Partie 7 - L'inquiétude.

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Une semaine plus tard.

« Aurél, ça va ? »

Il releva la tête de son verre en entendant Claude lui poser cette question et il lui sourit doucement. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais aujourd'hui il se sentait triste. Il s'était senti ainsi toute la journée et en arrivant au bar ce soir-là, il avait encore trouvé Guillaume en train de draguer une fille quelconque. Maintenant, il comprenait que c'était comme ça à chaque fois que la nuit commençait à tomber et que le petit bar se transformait en piste de danse.

« Guillaume t'a trouvé au final ? dit-il doucement, ayant demandé à ce dernier s'il pouvait aller le chercher et lui dire qu'il était arrivé.

— Oui, bien sûr. J'étais juste en train de faire les comptes dans le bureau à l'étage. Ça fait longtemps que t'attends ?

— Non, non, ne t'inquiète pas. Il m'a servi à boire en attendant mais... comme y a beaucoup de clients il pouvait pas rester avec moi. »

Il chercha Guillaume du regard en disant ça et le trouva en train de parler, un sourire charmeur sur les lèvres, à une fille. Pas la même que lorsqu'il était arrivé tout à l'heure. Celle-ci avait sa main posée délicatement sur son avant-bras et alors, il vit Guillaume se pencher pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. La fille exhala un petit rire avant de prendre Guillaume par la main, puis il la regarda l'entraîner avec elle pour aller danser.

« Il bosse dur, je confirme, dit Claude en exhalant un rire à son tour avant de reprendre en ne le voyant pas rire avec lui. Aurél, ça va ?

— Je... Je n'aime pas le voir comme ça. J'ai l'impression qu'il se détruit, dit-il en se retournant vers Claude, un air inquiet sur le visage.

— Se détruit ? Tu n'y vas pas un peu trop fort là quand même ? lui répondit son ami en fronçant les sourcils et il secoua la tête. Aurél, Guillaume est grand. Il est majeur et vacciné alors s'il veut coucher avec la terre entière, il en a le droit. C'est pas moi qui vais le lui interdire.

— Je sais mais... c'est pas parce qu'il en a le droit, qu'il faut qu'il le fasse. Je trouve pas ça sain... Je suis sûr qu'il fait ça pour oublier sa peine. Par rapport à Chloé... S'il était vraiment heureux, il n'aurait pas besoin de chercher ces sensations en se détruisant dans le même temps.

— Eh la crevette, on parle pas de drogue là, hein. Juste de cul.

— Oui, c'est ce que je dis. C'est que du sexe. Du sexe bête et méchant. C'est exactement pareil. Il doit être heureux sur le moment en le faisant... Enfin... J'imagine... dit-il en détournant alors le regard, gêné, avant de se tourner de nouveau vers Guillaume qui dansait avec la fille à quelques mètres de lui, un sourire apaisé sur le visage. Mais après... quand la réalité le rattrape et qu'il se rappelle de ce qu'il a perdu... je suis sûr que ça le détruit. Ça doit être violent. »

Claude resta muet un long moment tandis qu'il observait Guillaume danser collé serré avec la fille brune du bar, un noeud dans l'estomac à cette vision, avant de sentir son ami poser une main avec douceur sur son avant-bras pour attirer son attention.

« Aurél, j'ai une question qui me vient à l'esprit là. Enfin... plutôt deux.

— Mm ? Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il en sortant de sa contemplation du plus grand pour se tourner vers Claude et il rougit en le voyant le regarder avec autant de sérieux. Qu-Quoi ? C'est quoi ta question ?

— Tu as 21 ans maintenant, c'est ça ?

— Oui...?

— Et... tu as déjà... enfin, toi, tu as déjà fait l'amour avec quelqu'un ? Garçon ou fille, peu importe. »

Il sentit ses joues le chauffer à la question de Claude et il fut sûr qu'il était rouge écarlate tant il était gêné par sa question.

« Quoi ? Pou-Pourquoi tu me demandes ça ?

— Je sais pas... Je te trouve... très innocent, on va dire sur le sujet. Ou bien alors c'est l'exact contraire. Tu connais exactement ce que tu racontes car tu l'as vécu ? Ce besoin de coucher avec n'importe qui pour oublier sa peine ? Est-ce que c'est du vécu ?

— Hein ? Non, non pas du tout, se précipita-t-il de rectifier pour son ami. Je n'ai jamais... commença-t-il avant de détourner le regard, fortement embarrassé. Enfin... Si, c'est ça... Je n'ai jamais... fait l'amour. »

Claude ne parut pas surpris quand il lui avoua cela, mais il vit celui-ci hocher la tête doucement. Son ami posa ensuite sa main sur la sienne par-dessus la table et lui sourit gentiment :

« Je vois. Je comprends mieux. Ça ne m'étonne pas plus que ça d'ailleurs venant de toi. T'as toujours eu une vision très romantique de l'amour. Et... tu sais pourquoi ? Tu n'as jamais trouvé de personne assez bien ?

— C'est pas... C'est pas ça... balbutia-t-il, gêné d'avoir cette conversation avec lui et en plein milieu d'un bar en plus de ça. C'est juste que... je pense... tu vas trouver ça bête hein mais... je pense que je suis toujours amoureux de lui.

— Par lui, tu veux parler de Guillaume ?

— Mm... Oui. Depuis qu'il m'a rejeté... c'est comme si mon cœur s'était figé à jamais. Personne ne me plaît, personne ne me semble assez, parce que je sais que lui il existe. Et y'a que en pensant à lui, ce que j'ai essayé des années durant de ne pas faire et... j'ai essayé de toutes mes forces de l'oublier, Claude, quand je suis parti mais sans succès... y'a que quand je pense à lui que mon cœur se met à battre plus fort. Je suis désolé. »

Il sentit les larmes lui monter aux yeux en pensant à ça et il vit Claude froncer les sourcils légèrement.

« Pourquoi tu t'excuses ?

— Je sais pas... Parce que c'est ridicule...? Tu dois trouver ça tellement bête... murmura-t-il alors qu'il sentait les larmes couler le long de ses joues en silence.

— Mais non, pas du tout. Je peux comprendre même. Et c'est plutôt moi qui suis désolé, Aurél. Parce que sans le vouloir, c'est à cause de moi s'il est rentré dans ta vie de nouveau. Je ne pensais pas que ça te faisait souffrir à ce point...

— Mais... non... Ça ne me fait pas souffrir. Ça me fait même plaisir. Car grâce à toi, je suis près de lui. Je peux être son ami. Mais c'est vrai que le voir se détruire ainsi... ça me fait mal. Il mérite tellement d'être heureux, Claude. Tu le sais mieux que quiconque, non, vu que tu es son meilleur ami ? »

Claude lui sourit tristement quand il dit ça avant de se tourner vers Guillaume pour le regarder, puis il le sentit l'attirer à lui pour le prendre dans ses bras, le surprenant sur le coup.

« Toi aussi, Aurél. Toi aussi tu mérites d'être heureux... Vraiment. »

Il sanglota dans les bras de son ami en l'entendant lui murmurer ça à l'oreille, ne se préoccupant pas qu'ils étaient en plein milieu d'un bar bondé avec la musique à fond et des gens qui dansaient autour d'eux. Claude n'avait pas à s'inquiéter pour ça. Il était heureux. D'être avec lui, de l'avoir retrouvé après tout ce temps, d'être près de Guillaume aussi même si c'était seulement en temps qu'ami... tout ça faisait de lui un homme heureux. Mais ce soir, malgré tout ça, son cœur lui faisait quand même mal. Et il n'y pouvait rien. Demain ça irait mieux.

Fiction OrelxGringe - Je t'aime toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant