ? demandai-je.

Je n'obtins pas de réponse.

La fosse n'était pas très grande en profondeur. Je m'accrochai au rebord et commençai à me hisser hors du charnier. Une main me saisit la cheville. Surprise, je poussai un petit cri.

— Reste avec nous, Noémie, me supplia un homme en décomposition.

Il avait un gros trou dans le crâne, d'une taille telle qu'il n'était pas possible qu'il vive encore. Pourtant, cela ne l'empêcha pas de continuer à parler :

— Nous sommes morts lors des ignobles et atroces sacrifices humains commis par ton amie Roxana, mais nous n'arrivons pas à trouver le repos.

— Roxana n'est pas mon amie, même si j'ai cru à tort qu'elle l'était, répondis-je.

— Qu'importe, Noémie. Tu as fait parti de ses fidèles et, en paiement de ses fautes, tu dois rester avec nous pour toujours !

Il ne me tenait pas solidement. En secouant les jambes, je parvins facilement à le faire lâcher prise. Je me dépêchai de sortir de la fosse. Il faisait trop froid pour que je reste dehors toute nue. Je n'avais pas d'autres choix que de retourner dans la maison.

5

À l'intérieur de la maison, la température était agréable. Roxana avait dû restaurer le système de chauffage quand elle avait décidé d'utiliser cette demeure pour ses rites sataniques. Bien évidemment, j'évitai d'aller dans la pièce où s'était réunie la secte. Il ne valait mieux pas que Roxana et ses fidèles sachent que j'étais toujours en vie. Je trouvai une vielle chambre pleine de toiles d'araignée, avec un vieux matelas posé à même le sol. Prise d'une grande fatigue, je m'allongeai dessus et ne tardai pas à sombrer dans un profond sommeil.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant