Les clowns démoniaques 3

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Au septième étage, je me déshabillai entièrement, tout comme Anaïs, pour servir de modèle aux artistes. Ce fut tout d'abord exactement pareil qu'au matin, à la seule différence que les gens nous prenaient en photos au lieu de nous dessiner, la séance étant cette fois-ci consacrée à la photographie artistique. C'était toujours Charlie Myosotis qui nous disait dans quelles positions nous mettre. Anaïs et moi changions plus fréquemment et plus rapidement de pose qu'au matin, étant donné qu'il est plus rapide de prendre une photo que de réaliser un dessin. Il n'y avait plus de clowns, mais j'avais conscience qu'ils pouvaient arriver à tout instant. De nouveaux artistes étaient présents, tandis que d'autres n'étaient plus là.

Au bout d'une heure environ, les photographes se mirent à rire comme des hystériques. Ils se cachèrent le visage avec leurs mains tout en riant.

— Qu'est-ce qui leur prend ? demanda Charlie Myosotis.

Anaïs et moi étions pétrifiées d'angoisse. Et cela ne s'arrangea pas lorsque les photographes cessèrent de dissimuler leur visage, révélant qu'ils avaient désormais tous une tête de clown. L'un d'eux lança une brique qui atteignit Charlie Myosotis en plein sur le crâne. Assommé, celui-ci s'écroula dans les plantes. Tout en riant, les artistes clownifiés nous photographiaient à nouveau, ma collègue et moi.

— Il vaut mieux partir d'ici, déclarai-je.

— Tu as raison, Noémie, m'approuva Anaïs.

Ne pouvant faire autrement, nous nous frayâmes un chemin parmi les clowns. L'un d'eux me donna une claque sur les fesses. D'autres en profitèrent pour palper les seins d'Anaïs ou me pincer les tétons. Leurs horribles rires ne cessèrent pas le moindre instant. Lorsque j'arrivai devant l'ascenseur, je pensais que nous allions enfin pouvoir leur échapper. Les portes s'ouvrirent. À ma grande horreur, il y avait déjà une bande de clowns hilares dans l'ascenseur.

— Noémie ! Passons plutôt par les escaliers ! me conseilla Anaïs.

6

Une fois arrivées aux escaliers, nous entendîmes des rires terrifiants venant d'en bas. Pour cette raison, nous décidâmes de monter plutôt que de descendre.

— Je crains qu'il y ait des clowns où que nous allions, dis-je en gravissant les marches. Que ferons-nous dans ce cas ?

— Je ne sais pas, Noémie, me répondit tristement Anaïs.

Nous continuâmes notre ascension en silence.

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Nous atteignîmes le neuvième étage. L'endroit était silencieux. Anaïs et moi déambulâmes entre les sublimes grandes fleurs colorées. Je finis par découvrir un panneau d'affichage sur lequel étaient accrochées des photos d'une adolescente nue.

— Il s'agit d'Anaëlle, dix-sept ans, m'expliqua Anaïs. Tout comme nous, elle a servi de modèle pour une séance de photographie artistique, mais quelques jours avant, alors que la construction de la Tour Botanique n'était pas encore achevée.

Fascinée, je contemplai chacune des photos.

— Noémie ! m'appela Anaïs.

Je me retournai. Anaïs se tenait immobile, les mains levées en l'air. La raison en était qu'un clown la menaçait avec un revolver. Ce sinistre individu se mit alors à rire sans s'arrêter. D'autres clowns surgirent en riant. Ils me saisirent les bras. Je me débattis en vain. De force, les clowns m'éloignèrent d'Anaïs, probablement pour me conduire vers un destin funeste.

8

Les clowns me firent descendre au deuxième étage et me conduisirent devant une adolescente nue, assise dans un grand fauteuil, les jambes écartées et les avant-bras posés sur les accoudoirs. Physiquement, elle était parfaitement normale à un détail près ; Elle avait un visage de clown. Elle leva un bras et me montra du doigt un écran accroché à un arbre à côté d'elle. Dessus, passait une vidéo. Celle-ci montrait des clowns installer de force, sur une table d'opération, une fille entièrement dévêtue et terrifiée, que je reconnus comme étant la fameuse Anaëlle. Ils se penchèrent ensuite au-dessus d'elle, cachant complètement sa tête. Ils firent de grands gestes, tout en brandissant divers instruments chirurgicaux. Puis ils s'en allèrent, permettant alors de voir que leur victime avait désormais une tête de clown. La vidéo s'arrêta. Horrifiée, je réalisai que l'adolescente face à moi n'était autre qu'Anaëlle. Ou ce qu'il en restait.

Un clown arriva avec un brancard tâché de sang encore liquide. Les autres m'attachèrent dessus avec des sangles. Puis ils s'en allèrent, me laissant seule avec Anaëlle. Celle-ci se contentait de me regarder en silence, l'air las.

— Qu'allais-vous faire de moi ? demandai-je.

Anaëlle ne répondit pas, ne fit pas le moindre geste.

Un quart d'heure après, un clown revint, équipé d'une perceuse. Il la passa à Anaëlle qui se leva et la mit en marche. Elle se pencha au-dessus de moi et approcha lentement la perceuse de ma tête.

— Ne me faites pas ça ! la suppliai-je.

Le foret n'était plus qu'à un centimètre de mon front.

— Attendez ! s'exclama quelqu'un.

Anaëlle se redressa. Une pelle lui fendit le crâne en deux, à la verticale. Des jets de sang jaillirent de sa tête mutilée et m'arrosèrent. Ils arrosèrent aussi la personne qui avait manié la pelle ; Il s'agissait d'Anaïs. Le corps d'Anaëlle s'écroula à terre. L'autre clown se précipita vers Anaïs. Celle-ci réagit aussitôt en le décapitant d'un coup de pelle. Le corps décapité se baissa et chercha sa tête à tâtons. Anaïs me détacha.

— Partons vite d'ici avant qu'il ne retrouve sa tête ! décidai-je.

Je me précipitai vers les escaliers et Anaïs me suivit en abandonnant son encombrante pelle.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant