Partie 14 - La peur.

28 5 1
                                    

Deux jours plus tard.

« Mais qu'est-ce que tu peux être chiant quand tu t'y mets ! Tu sais que j'ai raison !

— Ferme-là, Claude ! Je sais quand même mieux que toi, non ?? »

Il haussa les sourcils de surprise quand il entra dans le petit bar ce soir-là – ce dernier étant encore vide comme il venait tout juste d'ouvrir pour la soirée – en voyant Claude et Guillaume sembler se disputer et il croisa le regard de ce dernier. Le plus grand le fixa un moment, paraissant surpris de le voir, puis il l'entendit marmonner un petit Putain dans sa barbe avant de tourner les talons pour monter à l'étage où il savait être le bureau et ses affaires. Il entendit Claude pousser un long soupir frustré en se passant une main sur le visage avant que ce dernier ne se tourne vers lui et ne le voit à son tour :

« Ah, Aurél. T'es déjà là ?

— Je... Oui... Est-ce que je dérange ? Tu veux que je revienne un peu plus tard ?

— Quoi ? Non, pas du tout, lui dit Claude en secouant la tête avant de s'approcher de lui. C'est juste une petite dispute. T'es ici chez toi autant que Guillaume et moi, ok ? Je te ramène un Ice-tea ? »

Il hocha la tête doucement et alla s'asseoir à une table avec banquette près du mur, attendant Claude. Il se mordit fébrilement la lèvre inférieure, se demandant de quoi ils pouvaient bien parler avant son arrivée qui avait fait autant péter un plomb au plus grand. Alors quand Claude revint avec sa boisson et s'assit en face de lui quelques secondes plus tard, il ne put s'empêcher de le lui demander :

« Claude, pourquoi Guillaume et toi vous vous engueuliez ?

— Ah... C'est rien, soupira son ami en portant la bière qu'il s'était servie à ses lèvres. Guillaume m'a juste raconté votre discussion de avant-hier.

— Avant-hier ? Tu veux dire... celle qu'on a eu dans les toilettes ?

— Ouais, celle-là, voilà. Ben il m'a expliqué ce que vous vous êtes dit et je lui ai dit que tu avais parfaitement raison.

— Claude... Rassure-moi, tu ne lui as pas dit... balbutia-t-il, soudain inquiet que son ami ait pu dire à Guillaume qu'il était sa première fois, et celui-ci secoua la tête, le rassurant aussitôt.

— Non, bien sûr que non, tu me prends pour qui ? C'est pas à moi de le lui dire. C'est à toi et à personne d'autre. En tout cas, il m'a raconté que tu lui avais dit que ça t'avais fait mal de le voir draguer cette fille le lendemain à peine d'avoir couché avec toi et qu'il s'en voulait de l'avoir fait car il voyait maintenant que t'étais encore amoureux de lui.

— S'en vouloir... de quoi ? D'avoir embrassé la fille ou bien...

— D'avoir couché avec toi, soupira Claude et il baissa la tête à ça, se sentant soudain honteux. Aurél, c'est pas qu'il regrette. C'est plutôt qu'il a peur de te blesser maintenant. Il m'a dit qu'il te l'avait répété maintes et maintes fois que c'était que du sexe et que lui cette vie ça lui convenait. Mais qu'en fait, tu t'étais mis dans la tête de le changer. De le ranger.

— C'est... C'est pas vrai... J'ai dit ça comme ça. Il ment... J'ai jamais voulu le forcer, bredouilla-t-il et il sentit alors son ami poser sa main sur la sienne sur la table.

— Je sais... Et lui aussi il le sait, j'en suis sûr. Il est juste de mauvaise foi. Mais je comprends ce que t'as voulu dire et je suis d'accord avec toi. Tu veux seulement l'aider, mais s'il refuse ta main tendue, Aurél, on peut rien y faire, hein. »

Il hocha la tête doucement, le cœur lourd à cause de ce que venait de lui dire son ami. Guillaume s'était senti poussé dans ses retranchements à cause de lui et maintenant, à cause de ça, il regrettait d'avoir passé cette nuit avec lui. Il sentit les larmes lui monter aux yeux en pensant qu'il avait tout gâché encore une fois. Il était trop bête. Et Guillaume le rejetait encore une fois.

***

« Mm... A-Attends, où est-ce que tu m'amènes...? »

Il sentit son cœur rater un battement dans sa poitrine en voyant le garçon qui le tirait par la main ouvrir la porte des toilettes et rentrer dedans en l'entraînant avec lui. Celui-ci était venu lui parler durant la soirée et il avait accepté de faire la conversation avec lui pour ne pas paraître impoli. Le garçon s'était alors mis à le draguer ouvertement, lui offrant même un verre, ce qui l'avait embarrassé au point de vouloir mettre court à la conversation, avant de croiser le regard de Guillaume derrière le bar, celui-ci l'observant les sourcils froncés et un air mécontent sur le visage. Cette expression sur son visage l'avait étonné et il s'était demandé pourquoi Guillaume semblait si ennuyé avant de décider de rentrer dans le jeu de l'autre garçon pour voir la réaction du plus grand. Sauf qu'il était allé trop loin. Le garçon lui avait demandé s'il en avait envie et, sans vraiment savoir de quoi il voulait parler, il avait hoché la tête. Sauf que maintenant il comprenait ce qu'il avait voulu dire en le voyant l'entraîner dans les toilettes à sa suite et il se mit à paniquer.

« A-Attends... Je ne...

— Mais si... Ça va être sympa, tu vas voir. Laisse-toi faire. »

Il se figea en l'entendant dire ça et écarquilla les yeux en le voyant l'entraîner dans l'un des deux toilettes, à présent complètement terrifié. De plus, il pouvait sentir l'alcool qu'il n'avait pas l'habitude de consommer dans ses veines et la tête lui tournait un peu à cause de cela. Il vit le garçon se mettre à genoux devant lui avant de se mettre à trifouiller dans son pantalon afin de lui enlever sa ceinture :

« N-Non... Arrête...

— C'est moi qui vais te donner du plaisir, ne t'en fais pas, je m'occupe de tout, lui dit le garçon en réussissant enfin à baisser légèrement son pantalon pour avoir accès à son caleçon en dessous et il sentit les larmes s'échapper de ses yeux sous la panique. Et peut-être que tu pourras me rendre la pareille après. »

Il faillit tourner de l'œil en l'entendant dire ça et il se sentit suffoquer, une chaleur immense prenant alors place dans tout son corps tandis qu'un seul mot lui venait à l'esprit : le prénom du plus grand.

« Gui... Guillaume... S'il te plaît... Guillaume...! »

Le garçon releva un visage confus vers lui quand il appela ce dernier d'une voix éraillée et alors qu'il était sur le point de lui descendre son caleçon sur les cuisses et c'est à ce moment-là qu'il entendit la porte des toilettes où ils se trouvaient s'ouvrir à la volée, le faisant sursauter brusquement.

« Aurél ! Qu'est-ce que... »

Il se tourna en direction de la voix qu'il aurait pu reconnaître entre mille et tomba effectivement sur Guillaume, les yeux écarquillés et l'air abasourdi. Celui-ci regarda le garçon à ses pieds, puis lui, puis le garçon de nouveau, semblant complètement perdu avant qu'il ne le voit froncer les sourcils et s'élancer vers le garçon pour le prendre par le col de son tee-shirt :

« Qu'est-ce que tu lui as fait ?!

— Hein ? Mais rien... rien du tout...! Je le jure...

— Aurél ! C'est vrai ce qu'il dit ce connard ?! lui demanda Guillaume en se tournant vers lui sans jamais lâcher le garçon et il hocha la tête alors qu'il sentait les larmes inonder son visage.

— Putain... dégage alors !! Et plus vite que ça !! »

Le garçon n'attendit pas qu'il le lui répète une deuxième fois avant de détaler et il éclata en sanglots une fois seul avec Guillaume. Il avait eu tellement peur. Il était terrifié.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant