3
De retour aux côtés d'Anaïs, je décidai de lui parler des clowns, entre deux gorgées de café.
— Tu te souviens du clown qu'il y avait parmi les artistes qui nous ont dessinés ? lui demandai-je.
— Oui.
— Il n'avait pas arrêté de me regarder. Tu t'en es peut-être aperçu ?
— À vrai dire, je n'ai pas beaucoup fait attention à lui, m'avoua Anaïs. Il y avait, parmi les artistes, un garçon super beau. Je l'ai dévoré du regard tout le long de la séance !
— Vu la façon dont le clown me regardait, ce n'était sûrement pas pour m'admirer. Il me donnait l'impression de vouloir me faire du mal ! Cette impression s'est confirmé quand je suis allée chercher mon café et que...
Les artistes revinrent.
— La pause est terminée ! annonça Charlie Myosotis.
Je posai dans un coin mon gobelet de café vide. Je retournai sur l'estrade et me mit dans la position que m'indiqua Charlie Myosotis. Anaïs en fit de même. À mon grand soulagement, le clown n'était pas revenu. C'est donc parfaitement détendue que je posais à nouveau. Anaïs et moi changions fréquemment de position en suivant les instructions que l'on nous donnait. Les artistes nous dessinaient avec applications. Hélas, au bout d'un moment, le clown finit par revenir. Pire ! Il était accompagné par plusieurs de ses semblables cette fois-ci. Restant au fond du groupe d'artistes, les clowns ne dessinaient même pas. Ils se contentaient de me dévisager. Même lorsque j'étais dans une position m'obligeant à leur tourner le dos, je sentais leur regard posé sur moi. Par leur seule présence, ces horribles individus gâchaient le plaisir que j'éprouvais à poser nue. Le temps passa lentement. Pourtant, il passait très vite avant l'arrivée des clowns. Ceux-ci finirent par partir discrètement, tous en même temps.
— La séance de dessin est terminée ! annonça Charlie Myosotis cinq minutes après. On va manger puis on se retrouve dans une heure au septième étage pour la séance de photographie artistique !
Les artistes s'en allèrent. Anaïs se rhabilla. J'en fis de même.
4
Au premier étage, il y avait de nombreuses tables auxquelles les artistes s'étaient installés pour se restaurer, entourés par les sublimes plantes de la Tour Botanique. Anaïs et moi étions aussi attablées à cet endroit.
— Cette fois-ci, j'ai fait un peu plus attention aux clowns, m'informa Anaïs. Effectivement, ils n'arrêtaient pas de te regarder. Je me demande pourquoi. Moi, je ne les intéressais pas du tout !
Un artiste s'installa à la même table que nous.
— Noémie ! C'était un superbe spectacle que vous nous avez livré tout à l'heure durant la pause ! me complimenta-t-il. Comment le clown a-t-il fait ? On aurait cru qu'il avait enlevé sa vraie tête si ce n'était pas impossible !
Les gens avaient donc pris ma mésaventure avec les clowns pour un simple spectacle. En y réfléchissant bien, c'était l'explication la plus logique et probable pour les témoins de la scène.
— Hélas, j'ignore comment il a fait, répondis-je. Les clowns m'ont fait participer à leur numéro à l'improviste, sans me demander mon avis.
Un petit objet rouge et rond heurta violemment la tête d'Anaïs avant de rebondir sur la table.
— Aïe ! s'exclama Anaïs. Qu'est-ce que c'est ?
— Un faux nez rouge, constatai-je en prenant l'objet. Un nez de clown.
Cette constatation me remplissait d'effroi. Je regardai tout autour de moi dans l'espoir de repérer celui qui avait lancé le sinistre objet. À part l'artiste assis avec Anaïs et moi, aucune des personnes présentes n'avait l'air de faire attention à nous.
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La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nudité
KorkuLa piscine hantée : Une jeune fille se rend dans une piscine où il se produit des phénomènes étranges. Le désert de l'horreur : Sans savoir comment, des jeunes filles se retrouvent dans un étrange désert violet où elles sont rapidement capturées par...