La secte 4

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6

Lorsque je me réveillai, je vis par la fenêtre qu'il y avait une tempête de neige dehors. J'entendais le vent qui soufflait fort. Je me levai. Quelqu'un frappa à la porte.

— Roxana, tu es là ? demanda la personne se trouvant de l'autre côté.

Je me plaquai contre le mur, à côté de l'encadrement de la porte. La poignée tourna lentement. Je retins ma respiration. La porte s'ouvrit. Mon seul espoir de ne pas être découverte était que la personne se contente de regarder à l'intérieur de la chambre sans y entrer. Si elle y entrait, elle me verrait à coup sûr en ressortant. La porte se referma. Soulagée, je me laissai tomber lentement sur les fesses et repris mon souffle.

Une fois remise de ma frayeur, je me relevai et m'apprêtai à sortir. La porte s'ouvrit à nouveau. Je me retrouvai face à Roxana, toujours nue, laquelle pointait une arbalète sur moi.

— Lèves tes mains et pose les derrière ta tête, m'ordonna-t-elle.

J'obéi tout en l'interrogeant :

— Comment as-tu su que j'étais ici ?

— Je n'en savais rien. Je cherchais quelqu'un d'autre, mais cela tombe bien que tu sois encore en vie finalement. Suis-moi !

Roxana me conduisit dehors. La tempête de neige avait cessé. Il tombait bien encore quelques flocons, mais à peine. À l'extérieur, il y avait désormais d'énormes colonnes de flammes jaillissant du sol. Il devait y en avoir au moins une cinquantaine. Le plus stupéfiant était que la neige ne fondait pas, malgré l'intense chaleur produite par le feu.

— Avance ! m'ordonna Roxana.

Je me dirigeai vers les collines à la fois enflammées et enneigées, suivie par Roxana, laquelle me menaçait toujours avec son arbalète. Nous déambulâmes plusieurs minutes dans un labyrinthe fait de colonnes et de murs de feu.

— Que vas-tu faire de moi ? voulus-je savoir.

— Satan se trouve quelque part dans le feu. Pour qu'il puisse en sortir, il lui faut un sacrifice humain, m'expliqua Roxana. C'est toi qui vas servir de sacrifice.

Nous marchâmes encore un peu dans la neige.

— Satan, je t'offre la jeune Noémie en sacrifice ! se mit à crier Roxana.

Une gigantesque main velue et griffue surgit de flammes et saisit Roxana, laquelle lâcha son arme sous l'effet de la surprise.

— Je préfère te prendre toi comme sacrifice, expliqua une voix venue du feu.

Roxana se mit à hurler de terreur.

— J'ai horreur qu'on me confonde avec Satan, poursuivit la voix.

La main retourna dans les flammes en y emmenant sa prisonnière. Je ne pouvais plus voir Roxana, mais je l'entendis hurler encore quelques secondes.

— Maintenant, je vais te dévorer, Noémie, m'informa la voix.

Une énorme et longue langue jaillit des flammes et s'enroula autour de moi. Je me laissai tomber dans la neige. Cela ne me permit pas de me libérer. La langue commença à me tirer vers les flammes infernales. J'aperçus l'arbalète de Roxana, à seulement quelques centimètres de moi. Je m'en emparai aussitôt et décocha un carreau qui se planta profondément dans la langue. Un hurlement de douleur jaillit des flammes démoniaques. La langue desserra son étreinte. J'en profitai pour me libérer. Je fracassai l'arbalète sur la langue. Un nouvel hurlement retentit. Je me mis à courir. Les flammes tout autour de moi se mirent à rétrécir. La température devint de plus en plus basse. Les flammes finirent par s'éteindre complètement. Hélas, la chaleur qu'elles procuraient avait disparu avec elles. Je continuai à courir vers la maison. Ma nudité me faisait tellement souffrir du froid hivernal que mes chances de survie me paraissaient faibles.

Anaïs sortit de la maison. Elle tenait une torche enflammée.

— Noémie ! me lança-t-elle. Rentre vite avant que la tempête recommence !

Anaïs se mit à courir toute nue dans la neige pour me rejoindre. Sa torche me procura un peu de chaleur, mais c'était loin d'être suffisant pour que je cesse d'avoir froid.

— Mais si je rentre, vous allez me tuer, fis-je remarquer tout en continuant de courir.

— Non ! C'était Roxana qui voulait te tuer ! Nous autres n'avons jamais voulu tuer qui que ce soit ! m'expliqua Anaïs tout en courant désormais à mes côtés. Nous autres n'y croyons pas vraiment à ce rituel pour invoquer un démon. On faisait ça juste pour s'amuser.

Nous atteignîmes enfin la maison et nous nous dépêchâmes de rentrer dedans.

7

À l'intérieur de la maison, je me réchauffai autour d'un grand feu dans la cheminée, en compagnie des autres filles. Dehors, une nouvelle tempête de neige avait débuté, comme l'avait prédit Anaïs. Nous pouvions entendre le vent hurler.

— Comment allons-nous faire pour rentrer chez nous ? demandai-je. On est en plein hiver ! Il faudra attendre des mois pour qu'il fasse assez beau dehors pour qu'il soit possible de sortir entièrement dévêtue sans souffrir du froid.

— Ne t'inquiètes pas. Il est prévu que le père d'Amandine vienne la chercher en voiture, ici, à la tombée de la nuit, m'informa Anaïs. Il devrait arriver dans une heure ou deux. Nous lui demanderons de nous ramener chez nous.

— Quand il arrivera et verra que l'on est tous à poil, il va nous en demander la raison. On va devoir lui avouer que tous nos vêtements ont été détruits lors d'un rituel satanique ?

— On n'aura pas d'autre choix, répondit Anaïs.

Nous contemplâmes le feu dans la cheminée.

— Pitié ! Aidez-moi ! nous supplia une voix familière.

C'était la voix de Roxana et elle provenait du feu dans la cheminée.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant