Partie 20 - La familiarité.

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« Il exagère quand même. »

Il releva la tête de sa boisson d'un air étonné en entendant Claude dire ça à ses côtés. Il avait baissé la tête quelques secondes plus tôt alors qu'il parlait avec son ami en apercevant Guillaume se diriger vers les toilettes du petit bar, celui-ci entraînant une fille semblant hilare derrière lui. Alors que quelques soirs en arrière encore il était blotti tout contre lui dans son lit. Guillaume l'avait appelé petit chat et l'avait presque supplié de rester, lui assurant que sa présence près de lui lui faisait du bien en ce jour si difficile pour lui, et il s'était exécuté, aux anges. Il avait cru idiotement que ça changerait quelque chose, même infime, dans leur relation. Mais il s'était trompé apparemment. Guillaume était toujours le même.

« Mm ? De quoi ? répondit-il d'un faux air surpris et Claude à ses côtés lui sourit tristement.

— Guillaume, Aurél. Il vient de se casser avec une meuf dans les chiottes. Tu l'as vu aussi, non ?

— Mais... C'est bientôt la fin de son service, non ? Il est bientôt une heure du matin, c'est pas très grave... tenta-t-il, évitant de penser à quel point cela le blessait de le savoir baiser sans aucun doute quelqu'un d'autre que lui en ce moment-même.

— Hein ? Mais de quoi tu parles ?Je te parle du fait qu'ils vont sûrement baiser.

— Ah oui... bredouilla-t-il en détournant le regard, embarrassé. Ben... C'est pas étonnant. C'est comme ça qu'il est, on le sait.

— Et ça ne te fait rien ? »

Il se tut à cette question de Claude, sentant les larmes lui monter dangereusement aux yeux. Si ça ne lui faisait rien ? Évidemment que ça lui faisait quelque chose. Mais qu'est-ce qu'il pouvait faire contre ça ? C'était ses pulsions après tout. Et ils ne sortaient pas ensemble, alors il en avait le droit.

« Aurél, vous continuez à coucher ensemble, non, tous les deux ? lui demanda son ami en posant doucement sa main sur son avant-bras et il hésita un instant avant de hocher la tête. Je m'en doutais...

— Je l'aime, Claude... Et je sais... je sais qu'il ne changera jamais sur ce point. Peut-être à cause de ce qu'il s'est passé avec Chloé... Mais... c'est pas grave. Tant que je peux rester près de lui. Le côtoyer... et même plus.

— Tu risques de finir blessé, ma perle. Je te l'ai déjà dit, lui murmura son ami d'un air attristé et il haussa les épaules avant de se tourner vers lui, un petit sourire triste sur les lèvres.

— C'est pas grave, Claude. Il m'a déjà blessé il y a sept ans en me rejetant cette première fois et depuis, j'ai tiré un trait sur tout ce qui était amour, dit-il en repensant à quand Guillaume avait appelé la baise ainsi la veille, lui réchauffant alors le cœur. Alors tant pis s'il me blesse encore et encore, je suis amoureux de lui et y'a qu'avec lui que je veux le faire. »

Claude le regarda d'un air hésitant bien qu'il put apercevoir une pointe de tristesse dans ses yeux, puis son ami se pencha vers lui pour le prendre dans ses bras.

« J'ai compris ma caille... Juste... Je veux que tu saches que je serais toujours là pour toi, d'accord ? Et si ça devient trop un jour, j'espère que tu sais que tu as le droit de tout arrêter. De te retirer. Même si t'es amoureux de lui. Des mecs bien pour toi, on pourra t'en trouver d'autres. Ok ? »

Il sentit les larmes s'échapper de ses yeux en entendant Claude lui dire ça et exhala un petit rire dans son cou tandis que ce dernier caressait son dos avec douceur. Des mecs bien pour lui... Bien sûr qu'il savait que ça existait. Mais s'ils n'étaient pas Guillaume, il n'en voulait pas. Il n'avait jamais réussi à l'oublier ces sept dernières années, c'était pas aujourd'hui qu'il allait enfin y arriver, maintenant qu'il était dans sa vie de nouveau.

***

« Aurél ? T'es encore là ? »

Il tourna légèrement la tête afin de regarder Guillaume par-dessus son épaule qui l'avait appelé derrière lui. Il était sur la terrasse du petit bar, prêt à partir mais n'y arrivant jamais tout à fait, préférant se perdre dans ses pensées. En réalité, il pensait qu'inconsciemment il l'attendait.

« Oh, tu es là ? murmura-t-il en souriant doucement dans la nuit et Guillaume hésita un instant avant de se rapprocher de lui lorsqu'il frissonna, ne portant qu'une simple veste sur lui.

— T'as pas froid habillé comme ça, p'tit chat ? lui demanda ce dernier dans un murmure à son tour et il le sentit entourer sa taille de son bras pour l'envelopper dans sa chaleur et l'attirer contre lui ce qui fit grandir un petit sourire sur ses lèvres. Tu m'attendais, Aurél ?

— Peut-être...

— Alors... Tu veux que je te raccompagne ? Chez toi ?

— Mm... Oui, je veux bien. Si ça ne te dérange pas... »

Il entendit Guillaume exhaler un rire contre son cuir chevelu alors que ce dernier venait déposer un baiser contre celui-ci et il ferma les yeux, un petit sourire apaisé sur les lèvres. Il ne voulait pas trouver de mec bien même s'il savait que ce serait mieux pour lui. Il voulait Guillaume. Et personne d'autre. Et tant pis s'il finissait blessé encore une fois.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant