Partie 4 - La discussion.

35 9 4
                                    

« Eh, salut. »

Il sursauta en entendant la voix de Guillaume l'interpeller deux jours plus tard quand il revint au petit bar pour voir Claude. Il tourna la tête et vit ce dernier en train de fumer accoudé nonchalamment à la balustrade de la terrasse, devant la porte d'entrée du bar. Il fut étonné de ne pas l'avoir aperçu plus tôt mais se rappela qu'il s'était perdu dans ses pensées en pensant, justement, au fait qu'il risquait de le croiser en venant ici.

« Sa-Salut, répondit-il en bégayant et il se flagella mentalement en entendant sa voix sortir ainsi, se disant qu'il devait être totalement ridicule.

— Aurél, c'est ça ? lui demanda Guillaume en rigolant et il rougit violemment, persuadé qu'il se moquait de lui.

— Euh, o-oui... Enfin... Aurélien.

— Oui, bien sûr. Aurélien Cotentin, n'est-ce pas ?

— Je... Euh... Oui... bredouilla-t-il, surpris de l'entendre dire son nom de famille alors que quelques secondes auparavant encore il se demandait s'il se rappelait vraiment plus de lui en l'entendant lui demander s'il s'appelait bien Aurél. Tu... te rappelles de moi...?

— Un peu, oui. Mais c'est surtout Claude qui me l'a rappelé quand on a parlé de toi tout à l'heure.

— Claude ? répéta-t-il, soudain inquiet de ce que pouvait lui avoir dit sur lui ce dernier. Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il t'a dit sur moi ?

— Oh et bien, pas grand chose. Juste... que ça l'embêtait parce qu'il t'adorait et qu'il était trop content de te retrouver, mais que maintenant il se retrouvait dans une situation délicate à cause de moi à ton sujet.

— Oh non... murmura-t-il, se demandant ce que Claude avait bien pu raconter à Guillaume.

— T'inquiète pas, Aurél, rigola alors Guillaume en venant écraser sa cigarette dans un cendrier à ses côtés sur la rambarde et il sentit son cœur trembler en l'entendant l'appeler ainsi de nouveau. Je ne m'en souvenais pas trop de cette histoire, mais je lui ai bien fait comprendre qu'on était grands maintenant. On peut se comporter comme de grandes personnes et quand même être amis tous les deux avec lui. On peut même être amis toi et moi si ça te dit. Après tout, Claude c'est notre meilleur ami à tous les deux, non ? »

Il réfléchit, se perdant dans ses souvenirs de son ami, avant de froncer les sourcils. Non, Claude n'était pas son meilleur ami à lui. Il avait toujours considéré ce dernier comme un grand frère protecteur à son égard. Mais Guillaume avait raison sur un point : il ferait absolument tout pour ne pas gâcher sa relation avec Claude. Surtout maintenant qu'il l'avait enfin retrouvé.

« Claude... Je le considère plutôt comme mon grand frère, dit-il sans vraiment s'en rendre compte et il vit Guillaume sourire de là où il était sur la terrasse menant au bar. Un grand frère... que je viens à peine de retrouver et que j'ai pas vu depuis sept ans... C'était mon voisin à l'époque. Alors ça fait longtemps que je le connais, tout ce que je sais, c'est lui qu'il me l'a appris.

— Oui, je sais. Il m'a raconté. Lui aussi te considère comme cela. Il t'adore et je suis vraiment content que tu aies réussi à le retrouver grâce à Internet. Il m'a toujours parlé de toi, dès le premier moment où on s'est rencontrés tous les deux même... Mais quand tu es entré en contact avec lui pour la première fois, alors là c'était pire, rigola le plus grand, il était vraiment trop excité. D'ailleurs il m'a aussi raconté que tu étais parti de la ville peu de temps après qu'un connard t'ait brisé le cœur, dit Guillaume en riant de plus belle dans la nuit qui descendait sur la ville et il rougit violemment en l'entendant parler de ça tout à coup. Je comprends maintenant que c'est moi le connard en question...! À l'époque j'étais tellement obnubilé par ma relation avec ta sœur... Tout ça pour ça... »

Il resta silencieux un instant, observant Guillaume qui lui souriait de là où il se tenait et il hocha la tête doucement, ne sachant que répondre à ça.

« Clara va bien d'ailleurs ? reprit alors Guillaume et il sentit son cœur se serrer en l'entendant se mettre à parler de sa sœur.

— Je... Je sais pas pour être honnête...

— Comment ça ? répondit sans surprise le plus grand, étonné de sa réponse.

— Ça fait... trois ans maintenant qu'elle est partie vivre au Canada. Elle y était partie pour continuer ses études et elle a rencontré un garçon là-bas. Elle a fini par... se fiancer avec, dit-il d'un air hésitant, ne sachant pas s'il faisait bien de raconter ça à Guillaume avec qui elle était sortie, ne sachant pas à quel point celui-ci était resté attaché à sa sœur. Et depuis... elle donne plus trop de nouvelles. Ce qui agace mes parents d'ailleurs...

— Je vois. Ben tu sais ce qu'on dit... Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Elle doit se plaire dans sa nouvelle vie, c'est tout. » dit Guillaume en haussant les épaules.

Il hocha la tête doucement, se disant intérieurement que malgré le fait qu'il aimait sa sœur, ça l'arrangeait qu'elle soit allée vivre aussi loin, leur relation s'étant quelque peu distendue lorsqu'elle avait appris qu'il était allé avouer ses sentiments à Guillaume après qu'elle et lui aient rompu. Il l'avait blessée, et il s'en voulait un peu pour ça. Même s'il n'avait jamais compris pourquoi ça l'agaçait tant alors que c'était elle qui avait préféré casser avec le plus grand.

« Bon allez, on rentre ? Il commence à faire froid je trouve, lui dit alors Guillaume et il revint à la réalité à ça. T'es venu voir Claude à la base en plus, pas moi, non ? »

Il força alors un petit sourire sur ses lèvres et hocha la tête. Oui, Guillaume avait raison. Ils étaient grands à présent. Et ils pouvaient faire abstraction du passé en honneur de leur ami commun. Enfin... c'était quand même facile à dire pour lui qui, il avait l'impression, ne se souvenait de toute façon pas tant que ça de lui. Contrairement à lui... Mais il allait essayer.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant