Partie 18 - La date.

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Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, l'alarme de son téléphone portable se déclenchant pour le réveiller pour le boulot, Aurélien eut du mal à émerger du sommeil. Il resta un long moment la joue contre son oreiller et les yeux simplement entrouverts, encore engourdis de fatigue, avant de sentir son cœur rater un battement en se rendant soudain compte de quelque chose. Il se redressa sur son lit et fixa la place vide à ses côtés d'un air confus. Guillaume n'était plus là. Habituellement, le plus grand était toujours en train de dormir lorsqu'il se réveillait à ses côtés et c'était lui le premier à se lever des deux. Mais apparemment, pas aujourd'hui. Il entendit alors un bruit d'eau provenant de la pièce voisine et il se leva pour se diriger vers sa salle de bain, aussitôt soulagé. Guillaume se lavait, c'était tout, il n'était pas parti. Le bruit de l'eau s'estompa et il resta dans le couloir près de la porte de la salle de bain, ne sachant pas vraiment où se mettre et attendant que Guillaume ne sorte. Et quand celui-ci sortit effectivement, le plus grand parut surpris de tomber sur lui :

« Aurél ? T'es réveillé ?

— Salut... J'ai cru que tu étais parti... dit-il en offrant un petit sourire timide à Guillaume et quand celui-ci ne répondit rien, il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Guillaume ?

— Je dois y aller, désolé. Je te laisse la salle de bain.

— Quoi ? Mais... »

Guillaume lui lança un bref regard incertain avant de tourner les talons et il le rattrapa en agrippant son avant-bras, de peur qu'il s'en aille réellement :

« Attends...! »

Il vint se blottir contre la chaleur réconfortante de Guillaume le temps que celui-ci ne comprenne ce qu'il se passait et quand il le sentit le repousser doucement quelques secondes à peine plus tard, son cœur se serra dans sa poitrine.

« Guillaume... murmura-t-il son prénom en lui lançant un regard implorant.

— Je dois vraiment y aller, Aurél. Désolé. »

Et Guillaume tourna les talons. Il resta seul dans son couloir, le cœur battant la chamade dans sa poitrine et se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour qu'il s'en aille ainsi. Ça ne lui ressemblait pas. Et il ne l'avait même pas embrassé avant de partir.

***

« Est-ce que... j'ai fait quelque chose de mal ? Sans même m'en rendre compte...? »

Il demanda ça le soir-même à Claude – assis près de son ami sur une des banquettes du petit bar – après que celui-ci lui ait expliqué qu'il avait donné sa soirée à Guillaume et que c'était donc pour ça qu'il n'était pas là, et il vit celui-ci secouer la tête en lui souriant doucement :

« Non, ma crevette. Tu n'as rien fait de mal. C'est juste que... c'est comme ça tous les ans à cette date.

— Cette date ? répéta-t-il, confus, en entendant son ami dire ça et celui-ci hocha la tête avant de lui sourire d'un air navré.

— Oui. C'est aujourd'hui que Chloé est morte. Il y a cinq ans. »

Il haussa les sourcils de surprise, ne s'attendant pas à cette révélation, puis baissa la tête, se sentant soudain honteux.

« Oh... Je vois... Je suis idiot.

— Quoi ? Pourquoi tu dis ça, Aurél ? lui demanda doucement son ami en venant poser sa main sur la sienne par-dessus la table et il secoua la tête, une boule à présent logée dans la gorge.

— Je suis tellement égocentrique. Cette hypothèse ne m'a même pas effleuré. J'ai juste pensé à moi. »

Il vint se passer une main sur les yeux en sentant les larmes affluer à ces derniers en pensant alors à Chloé et à la tristesse que devait ressentir Guillaume en ce moment-même alors qu'il avait imaginé toute la journée que si Guillaume avait été aussi distant ce matin-là ça devait être de sa faute.

« Oh, mais non, ma perle... Tu n'es pas du tout égoïste pour n'y avoir pas pensé... Ne dis pas ça... C'est normal que tu aies eu peur en étant autant dans le flou. Il ne t'en a jamais parlé, lui, non ? Alors tu pouvais pas savoir, hein ? lui dit son ami en l'attirant à lui pour le prendre dans ses bras et il hocha la tête, les larmes se mettant à couler sur ses joues. Va, va... Tout va bien, Aurél... Mais maintenant tu sais... pourquoi il a agi aussi étrangement ce matin... Et pourquoi il n'est pas là ce soir...

Il hocha la tête dans les bras de son ami et ferma les yeux doucement, le visage de Guillaume apparaissant derrière ses paupières closes. Guillaume devait tellement souffrir, comme il l'avait deviné plusieurs semaines plus tôt :

« Je t'avais dit, Claude... je t'avais dit qu'il souffrait encore... À cause d'elle. De sa mort... Et je suis sûr que c'est pour ça qu'il drague tout ce qui bouge. Qu'il veut autant se sentir vivre, comme tu dis.

— C'est vrai, tu dois avoir raison... Mais s'il te plaît, Aurél, je ne veux pas que tu souffres à ton tour alors à cause de lui. Fais attention à toi, ok ? »

Il resta un long moment immobile, réfléchissant aux mots de son ami, avant de hocher la tête. Oui, il allait faire attention. Mais il savait que ça ne servirait à rien en réalité. Parce qu'il avait décidé de se donner à 100% à Guillaume, même s'il finissait par être blessé à la fin. Il avait attendu toute sa vie pour ça.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant