Le désert de l'horreur 4

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6

Après un long moment passé à descendre un escalier plongé dans l'obscurité, nous atteignîmes une galerie souterraine éclairée par de nombreuses pierres lumineuses de différentes couleurs incrustées dans les murs. Il y avait des rails et un petit wagonnet rempli de roches diverses. Je n'avais plus froid.

— Il ne fait plus froid ici, constata Violette. Dis, Noémie, maintenant que nous pouvons enfin prendre un peu notre temps, peux-tu nous détacher, Naoko et moi ?

Je détachai d'abord les mains de Violette, puis celles de Naoko. Violette posa doucement une main sur l'une des pierres lumineuses.

— Ce sont ces pierres qui émettent de la chaleur, constata Violette. Elles ne se contentent pas d'éclairer cet endroit. Elles le chauffent également.

— Apparemment, nous sommes dans une mine, observa Naoko. Suivons les rails et voyons où ils mènent. Je ne vois pas quoi faire d'autre.

Nous avançâmes donc dans la galerie en suivant les rails.

— Ce que nous voulons, c'est rentrer chez nous. Les obstacles qui nous en empêchent sont, entre autres, que nous ne savons pas où nous sommes et que nous n'avons aucun moyen de contacter nos proches, récapitula Violette tout en marchant.

— Alors, il faut trouver une ville dans le secteur pour interroger les habitants sur l'endroit où nous sommes, en déduisit Naoko.

— En espérant qu'ils parlent notre langue, ajoutai-je. Si ça se trouve, nous ne sommes plus en France.

— Vu toutes les choses étranges que nous avons vu dans le secteur et qu'aucune des filles capturées par les momies n'avait entendu parler auparavant d'un désert de sable violet, j'en déduis que l'existence de cet endroit ne doit être connue que de très rares personnes, observa Violette. Il est probablement inhabité.

— Vous pensez que les autres filles s'en sont sorties ? nous questionna Naoko.

— Impossible à savoir étant donné que nous étions tous parties dans une direction au hasard, répondit Violette, mais ça m'étonnerait qu'elles aient tous échappé aux momies. Quelles horribles créatures, ces momies ! Ce sont elles les responsables de tous nos malheurs !

— Elles nous ont tout de même permis de vivre quelques bons moments, nuança Naoko.

— Oui. Moi, j'ai adoré danser toute nue en public, avouai-je. Cependant, je pense que je n'aurai jamais le cran de recommencer.

Cela m'étonnait que Naoko et Violette n'aient fait aucune allusion à mes parents, lesquelles semblaient pourtant commander les momies.

— Noémie, m'appela une voix semblable à celle de la défunte Sakura.

La voix venait de derrière moi. Je me retournai. Naoko et Violette en firent de même. Nous fîmes ainsi face à une fille se tenant debout, avec une grande hache dans les mains. Je supposai qu'il s'agissait de Sakura. Je ne pouvais toutefois pas en être sûre en raison d'un détail terrifiant. La fille nous faisant face n'avait plus de tête. J'ignorais comment elle avait pu me parler alors qu'elle était dépourvue de bouche, de même que je ne savais pas comment elle pouvait être encore en vie dans son état.

— Noémie, Naoko, Violette, comment avez-vous pu laisser cette plante me dévorer ? nous demanda-t-elle. Comment avez-vous pu me laisser mourir ?

Donc c'était bien Sakura. Visiblement, elle avait réussi à se libérer de ses entraves.

— Puisque vous m'avez laissé mourir, vous devez me rejoindre dans la mort, poursuivit-elle en brandissant sa hache au-dessus du vide où aurait dû se trouver sa tête.

— Fuyons ! proposa Naoko.

— Non ! La fuite ne peut pas être notre seul plan face à toutes les menaces que nous rencontrons ! répliqua Violette. Nous devons lutter ! Nous défendre !

Violette se précipita vers Sakura, laquelle lui fendit le crâne en en deux d'un coup de hache, faisant jaillir du sang.

— Et ainsi périt Violette de Vadencourt, âgée de seulement onze ans, commenta Naoko.

Elle se tourna vers moi.

— Et toi, Noémie ? Tu préfères fuir à nouveau ou combattre ? me questionna-t-elle.

— Vu ce que je viens de voir, je préfère prendre la fuite !

Nous nous enfuyâmes en courant, mais Sakura se lança aussitôt à notre poursuite. Elle lança sa hache dans notre direction. Cet objet était grand et avait l'air lourd. Pourtant, Sakura avait réussi à le lancer suffisamment loin pour toucher Naoko. La hache se planta si profondément dans le dos de Naoko que la lame ressortit par le torse, faisant jaillir des flots de sang au passage. Emportée par mon élan, je me heurtai au cadavre et tombai avec. Je me relevai en retirant la hache du corps de Naoko. La Sakura sans tête continuait de courir vers moi. Dès qu'elle fut suffisamment près, je plantai la hache dans sa poitrine. Elle se transforma aussitôt en un nuage de poussière. J'avais réussi à la détruire. Je pouvais enfin souffler un peu. La hache tomba à son tour en poussière. Dommage. Une arme m'aurait été très utile. Je regardai le cadavre de Naoko. J'étais désormais seule pour la première fois depuis que je l'avais rencontré. J'avais peur.

7

En suivant les rails, je finis par atteindre une ouverture vers l'extérieur de la mine. Dehors, il y avait une violente tempête de sable. Je jugeai plus sage d'attendre qu'elle cesse avant de sortir.

Des bandelettes surgirent de la tempête de sable et s'enroulèrent autour de mes poignets. Je constatai avec effroi qu'elles étaient semblables à celles recouvrant les momies. Elles me tirèrent hors de la mine. J'avais beau me débattre de toutes mes forces, je ne parvenais pas à me libérer de ces horribles bandelettes ni à les empêcher de m'emmener vers ce qui était probablement un destin funeste. Elles me trainèrent sur plusieurs mètres à l'intérieur de la tempête de sable, dans laquelle je ne pouvais pas voir grand chose. Je vis tout d'un coup trois momies à quelques centimètres de moi.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant