Manifestation 1

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Janvier 2005

1

Nous hurlâmes tous en chœur, à l'exception du chauffeur. Ce dernier fit tourner le bus à la dernière seconde, évitant de justesse de percuter une boulangerie. L'arrière du véhicule heurta cependant des poubelles qui furent projetées au loin.

— Admirez comment j'ai superbement braqué comme un pro ! se vanta le chauffeur. Vous avez la chance d'être avec un expert de la conduite !

Le bus zigzagua entre les voitures à une vitesse plus qu'excessive. C'était un miracle que nous n'ayons toujours pas eu d'accident ! Le conducteur ne semblait pas remarquer que sa conduite terrifiait tous ses passagers. Il grilla quelques feux rouges. Il freina brusquement devant la mairie de Castolis.

— Nouvel arrêt ! L'hôtel de ville ! annonça-t-il bien fort.

— Enfin, nous sommes arrivées, commentai-je soulagée.

Je descendis du bus avec ma camarade de classe, Adeline.

2

À l'intérieur de l'hôtel de ville, nous rejoignîmes la jeune Léa devant le bureau du maire. Elle avait préparé trois pancartes qu'elle avait posé contre le mur. J'en lus deux :

On ne veut plus être des vaches à lait

Dehors la municipalité corrompue

— Vous voilà enfin ! s'exclama Léa. Commençons tout de suite ! Déshabillez-vous !

Elle retira tous ses vêtements. Ensuite, ce fut Adeline qui se déshabilla entièrement.

— Je suis vraiment obligée de me mettre toute nue ? demandais-je tout en rougissant.

— Crois-moi Noémie, j'ai fait de nombreuses manifestations et je peux t'assurer que c'est avec la nudité que l'on attire le plus l'attention, me convainquit Léa.

— En plus, tu es une jeune fille venant à peine d'avoir quatorze ans, ajouta Adeline. Tu n'es ni laide, ni grosse, ni vieille. Tu n'as aucune raison d'avoir peur d'être à poil en public, même si tu n'es pas aussi belle que moi.

— Dis donc, Adeline, ce n'est pas la modestie qui t'étouffe, lui fit remarquer Léa.

Je me dévêtis complètement. Le plus dur fut le moment où je dû enlever ma culotte devant mes amies, mais ensuite, je me sentis très bien. Nous passâmes l'heure suivante nues, en brandissant des pancartes pour protester contre les dernières décisions du conseil municipal, attirant ainsi l'attention des nombreuses personnes qui circulaient dans la mairie. Au bout d'un moment, je finis par somnoler.

— Je m'endors, me plaignis-je.

— Moi aussi, m'informa Adeline.

Mes paupières, de plus en plus lourdes, se fermèrent. Je les rouvris aussitôt. Les murs étaient désormais couverts d'énormes taches de sang. Le sol était jonché de cadavres humains éventrés dont les intestins et l'estomac avaient été sortis.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant