Partie 3 - L'explication.

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« A-Allô ? »

Il frissonna en entendant à quel point sa voix sortit éraillée quand il répondit à Claude deux heures plus tard, ayant refusé jusqu'ici de prendre ses appels. C'est pas qu'il lui en voulait, non, mais quand il avait vu que le Guillaume dont il lui parlait était l'ancien copain de sa sœur, il n'avait pas supporté. Il avait salué ce dernier, cordialement, se faisant violence pour ne pas s'écrouler en pleurs et trembler devant lui tant les souvenirs de son passé à son sujet l'assaillaient à sa simple vue, avant de littéralement s'enfuir en disant à Claude qu'il devait aller aux toilettes. Sauf qu'il avait plutôt profité de cette excuse pour s'enfuir du bar et quand son ami l'avait appelé plusieurs minutes plus tard sur son téléphone alors qu'il était en pleurs dans sa voiture, n'arrivant même pas à la démarrer pour rentrer chez lui, il avait refusé son appel. Il avait pleuré longtemps, les souvenirs qu'il avait de Guillaume du passé lui revenant par vagues alors que ça faisait des années qu'il faisait tout pour ne pas y penser, puis était rentré chez lui quand il s'était un minimum calmé. Claude avait essayé plusieurs fois de l'appeler depuis lors, s'inquiétant peut-être même pour lui, ayant disparu sans même le prévenir, mais il n'avait pas répondu, lui expliquant la vérité étant au dessus de ses forces. Jusqu'à maintenant.

« Aurél ?! Aurél, putain, enfin... Mais pourquoi tu as disparu comme ça ? Tu sais à quel point j'ai flippé quand j'ai vu que tu revenais pas ? Où est-ce que t'es ?!

— Désolé... Je peux tout t'expliquer... murmura-t-il doucement en fermant les yeux, se sentant extrêmement fatigué à présent qu'il avait pleuré toutes les larmes de son corps.

— T'as plutôt intérêt, oui. T'as déjà disparu une fois, tu vas pas me faire le coup une seconde fois, hein, grommela Claude de l'autre côté du combiné et il baissa les yeux, honteux, en voyant qu'en effet, Claude s'était inquiété à cause de lui.

— Je suis... Je suis chez moi. Tu veux venir ? Enfin... est-ce que tu peux ? se reprit-il, se rappelant alors que Claude avait un bar à gérer, surtout à cette heure-là de la soirée.

— J'arrive tout de suite. File-moi ton adresse, je vais laisser le bar à Guillaume. »

Il sentit son cœur se serrer en l'entendant dire le prénom de Guillaume, puis hocha la tête avant de lui donner son adresse. Claude raccrocha aussitôt et il se laissa tomber de tout son long sur le canapé de son salon sur lequel il était assis jusqu'ici. Claude arrivait, et il ne savait pas dans quel état il allait le retrouver. Par sa faute.

***

« Putain, Aurél ! Est-ce que ça va ?? »

Quand Claude était arrivé, celui-ci avait martelé sa sonnette, le réveillant alors qu'il s'était assoupi. Il s'était alors dépêché de se lever et d'aller lui ouvrir en se rappelant de sa venue, les yeux encore rougis par les pleurs et engourdis par le sommeil.

« Claude... appela-t-il son ami qui avait posé ses mains fermement sur ses épaules comme pour le forcer à ne pas s'enfuir de nouveau et celui-ci l'observa attentivement, les sourcils froncés, le faisant frissonner.

— Pourquoi t'es parti ? Est-ce que tout va bien ? lui demanda son ami et il hocha la tête, honteux de lui avoir fait peur, avant de se dire que ça ne servait à rien de lui mentir et de secouer la tête.

— N-Non... Ça va pas... Gu-Guillaume...

— Guillaume ? Quoi Guillaume ? s'exclama Claude d'un air étonné quand il dit le prénom de ce dernier et il frissonna de nouveau, s'en voulant d'avoir laissé ce prénom échapper ses lèvres. Attends, Aurél, tu le connais ? C'est ça ?

— Oui... Assez...

— Il... Il t'a fait quelque chose ? Il t'a fait du mal ?

— N-Non... Enfin... Pas... Vraiment... C'était il y a longtemps. Mais tu es courant déjà... dit-il en sentant son cœur se serrer dans sa poitrine, se demandant comment Claude pouvait ne pas avoir compris à présent.

— Je suis au courant ? Moi ? Donc ça date de quand tu habitais encore ici ?

— Oui... dit-il en hochant la tête et il voulut lui expliquer, mais Claude lui coupa la parole, reprenant.

— Tu me diras, on fréquentait le même établissement avec Guillaume, il me l'a dit, se mit à réfléchir ce dernier et il fronça les sourcils, ne comprenant pas son cheminement de pensée. Oui, mais toi t'étais encore au collège à cette époque... Donc...

— Le copain de ma sœur, Claude, l'interrompit alors, n'y tenant plus. C'est lui dont j'étais amoureux à l'époque. »

Il vit alors Claude écarquiller les yeux, comme si ce dernier avait enfin trouvé la dernière pièce d'un puzzle lui permettant de comprendre la vérité.

« Guillaume ? C'est lui le garçon dont tu étais amoureux ? Le copain de ta sœur ?

— Oui...

— Mais... Tu m'avais jamais dit son prénom avant, non ?

— Non, quelle importance ? »

Claude ne répondit rien, puis il le sentit lâcher ses épaules et venir dégager ses cheveux de devant ses yeux pour pouvoir mieux le voir. Il le vit lui sourire tristement, sûrement à cause de son visage défait et ses yeux rouges.

« Tu as pleuré, Aurél ? lui demanda son ami doucement et il détourna le visage, embarrassé de le laisser le voir ainsi même si c'était loin d'être la première fois. Eh... Je suis désolé, je ne pouvais pas deviner que Guillaume était le garçon qui t'avait fait tant souffrir par le passé, hein... Surtout sans savoir son prénom. Je ne l'avais jamais vu moi.

— Je sais... Et je ne t'en veux pas... balbutia-t-il, les larmes lui remontant aux yeux soudain. C'est juste... que ça m'a surpris... Je ne m'attendais pas à le revoir en revenant ici...

— Je comprends. Bien sûr... murmura Claude avant de soupirer doucement. Mais... Guillaume... C'est mon meilleur ami maintenant, Aurél. Ça fait trois ans qu'on fait tout ensemble. Je ne sais pas... comment débloquer cette situation...

— Tout va bien, Claude. Il n'y a rien à débloquer, essaya-t-il de le rassurer alors en reniflant pour empêcher ses larmes de couler. Ça fait sept ans. Je ne suis plus un enfant. Et même lui, il n'y est pour rien au final. C'est juste moi l'idiot dans l'histoire à être tombé amoureux du copain de ma sœur et à y penser encore aujourd'hui. Alors c'est pas grave. Je ferais avec. Je suis un adulte maintenant. »

Claude lui sourit tendrement, comme s'il était en train de penser que non, il ne serait jamais un adulte à ses yeux et qu'il serait toujours le petit garçon qu'il avait connu dans son adolescence et qu'il s'était escrimé à protéger et à rendre heureux.

« Alors tu m'en veux pas ? lui demanda ce dernier en passant sa main dans ses cheveux de nouveau et il secoua la tête avant de venir se blottir contre son ami en fermant les yeux.

— Bien sûr que non. Jamais. »

Il sentit les bras de Claude venir l'entourer avec douceur et il sourit contre lui malgré le fait qu'il sentait les larmes affluer à ses yeux fermés. Il ne pleurerait pas. Pas devant Claude en tout cas. Ça ne servait à rien de toute façon. Celui-ci n'y pouvait rien et lui non plus. Alors il allait devoir faire avec. Tant pis.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant