Partie 27 - La maladie.

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Il vit Guillaume pousser un petit soupir soulagé, avant que celui-ci ne reprenne, faisant glisser sa main autour de son poignet pour venir prendre la sienne avec délicatesse :

« J'étais amoureux de ta sœur comme tu sais. Et c'était sûrement une simple amourette d'adolescence quand j'y réfléchis avec le recul mais à l'époque, quand elle m'a quitté, j'avais l'impression que mon monde s'écroulait. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de faire une croix sur l'amour. Complètement. Je ne voulais plus jamais ressentir des sentiments amoureux. Sauf que plusieurs années plus tard, ça m'ait retombé dessus sans crier gare.

— Avec... Chloé ? demanda-t-il d'un air incertain et Guillaume hocha la tête sans jamais lâcher sa main.

— Tous les deux... on pouvait dire qu'on était des sex friends. Je sais qu'elle attendait plus de son côté, surtout que ça faisait déjà deux ans qu'on se voyait quasi tout le temps. Mais je refusais de stabiliser notre relation. De mettre un mot sur ce qu'il se passait entre nous. Pour moi, même si me mentais, Chloé n'était qu'un plan cul.

— Qu'est-ce... qu'il s'est passé ? osa-t-il demander en voyant Guillaume se perdre dans ses pensées.

— Elle est tombée malade. On a su qu'elle avait contracté le VIH en allant aux urgences. Avant ou après notre relation, je ne l'ai jamais su. Et j'ai fait comme si tout ça ne m'impactait pas, parce que je ne voulais pas laisser tout ça m'atteindre. Ni lui montrer que je tenais à elle. Que j'étais amoureux d'elle. Mais c'était trop tard pour la sauver et elle est morte à l'hôpital quelques mois à peine plus tard. La maladie était déjà bien trop avancée. »

Il réfléchit à ce que venait de lui dire Guillaume et il fronça les sourcils, confus :

« Elle est morte du virus...? Mais... Et toi ? Pourquoi...?

— Et moi, tu as raison, je ne sais pas comment ça se fait mais je ne l'ai jamais attrapé. Malgré Chloé. Quand elle est morte, je suis descendu au 7e sous sol, j'avais envie de disparaître à mon tour. Je suis resté enfermé chez moi durant des mois, à broyer du noir. Mais j'ai réussi, heureusement, à m'en sortir. J'ai trouvé un boulot...

— Claude, dit-il, se rappelant de quand son ami lui avait expliqué ça à son tour.

— Exactement. J'ai ensuite pu changer d'appartement avec mes premiers mois de salaire, me remettre à faire du sport, à sortir, me faire des amis... dit Guillaume et il visualisa Matthieu et Ablaye dans son esprit. Mais cette envie de destruction personnelle en réalité ne m'a jamais quitté, même si j'avais tout pour être heureux. Tu as raison, Aurél.

— Ne me dis pas... dit-il, commençant à voir où Guillaume voulait en venir.

— Si. J'ai commencé à coucher avec toutes ces filles dans le but de m'oublier, c'est vrai, d'oublier ma peine et parce que je ne croyais plus en l'amour, mais aussi parce que je m'en voulais. Chloé était morte et moi, je n'avais rien. Alors c'est ça que je cherchais. Une maladie, et peut-être la mort au bout. »

Il sentit les larmes se mettre à couler sur ses joues à cette révélation. Il avait eu raison au final. Guillaume cherchait sciemment à se détruire. Parce qu'il s'en voulait d'être le survivant des deux. Celui que la maladie avait superbement ignoré et laissé de côté.

« Mais c'est fini, Aurél. Tu m'as ouvert les yeux, mon chat, dit Guillaume d'une voix enrouée par l'émotion. Je ne veux plus mourir. Parce que j'ai compris que c'était idiot. Et que l'amour, oui, ça existe bel et bien. C'est ce que je ressens quand je suis avec toi. C'est ce que toi tu me cries depuis 7 ans et que j'étais bien trop meurtri pour entendre. Je ne veux pas mourir en te laissant derrière, et par-dessus tout, je ne veux pas que tu meures par ma faute. Parce que si tu as une quelconque maladie, ça ne peut être que de ma faute. Car tu l'as jamais fait avant moi, n'est-ce pas ? lui demanda Guillaume et il secoua la tête, les larmes coulant sur ses joues. C'est pas juste. C'est moi qui fais n'importe quoi et après c'est toi qui trinques derrière. Et ça, je refuse. Tu m'entends ? Je refuse. Je suis sûr que ce que tu as, c'est rien et qu'on va vite le soigner, hein ? Et ensuite, tout ira pour le mieux. Parce que sinon, je ne me le pardonnerais jamais. »

Il explosa en sanglots en entendant Guillaume dire cela et se blottit contre lui, terrorisé. Oui, lui aussi espérais que ce n'était rien. Mais il avait tellement peur.

« Guillaume...

— Tout va bien, mon chat, tout va bien... lui murmura Guillaume en embrassant sa joue puis sa tempe. Je suis là, je ne te lâche pas. Je te tiens et je ne pars pas. Je ne ferais pas comme avec Chloé. Je reste avec toi, je te promets. Crois-moi. »

Il ferma les yeux sous la puissance de ses larmes et se laissa bercer par les paroles rassurantes de Guillaume. Oui, il pouvait le croire. Guillaume était là avec lui, et il ne le laisserait pas. Il était terrifié mais il n'était pas seul. Il avait Claude, et il l'avait lui. Et c'était bien suffisant.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant