« Tiens, ton Ice-Tea. »
Il releva la tête de son portable en entendant Guillaume lui dire cela deux jours plus tard. Celui-ci avait un fin sourire sur les lèvres et en regardant derrière lui, il vit Claude occupé à servir des clients au bar.
« Je peux m'asseoir avec toi ?
— Euh... Oui, bien sûr, balbutia-t-il, ne s'attendant pas à le voir lui vu qu'il avait commandé auprès de son ami et que celui-ci lui avait dit qu'il le lui amènerait pour pouvoir se poser un moment avec lui. Qu'est-ce que... Claude...?
— Je lui ai proposé de te l'amener, je lui ai dit que j'avais besoin de te parler.
— Me parler ? répéta-t-il, soudain inquiet, et Guillaume hocha la tête avant de venir s'asseoir en face de lui. De... De quoi...?
— De la dernière fois... Enfin... Tu sais... Quand tu t'es écroulé en sanglots contre Claude, expliqua le plus grand et il sentit son cœur rater un battement quand il l'entendit lui dire ça, n'étant pas au courant qu'il l'avait vu. J'ai demandé à Claude pourquoi tu t'étais effondré dans ses bras et il a pas voulu me répondre. Il a juste dit... que si je voulais savoir, fallait que je te le demande à toi. Alors... déjà... je voulais savoir si ça allait mieux.
— Je... O-Oui, ne t'inquiète pas. C'était juste un petit coup de mou. Ça arrive... Ça va beaucoup mieux maintenant, répondit-il en forçant un petit sourire sur ses lèvres, la gorge sèche, et il vit au regard que lui lança Guillaume qu'il ne le croyait pas pour un sou.
— Je sais que c'est faux, Aurél. Ça fait plusieurs jours maintenant que je te vois dans cet état. Depuis... la fête de Claude, je dirais. Tu as l'air triste en permanence, même si t'essaies de le cacher. Alors... je sais pas... est-ce que c'est à cause de notre conversation de la dernière fois ? Tu sais, sur le fait que tu m'aimais avant et que je t'ai rejeté en me moquant de toi ? Si c'est ça, je te demande pardon. Vraiment. C'était il y a longtemps et j'étais un petit con. »
Il baissa les yeux en entendant Guillaume parler du passé et se mordit l'intérieur de la bouche doucement, ayant trop peur de ce qu'il pourrait répondre. Il sentit alors Guillaume poser sa main par-dessus la sienne sur la table avec douceur et il sursauta, ne s'y attendant pas et sa peau brûlant aussitôt à son contact :
« Aurél, qu'est-ce que...
— Ne me touche pas...
— Quoi ? lui demanda Guillaume en plissant les yeux, confus, et il secoua la tête doucement, les larmes lui montant aux siens.
— S'il te plaît... Retire ta main... Je ne veux pas... que tu me touches... »
Guillaume écarquilla les yeux lorsqu'il lui dit ça avant d'enlever précipitamment sa main et il se leva de sa chaise, les larmes aux yeux.
« Pardon. Pas aujourd'hui... J'aurais pas dû venir. »
Il tourna ensuite les talons pour s'en aller et Guillaume ne le retint pas, sûrement sous le choc de ce qu'il venait de se passer. Il entendit seulement la voix de Claude l'appeler d'un air interrogateur, mais ne s'arrêta pas pour autant, la panique qu'il avait ressentie juste au contact des doigts de Guillaume contre les siens l'empêchant de réagir correctement. Il devait avoir l'air tellement bête. Mais c'était plus fort que lui.
***
« Eh, ma crevette, qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? »
Il offrit un petit sourire désolé à Claude quand celui-ci se pointa chez lui deux heures plus tard. Il était 20h et il avait dû s'absenter durant son service en laissant le bar à Guillaume seul, juste pour venir s'assurer qu'il allait bien. Il agissait vraiment comme un grand frère protecteur.
« Je suis désolé... murmura-t-il avant de venir se blottir contre Claude. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Il a commencé par me demander comment j'allais, à vouloir savoir si ça allait mieux parce qu'il m'avait vu pleurer la dernière fois... Il m'a dit que t'avais pas voulu lui dire la raison de mes pleurs, puis il m'a demandé si c'était en rapport avec notre discussion de la dernière fois à ta fête... Quand on a un peu parlé du passé, de quand j'étais venu lui dire mes sentiments... Et alors comme je répondais pas, il a posé sa main sur la mienne doucement mais là, j'ai eu l'impression de brûler de l'intérieur. Son contact m'a fait mal, Claude, murmura-t-il en fronçant les sourcils légèrement contre le torse de son ami. Mais c'est pas de sa faute... Seulement de la mienne... Je veux dire... ça fait sept ans que j'attends ça. Qu'il... me touche... Il a dit que c'était il y a longtemps tout ça, mais moi... moi je suis encore amoureux de lui. Je n'ai jamais aimé personne d'autre que lui. Donc... c'est moi le problème dans cette histoire. »
Claude ne répondit rien un long moment, assimilant sûrement son monologue, avant qu'il ne le sente passer une main délicatement dans ses cheveux emmêlés :
« Tu n'es pas un problème, Aurél. Et tu ne le seras jamais. J'aimerais tellement pouvoir t'aider mais... je le connais Guillaume... J'aimerais pouvoir te dire qu'il a changé, qu'il a grandi, et que si tu lui avoues tes sentiments maintenant il pourrait y répondre cette fois et que vous allez pouvoir vivre heureux jusqu'à la fin de votre vie... Mais je ne peux pas te mentir. Parce qu'avec ce qu'il a vécu... ce que je t'ai raconté la dernière fois... j'ai peur que ça ne soit pas possible. Guillaume n'est pas prêt à se lancer dans une vraie relation. Et crois-moi que ça me fend le cœur pour vous deux, parce que je sais que vous pourriez autant vous apporter l'un à l'autre. Dans le bon sens. »
Il resta silencieux, écoutant attentivement ce que lui disait Claude, avant de pousser un petit soupir fatigué et de fermer les yeux. Oui, il aimerait tellement pouvoir réparer le cœur blessé du plus grand. Mais il ne savait pas comment faire pour ça. Et ça le rendait tellement triste.
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Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.
FanfictionAurélien revient dans la ville de son enfance où il a laissé de nombreux souvenirs. Joyeux, certes, mais aussi d'autres malheureux. Dont un en particulier et sa rencontre avec Guillaume va raviver ce dernier dans sa mémoire.