6
Il s'avéra finalement que le trou menait quelque part. Descendre dedans me conduisit dans un lugubre couloir souterrain, éclairé par des tubes lumineux accrochés au plafond. Il y avait plusieurs portes de chaque côté.
— Rien d'intéressant dans celui-ci.
Je reconnus la voix de la caissière. Elle venait d'une pièce dont la porte était entrouverte. Je regardai discrètement à l'intérieur. La caissière et le maître nageur étaient assis autours d'une table sur laquelle étaient posés de nombreux sacs, dont le mien.
— Voyons le suivant, poursuivit la caissière.
Elle fouilla dans un sac et en sortit deux billets de vingt francs.
— Ah ! C'est un peu mieux. Il y a quarante francs, commenta-t-elle.
— Dans l'ensemble, on ne peut pas dire que ce soit une bonne journée, déclara le maître nageur. On n'a pas trouvé beaucoup d'argent.
— Et peu d'objets de valeur, soupira la caissière. C'est clair qu'on a déjà vu mieux.
Elle fouilla dans un autre sac. De toute évidence, le maître nageur et elle volaient les usagers de la piscine. Mieux valait qu'ils ne s'aperçoivent pas de ma présence. Je m'éloignai le plus discrètement possible de la pièce dans laquelle ils se trouvaient.
J'ouvris une autre porte un peu plus loin et trouva ainsi des toilettes dites « à la turque ». Il y avait cinq cabinets d'aisances, collés les uns contre les autres, sans séparations. Ici au moins, il n'y avait pas l'air d'avoir d'autres mains humaines que les miennes. La découverte de cet endroit tombait bien. Mes récentes mésaventures, assez stressantes, m'avaient à nouveau donné une grosse envie de me soulager. Je m'installai sur le cabinet le plus au fond et commença à uriner.
— Aaaah ! fis-je en fermant les yeux. Je me sens mieux.
Je rouvris les yeux. Le nageur meurtrier, toujours vert fluo, était juste en face de moi. J'esquivai de justesse ses deux mains qui tentèrent d'attraper mon cou. Tout en continuant à uriner, je me mis à courir et me précipita dans le couloir. Juste au moment où ma vessie eut terminé de se vider, je perdis l'équilibre et tombai. Je me relevai et constatai que le nageur meurtrier n'avait pas profité de ma chute pour me rattraper. Il ne s'était même pas lancé à ma poursuite et devait être toujours dans les toilettes. Soulagée, je respirai un grand coup. Une goutte tomba sur mon épaule en même temps qu'une grande ombre me recouvrit tout d'un coup. C'était une goutte de sang. Je levai la tête. Celle du nageur meurtrier était penchée juste au-dessus de la mienne. Il était juste derrière moi ! Sa tête était si proche de mon visage que je voyais de très près le sang qui dégoulinait de sa bouche grande ouverte et ses dents pointues sur lesquelles se mirent à grouiller des petits insectes noirs. Je hurlai de terreur avant de fuir en courant le plus vite possible. Le meurtrier se mit à rire très fort. Malgré le vacarme que nous faisions, la caissière et le maître nageur ne sortirent pas pour voir ce qui se passait. J'ouvris la porte la plus au fond du couloir et trouva un escalier dont je gravis rapidement les marches.
7
De retour au rez-de-chaussée, j'avais semé le meurtrier. Toutefois, craignant qu'il soit en fait juste derrière moi, je me retournais fréquemment.
Je me sentais sale, mes jambes ayant été arrosées de ma propre urine lors de ma fuite dans les toilettes et parce qu'il y avait, sur l'une de mes épaules, un peu de sang provenant de l'horrible meurtrier. J'allai donc aux douches et commençai à me rincer tout le corps. N'ayant pas de savon, je ne pouvais pas me laver mieux. J'essayai tout de même en me frottant avec les mains.
Pour l'instant, il n'y avait que moi dans la salle des douches. Mon intimité avait été pas mal bafouée, mais elle était préservée cette fois-ci.
Alors que j'avais presque terminé de me nettoyer, j'entendis des craquements derrière moi. Je me retournai, mais ne vit rien d'anormal. Il y avait juste quelques fissures dans le mur. Rassurée, je continuai à me laver. Pourtant, quelque chose me troublait. Je m'immobilisai en comprenant ce qu'il y avait d'anormal. À mon arrivée, il n'y avait aucune fissure.
Des bras humains couverts de sang sortirent du mur juste derrière moi en le trouant. Il y en avait une dizaine. Je me mis à hurler d'épouvante. Les horribles mains ensanglantées me pincèrent, me chatouillèrent et tentèrent de m'attraper. Évidemment je voulus fuir. Hélas, l'une de ses effroyables mains parvint à m'attraper par les cheveux. Terrifiée, je secouai la tête en vain pour me dégager. Heureusement, mes cheveux étaient suffisamment longs pour que je puisse tenir mon corps hors de portée des épouvantables bras, mais c'était tout juste. Les doigts me frôlaient presque. Tout en me contorsionnant pour me maintenir à l'écart des terrifiantes mains, j'entrepris de déplier un à un les doigts de celle qui m'avait saisi les cheveux. Cela me prit quelques minutes, mais je parvins à me libérer sans trop de difficulté.
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La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nudité
TerrorLa piscine hantée : Une jeune fille se rend dans une piscine où il se produit des phénomènes étranges. Le désert de l'horreur : Sans savoir comment, des jeunes filles se retrouvent dans un étrange désert violet où elles sont rapidement capturées par...