Partie 25 - La colère.

22 5 1
                                    

Deux jours plus tard.

Il se réveilla en entendant des bruits de voix provenant de la pièce voisine et comprit aussitôt que Claude avait reçu de la visite. Il resta donc un moment allongé dans le lit de ce dernier – son ami le lui ayant passé quand il lui avait proposé de rester dormir chez lui – et se mit à fixer le plafond. Ça faisait déjà plus de 24h maintenant qu'il était chez Claude. Hier matin en se levant, Claude lui avait proposé de passer la journée ensemble afin qu'il ne se sente pas seul, et son ami l'avait même accompagné chez le médecin comme il le lui avait déjà proposé plusieurs heures plus tôt. Le médecin lui avait prescrit un examen en ne voyant pas du premier coup d'œil à quoi pouvaient se rapporter ses symptômes et par chance, il avait réussi à avoir un examen cet après-midi aux urgences. Du coup il était resté chez Claude la nuit dernière aussi, n'ayant pas envie de rentrer chez lui et de se retrouver seul même si ce n'était pas l'unique raison de son envie de rester chez son ami. Claude l'avait laissé seulement pour aller s'occuper du bar hier soir et quand il était rentré, il dormait déjà, s'étant couché tôt étant très fatigué en ce moment. Et en rentrant de son examen en fin de matinée, se sentant fatigué de nouveau, Claude lui avait proposé de rester chez lui aujourd'hui encore en voyant qu'il n'avait pas l'air d'avoir envie encore une fois de rentrer chez lui et il était allé faire la sieste. Il angoissait un peu par rapport aux résultats de son examen, c'était vrai, mais en réalité il déprimait surtout à cause de Guillaume. De leur dernière conversation, si on pouvait appeler cette discussion comme ça.

Il est chez toi ? Vraiment ? entendit-il alors une voix dire de la pièce voisine et il se tourna vers la porte de la chambre, curieux.

Est-ce que c'est de lui qu'on parlait ? Et cette voix... est-ce que ce n'était pas celle de Guillaume ? Il pourrait jurer avoir reconnu cette dernière. Il se leva donc, doucement, comme s'il avait peur qu'on l'entende et qu'on vienne voir ce qu'il fabriquait, et se dirigea à tâtons vers la porte de la chambre pour essayer de mieux entendre.

« Ça fait deux jours qu'il crèche chez moi, là, le môme. Il refuse de retourner chez lui. T'as une idée pourquoi ? »

Il sentit son cœur se serrer en entendant son ami dire ça au plus grand. Pourquoi ? Parce qu'il voulait éviter de tomber sur lui justement. Parce qu'il n'avait pas envie de s'expliquer. Que Guillaume le jette et qu'il lui brise le cœur plus que ce dernier était déjà. Voilà pourquoi.

« Je sais pas... Quand il est parti de chez moi, j'ai même pas réussi à le retenir. Pourtant j'en avais envie. Je suis trop con.

— C'est pas moi qui l'ai dit. Mais je suis d'accord.

— Claude... entendit-il Guillaume soupirer.

— Quoi Claude ? Guillaume, Aurél il est fou amoureux de toi. Ça le tue cette situation. Faut que tu mettes les choses au clair. Soit tu sors avec lui, pour de vrai, et tu lui donne ce dont il a besoin dans sa vie... autrement dit toi, débile, soit tu lui expliques clairement que c'est fini car tu ne pourras jamais lui donner ce qu'il attend de toi. Cet entre-deux, c'est pas bon. C'est pas un jouet, je le connais, les plans culs c'est pas fait pour lui. »

Un grand silence s'abattit dans la pièce après la tirade de Claude et il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il savait que Claude avait raison. Et pourtant, qu'est-ce que c'était douloureux. Il lui en voulait presque de dire ça à Guillaume sur lui. Ça risquait de le faire fuir.

« Je... sais. Et je ne l'ai jamais pris comme ça. Un simple plan cul, entendit-il Guillaume répondre alors, le surprenant. Il est tellement plus que ça. Parce qu'il est ton ami, bien sûr, et aussi le mien maintenant... Mais aussi... parce que quand je le fais avec d'autres personnes... J'ai même essayé des mecs pour m'en assurer... c'est pas pareil, expliqua le plus grand et il écarquilla les yeux en l'entendant dire ça. Aurél... quand on couche ensemble... il est tellement généreux. Il se donne entièrement, je ne saurais pas t'expliquer...

— Et quoi ? C'est que son corps qui t'intéresse alors ? le coupa Claude et il sentit son cœur sauter dans sa poitrine à cette question acérée.

— Quoi ? Non, bien sûr que non. C'est pas ce que j'ai voulu dire. J'ai développé des sentiments pour lui. Vraiment. Mais... j'ai peur de m'engager, tu le sais. Après Chloé...

— Arrête avec Chloé, Guillaume, s'il te plaît. Chloé est morte il y a plus de trois ans maintenant. Il est temps que tu la laisses partir, tu crois pas ? Que tu reprennes une vie saine au lieu de te détruire comme dit si bien Aurél.

— Il t'a dit ça à toi aussi ? dit d'un air étonné Guillaume et il sentit ses larmes couler sur ses joues, se demandant pourquoi Claude lui racontait tout cela.

— Oui. Tu vis dangereusement. Et je te dirais libre à toi si ça ne se répercutait pas sur Aurél derrière. Laisse-moi te poser une question. Toutes ces fois où vous avez couché ensemble... est-ce qu'au moins vous vous êtes protégés ? »

Il se figea en entendant la question de son ami, véritablement étonné de cette dernière. Est-ce qu'ils s'étaient... protégés ? De quoi est-ce que–

« Tu connais déjà la réponse, Claude, si tu poses la question, répondit Guillaume et à ça il entendit un grand bruit qui le fit sursauter, comme si Claude avait poussé ce dernier contre l'armoire de son salon et en visualisant parfaitement la scène il sut que c'était ce qu'il s'était passé.

— Espèce d'irresponsable. Tu es sa première fois, putain. Tu comprends ça ? Sa première fois, répéta Claude et il écarquilla les yeux en l'entendant dire ça, se mettant à paniquer tout à fait.

— Quoi...?

— Oui, tu as bien entendu. Et maintenant, Aurél a attrapé quelque chose, on sait pas encore quoi et s'il s'avère que c'est de ta faute...

— Tu veux parler du fait qu'il est sans cesse fatigué et qu'il saigne du nez ? le coupa Guillaume et il déglutit péniblement, comprenant que Guillaume s'était rendu compte de cela et se mordant l'intérieur de la bouche pour s'empêcher de crier à Claude de se la fermer.

— Oui, je veux tout à fait parler de ça.

— Je m'en suis rendu compte hier. Il a perdu connaissance quand il s'est mis à paniquer pendant l'amour et quand il s'est mis à pleurer, j'ai vu qu'il commençait à saigner.

— Je veux que tu lui parles, Guillaume, et je veux que tu portes tes couilles. Je veux que tu arrêtes de fuir et que tu comprennes que tu fais une grosse erreur.

— De quelle erreur tu parles, Claude ? Je suis là, non ? C'est bien que je compte réparer ma faute, non ?

— J'espère bien. Parle avec Aurél. Et s'il te plaît, explique-lui pour Chloé. Dis-lui tout ce que tu n'as jamais raconté même à moi. Il est important qu'il sache ce qu'il s'est passé pour que tu sois comme ça. Tu me raconteras après. Je vous laisse seuls une petite heure et je reviens, ok ? T'as intérêt à arranger les choses. »

Guillaume ne répondit rien, mais il fut persuadé que celui-ci hocha la tête pour exprimer son accord. Dix secondes même pas plus tard, il entendit une porte claquer et il sut que Claude était parti. Celui-ci l'avait laissé seul avec Guillaume. Et il comprenait pourquoi il l'avait fait. Mais ça l'inquiétait quand même un peu. Il redoutait cette conversation.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant