La piscine hantée 6

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Je me dirigeais vers le grand bassin.

— Bonjour Noémie.

Je sursautai avant d'apercevoir le garçon qui m'avait salué. Il s'agissait de Matthias, un élève de la même classe que moi. Il venait de sortir d'un bassin. Je m'avançai vers lui.

— Je t'ai vu au loin dès ton arrivée à la piscine, me révéla-t-il. Oh non ! Pas eux !

Il venait de voir les Saisons qui nous rejoignirent avant que nous ayons le temps de réagir.

— Et revoila les Saisons, le gang qui a la classe ! cria Printemps.

— Tu sais quoi, Matthias ? demanda Été. Tout à l'heure, on a vu Noémie toute nue !

— On a vu sa zézette ! ajouta Printemps.

— Tu veux bien nous la montrer encore une fois ? me demanda Hiver en baissant à nouveau mon maillot de bain.

Je le remis aussitôt. Cette fois, les Saisons ne m'en empêchèrent pas. De toute évidence, ils connaissaient Matthias. Peut-être que c'était lui qui leur avait dit mon prénom.

— Vous ne trouvez pas qu'on s'amuse bien avec les Saisons ? demanda Été.

— J'espère que nous aurons aussi l'occasion de voir le fantôme, déclara Automne.

— Un fantôme ? répéta Matthias.

— Oui. Il paraît que la piscine est hantée par un fantôme, expliqua Automne. Il est vert fluo d'après la rumeur.

— C'est peut-être juste quelqu'un qui s'est maquillé, suggérai-je.

— Non. D'après les témoignages, il peut passer à travers les murs et on ne peut pas le toucher. Par contre, lui peut nous toucher, m'expliqua Automne. C'est bien un fantôme.

— Même si ce n'est pas un vrai fantôme, cela à l'air bien mieux que le brouillard comme attraction, commenta Matthias.

— Oui, approuva Hiver. Le brouillard de tout à l'heure dans la piscine, ce n'est pas l'attraction la plus sensationnelle.

Ils croyaient que le brouillard présent tout à l'heure n'était qu'une simple attraction tout à fait normale. En fait, ils avaient sûrement raison.

— Bon ! Retournons dans l'eau ! décida Hiver.

À ma grande joie, Printemps baissa subitement le maillot de bain de Matthias, m'offrant ainsi un vrai régal pour les yeux. Hélas, cela ne dura pas longtemps. Matthias ne perdit pas de temps pour remettre son maillot de bain.

Les Saisons plongèrent dans le grand bassin en poussant de forts cris. Je descendis dans l'eau en utilisant l'échelle, puis nageai tranquillement, sans me presser. Enfin, je pus me détendre. Pendant un quart d'heure au moins, je ne fis rien d'autre que nager et barboter dans le bassin.

Puis un vent très violent se mit à souffler à l'intérieur de la piscine. Comment cela était-il possible ? Avec d'énormes ventilateurs ? Je n'en voyais nulle part. Était-ce une attraction, comme le brouillard qu'il y avait eu plutôt dans la matinée ?

D'énormes vagues se formèrent dans les bassins. Elles submergèrent plusieurs baigneurs. Je sortis de l'eau pour éviter qu'il ne m'arrive la même chose. Je n'eus cependant pas le temps de m'éloigner suffisamment du bassin. Une grosse vague s'abattit sur moi, puis le vent se calma.

Un peu secouée, je suis restée figée au bord de l'eau pour reprendre mes esprits. Tout le monde rigolait en me regardant. Il y avait devant moi Matthias et d'autres personnes élèves dans le même collège que nous, les Saisons, ainsi que des gens que je n'avais jamais vu, tous hilares. Je cru d'abord qu'ils se moquaient de moi parce que j'étais sonnée. Puis, je m'aperçus que mon maillot de bain était tombé à mes pieds. J'étais toute nue au bord de l'eau.

— Cette fois, nous n'y sommes pour rien, commenta Été.

Je ramassai mon slip de bain et l'examina. L'élastique était hors d'usage. Une nouvelle et puissante bourrasque de vent souffla. Encore une fois, une vague s'abatit sur moi, m'arrachant des mains le maillot de bain. Je ne vis pas où il atterrit. Le vent se calma.

Tous les regards étaient toujours braqués sur moi, mais les rires idiots avaient cessé. Incapable de réagir, je ressentis d'abord de la gêne. Puis je m'aperçus peu à peu qu'être vue toute nue était en fait extrêmement plaisant. En tout cas, ça l'était quand il n'y avait plus de rire stupide. Cet instant aurait aussi été sûrement bien moins savoureux si j'étais vielle, laide ou grosse. Heureusement, je n'avais aucun de ses défauts, même si je ne pensai pas être particulièrement jolie.

Je réfléchis à ce que j'allai faire maintenant ? Si je me présentais nue une troisième fois devant Blaise, il allait vraiment croire que je le faisais exprès.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda quelqu'un en montrant du doigt le bassin derrière moi.

Je me retournai. L'eau devenait progressivement aussi rouge que le sang. Il n'était plus possible de voir le fond du bassin. Une multitude de bras humains sortirent de l'eau et attrapèrent les baigneurs. Ces derniers paniquèrent et se débattirent en vain. Les cris de terreur résonnaient dans toute la piscine. Les baigneurs furent emportés sous les flots écarlates. Il ne resta plus que les personnes qui n'étaient pas dans l'eau à ce moment là.

Une armée de rats sortirent du bassin. Ils s'attaquèrent aux gens restants, bondissant sur eux, les mordant et les griffant. L'une de ses horribles bêtes sauta si haut qu'elle atteignit le cou d'une adolescente et planta sauvagement ses dents dedans, faisant couler d'impressionnantes quantités de sang. Les hurlements d'épouvante retentissaient dans toute la piscine. Un groupe de rats se précipita vers moi. Je me mis à courir et glissai rapidement. Une jeune fille devant moi saisit par la queue un rat qui lui lacérait le visage. De ses joues, il ne restait plus que des lambeaux de chair. Elle lança le monstrueux mammifère droit devant elle. Je le reçus en plein sur le crâne et fus assommée.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant