Partie 22 - Les questions.

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Trois jours plus tard.

« Aurél ?? Mais qu'est-ce qu'il t'arrive, ma perle ?! »

Il se tourna vers Claude quand son ami s'écria cela alors qu'ils étaient en train de discuter au petit bar. Enfin... Claude parlait et lui faisait mine d'écouter, toute sa véritable attention rivée sur Guillaume. Ce dernier draguait sans vergogne une fille blonde depuis le début de la soirée – ou bien était-ce l'inverse et il s'était pris au jeu, il ne savait pas – quand ceux-ci étaient partis, ensemble, aux toilettes. C'est à ce moment-là qu'il avait complètement déconnecté de la conversation en cours, la voix de son ami disparaissant petit à petit pour être remplacée par une panique sourde. Mais que faisait Guillaume ? Est-ce qu'il allait, encore une fois, coucher avec cette inconnue alors qu'il était là, littéralement, encore une fois présent dans la même pièce que lui ? Il connaissait la réponse bien évidemment. Et pourtant, après les deux dernières soirées qu'il avait passées chez ce dernier, il avait espéré que Guillaume ait fini par changer à son contact. Il avait eu tort.

« Oh, Aurél ! Tu m'entends ?! »

Il se força à sortir tout à fait de ses pensées en entendant son ami l'appeler une nouvelle fois et aussitôt, il sentit quelque chose de chaud couler sur sa lèvre supérieure. Il n'eut pourtant pas le temps de se mettre à paniquer car quelque chose de froid rencontra de suite sa bouche et en baissant les yeux, il vit son ami tenir une petite serviette blanche qu'il semblait avoir préalablement trempée à son visage. Oh non.

« Bordel, mais qu'est-ce qu'il t'arrive, Aurél ? Un coup de chaud ? À cette heure-là de la soirée ? lui demanda Claude qui semblait plus se parler à lui-même qu'à lui en vérité et il se laissa faire, un instant interdit. Pourquoi tu saignes comme ça ? Ça t'arrive souvent ? »

Il ne répondit pas, ne sachant pas lui-même ce qu'il lui arrivait depuis quelques jours, se mettant soudain à saigner sans qu'il ne sache pourquoi. Son ami avait un air grave sur le visage, celui qu'il prenait toujours en sa présence quand il comprenait que la situation demandait du sérieux, et il l'observa en silence tandis qu'il s'obstinait à l'essuyer pour arrêter le sang qui coulait de son nez. Claude était tellement doux avec lui. Toujours bienveillant. Comme le frère qu'il avait toujours rêvé avoir. C'est à ce moment-là qu'il entendit la porte des toilettes s'ouvrir au loin et en jetant un coup d'œil dans cette direction, il vit Guillaume en sortir en se rhabillant rapidement et il sentit son cœur plonger dans sa poitrine en comprenant alors qu'il avait eu raison un peu plus tôt en se disant qu'il allait le faire avec cette inconnue.

« Qu'est-ce qu'il a foutu encore ? maugréa Claude dans sa barbe en baissant sa main de son visage et se tournant, de toute évidence, pour voir ce qu'il regardait ainsi et en apercevant Guillaume à son tour. Me dit pas qu'il a encore baisé la clientèle. »

Il exhala un petit rire, amusé de la tournure de phrase de son ami même s'il n'avait vraiment pas le cœur à rire, et quand Claude se retourna vers lui en fronçant les sourcils comme pour lui demander ce qu'il trouvait drôle là-dedans, il haussa les épaules :

« Il a des pulsions.

— C'est pas une raison. Et puis... t'es même là, toi. Vous couchez encore ensemble, non ? lui demanda Claude et il haussa les épaules de nouveau à cette question.

— Oui. Mais c'est pas grave. Je l'ai autorisé. Enfin... de toute manière c'était soit ça, soit on arrêtait tout.

— Aurél... soupira alors Claude quand il dit ça et il esquissa un petit sourire.

— Je l'ai autorisé, répéta-t-il alors, comme pour se persuader lui-même. Mais... c'est vrai que ça me fait mal. Quand je le vois avec ces filles.

— Alors arrête tout, Aurél. Je t'ai prévenu déjà, non ? Tu vas finir blessé. Par sa faute.

— Je sais. Mais je suis amoureux de lui, Claude. J'y peux rien, répondit-il et son ami le regarda d'un air hésitant à ça.

— Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Vraiment ? Est-ce que les quelques heures que vous passez de temps en temps ensemble, dans le même lit, suffisent à effacer la souffrance qu'il t'inflige quand tu le vois avec ces filles le reste du temps ? »

Il se tourna vers Guillaume lorsque Claude lui demanda ça et frissonna en voyant que celui-ci était en train de l'observer comme il l'avait fait un peu plus tôt. Alors il sourit tristement, ressentant une grande tristesse s'abattre en lui tout à coup :

« Je sais pas. Mais ça me suffit. Pour l'instant. Et tant pis si je finis détruit. »

Claude ne répondit rien à ça mais il savait que son ami n'en pensait pas moins. Guillaume lui sourit de là où il se tenait et il lui sourit de même, ayant déjà envie de le retrouver. Le plus tôt possible le mieux. Sa présence entière lui manquait quand ils n'étaient pas seuls et ne pouvaient donc pas se comporter normalement l'un avec l'autre. Comme si un fossé se creusait alors entre eux deux. Ça lui devenait à peine supportable. Et il ne savait pas combien de temps encore il allait pouvoir tenir.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant