Partie 28 - Le bonheur.

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Deux semaines plus tard.

« Et bien, ma crevette...! Viens me voir. Viens faire un gros câlin à tonton Claude. »

Il esquissa un petit sourire embarrassé lorsque Claude lui dit ça dans un rire en le voyant entrer dans le bar avec Guillaume et il entendit ce dernier rire lui aussi à ses côtés :

« Claude, ça fait vachement pédo ta phrase là, hein.

— Oh, ça va. C'est pas un gosse, Aurél. » répondit Claude en le prenant dans ses bras et il exhala un petit rire gêné, n'ayant de toute façon pas à cœur de refuser le câlin que celui-ci voulait de toute évidence lui donner.

Non, il n'était pas un gosse. Mais c'est vrai que Claude le traitait souvent comme s'il en était encore un. À son plus grand bonheur d'ailleurs. Il aimait bien être dorloté par son ami, comme lorsqu'il était enfant, même s'il faisait attention à ne pas aller trop loin en se rappelant des sentiments que Claude avait eu – ou avait encore, il ne savait toujours pas – à son égard.

« Claude... Salut... murmura-t-il dans l'oreille de son ami avant de se blottir contre lui.

— Bah, ma perle. J'suis bien content de vous voir aujourd'hui. Et alors ? Ces résultats ? »

Il se recula en entendant son ami lui demander ça et bientôt, il sentit Guillaume poser sa main sur le haut de son dos avec délicatesse.

« Tout va bien. N'est-ce pas, mon chat ?

— O-Oui. J'ai un peu honte du coup, expliqua-t-il, gêné, à Claude.

— Honte ? répéta Claude en haussant les sourcils d'un air étonné. Comment ça ?

— Ben... Je t'ai fait faire tout ce souci et t'occuper de moi, m'amener aux urgences, me loger ces quelques jours... pour rien au final. Les médecins ont dit que c'était seulement un excès de stress et de fatigue mais qu'il n'y avait rien d'alarmant. D'ailleurs, depuis que... tout s'est arrangé avec Guillaume, dit-il en jetant un petit regard intimidé à ce dernier, ça va beaucoup mieux. Je n'ai plus eu de crise.

— Ah ben tant mieux ! Ça me rassure si c'est pas une IST. Je préfère ça que l'inverse ! Et j'espère bien que t'auras plus aucune raison de t'inquiéter à ce point, hein, Guillaume ? »

Claude se tourna vers le plus grand en disant ça d'un air mi-amusé mi-sérieux et Guillaume exhala un petit rire à la menace sous-jacente.

« T'en fais pas pour ça, Claude. Je reste avec lui, je n'ai aucune raison de m'en aller. Et moi aussi je me suis fait dépister pour être sûr. Je suis clean. »

Claude observa un instant le plus grand d'un air méfiant avant de redevenir lui-même, souriant et malicieux. Il le vit tourner les talons et l'entendit leur dire de se dépêcher de le suivre et que Ablaye et Matthieu les attendaient déjà à table. Guillaume rit à ses côtés et il se tourna vers ce dernier quand il le sentit glisser une main sous ses cheveux longs, afin de caresser sa nuque comme celui-ci avait appris qu'il aimait qu'il le fasse. Guillaume plongea son regard dans le sien et lui sourit doucement tandis qu'il revoyait dans son esprit le moment où il s'était endormi contre lui sur le canapé de Claude deux semaines plus tôt, après leur conversation. Il lui avait murmuré en se sentant emporter dans les méandres du sommeil : Ne pars pas. Reste avec moi, s'il te plaît. Et c'est ce que Guillaume avait fait. Depuis ce jour-là, il ne l'avait plus quitté. Ils avaient emménagé ensemble dès le lendemain, dans son petit appartement, et il ne l'avait plus jamais vu aborder qui que ce soit, repoussant même les avances des quelques filles le draguant chaque soir au bar. Il avait confiance à présent.

« On y va, mon chat ? Qu'après faut qu'on aille chez tes parents, oublie pas. »

Il hocha la tête et glissa sa main dans celle de son copain, le sourire aux lèvres. Qu'est-ce qu'il était heureux.

***

« Pardon... Pardon, je sais pas pourquoi je pleure...

— Eh, mon p'tit chat... Tout va bien... »

Il était assis à califourchon sur Guillaume, dans sa position sexuelle favorite, lorsque toutes les émotions qui l'avaient traversé durant le repas avec ses parents étaient remontées en lui. La peur, la tristesse, le doute. Sa sœur avait été là, alors qu'il n'avait pas été mis au courant de sa présence et que ça faisait plusieurs années déjà qu'il n'avait plus de nouvelles d'elle. Et ce n'était pas qu'il n'avait pas été content de la voir... – bien que ça faisait des années qu'ils ne se parlaient plus à cause de ce qu'il s'était passé avec Guillaume quand il était enfant – mais c'était justement la réaction de ce dernier qu'il avait craint. Il en voulait à ses parents de ne pas l'avoir prévenu, alors qu'ils savaient très bien qu'il ramenait Guillaume ce soir. Après tout, ces derniers ne se souvenaient même pas de lui et sa sœur avait paru surprise mais sans plus d'apprendre qu'ils se côtoyaient maintenant. Elle avait eu l'air de l'avoir oublié pour sa part.

« Ma sœur... Quand tu l'as vue... bégaya-t-il à travers ses larmes en se reculant de sorte à pouvoir regarder Guillaume et celui-ci lui sourit doucement, semblant de toute évidence savoir ce qui l'avait mis dans cet état.

— Quand je l'ai vue, rien, Aurél, lui dit ce dernier en arrêtant ses coups de rein pour se concentrer sur la conversation qu'il voyait qu'il avait besoin d'avoir.

— Ne mens pas... Guillaume... l'appela-t-il d'une voix suppliante et celui-ci secoua la tête doucement, un petit sourire navré sur le visage, avant de l'attirer à lui de nouveau afin d'embrasser sa joue trempée de larmes.

— Bien sûr que ça m'a fait bizarre, mon chat. Je ne peux pas te dire le contraire. Ta sœur était mon amour d'enfance après tout. Mais je te promets que je n'ai rien ressentie du tout, à part peut-être un peu de nostalgie.

— Pas... Pas d'amour...? De manque ? D'amertume ? demanda-t-il rapidement avant même de pouvoir stopper ces paroles et Guillaume rit avant de l'embrasser de nouveau, sur la bouche cette fois.

— Pas le moins du monde, murmura Guillaume contre ses lèvres. Comment pourrais-je ressentir ce genre de sentiments pour elle quand je t'ai toi dans ma vie ? »

Il laissa échapper un sanglot à cette déclaration, ayant encore du mal à croire en sa chance de partager la vie de Guillaume. Ce dernier l'aimait, lui, et personne d'autre. Il avait réussi à le changer, malgré toutes ses réticences premières. Il avait réussi à lui faire comprendre la force de ses sentiments et Guillaume les partageait enfin. Après toutes ces années et ces épreuves. Il se pencha alors pour déposer un baiser sur les lèvres de son copain à son tour, tout en entourant son cou de ses bras pour le serrer fort contre lui :

« Je t'aime, lui murmura-t-il dans un souffle en se reculant avant de venir enfouir son visage dans son cou. Tellement, tellement... Tu peux reprendre...

— Moi aussi, mon cœur. Évidemment que je t'aime, n'en doute jamais, lui répondit Guillaume dans ce qui lui sembla être un sourire et il le sentit entourer sa taille de ses bras afin de pouvoir poser ses mains sur son dos et ainsi pouvoir caresser ce dernier de ses doigts. Je te tiens, et je suis pas prêt de te lâcher, crois-moi. »

Il ferma les yeux, au comble du bonheur et tiraillé comme d'habitude par une multitude d'émotions lorsqu'ils reprirent là où ils s'étaient arrêtés. Tout en douceur. Comme ils aimaient tous les deux. Comme il voulait toujours que sa vie soit auprès de Guillaume. Et comme il voulait que celui-ci le traite. Il lui avait fallu 7 ans avant que son amour de jeunesse ne réponde enfin à ses sentiments, lui-même torturé par ses propres démons, mais il l'avait à présent, là, tout contre lui. Et rien ne pourrait le rendre plus heureux dans la vie. Il avait bien fait de revenir.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant