Chapitre 3

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Elle considéra un instant la main tendue, enfin sûrement, vu que les verres teintés cachaient presque entièrement ses expressions faciales. Puis un large sourire franc étira ses lèvres et elle saisit la main et la secoua vigoureusement :

- Pas de problèmes, je suis désolée, mes collèges me rabâchent à tout bout de champs que j'ai un fichu caractère, et comme on est toujours à fond en ce moment, ça empire, il va falloir que tu t'y habitue si tu restes ! Bienvenu Nael, je suis Katy-Lynn, mais fais comme tout le monde s'il te plaît, et appelle-moi Kat. Suis-moi, on a un programme chargé !

Et la grande jeune femme partit à grandes enjambées vers un 4×4 vert sombre garé à quelques mètres des cahutes.

Nael, bouche bée devant son brusque changement d'humeur, était resté un moment cloué sur place. Avec un temps de retard, il remonta la bandoulière de son sac sur son épaule, redressa la valise à roulette, souleva la seconde à bout de bras, et s'efforça de rejoindre Kat. La jeune femme l'attendait déjà en tapotant du bout des doigts sur le volant un petit rythme précipité.

Sans faire de commentaire, elle le regarda avancer laborieusement vers le véhicule en traînant ses grosses valises. Lorsqu'il les eu enfin hissées à l'arrière du 4×4, elle remarqua :

- Tu aurais pu en prendre moins tu sais. Au camp, il n'y a pas énormément de place par individu... Et puis, fit-elle en désignant du menton son énorme sac, une lampe tempête, on en a déjà plusieurs, pas vraiment la peine d'en avoir une pour toi tout seul.

Nael se sentit un peu bête. Il s'était rengorgé d'avoir pensé à emmener ce genre de lampe d'aventurier, sans vraiment penser que sa destination était un camp presque militaire, où la rigueur était de mise, avec de vrais aventuriers, pas d'opérette. Et comme Kat l'avait remarqué dès qu'elle l'avait vu, dans cette situation, il s'était un peu pris pour un touriste en quête de destinations à sensations fortes, qui en chaussant de petites lunettes de soleil ronde, se prend pour un intrépide pionnier. Il avait même pris un petit appareil numérique, le genre qu'emporterait un touriste invité à assister à la mise à mort d'un requin lors d'une pêche au gros, ou d'un animal de brousse, lors d'un safari africain.

Un peu honteux de s'être laissé emporter par son imagination, Nael se racla la gorge, ce qui fit rire sa compagne brune.

- Eh, ne t'inquiète pas, tu ne pouvais pas savoir ! Tu n'es jamais venu dans la jungle, n'est-ce pas ?

- Non. Mais j'aurais dû ne douter qu'il ne fallait pas que je m'encombre de choses inutiles...

Kat se tourna vers lui :

- Ecoute, si tu veux on va faire un truc. Puisque tu dis avoir pris des choses inutiles, tu n'as qu'à en laisser ici, dans une des cabanes !

- Mais, elles servent bien à quelque chose ces cabanes ! Ça ne gênerait pas de laisser des trucs là-dedans ?

Kat fit la moue.

- En fait, c'était les habitations des indigènes que l'on avait engagés. Je dis « c'était », parce que ces trouillards superstitieux se sont enfuit il y a deux semaines.

- Pourquoi ?

La jeune femme descendit de la voiture et s'empara d'une des valises.

- Je viens de le dire : superstitions. Ils ont eu peur des « tigres de sang ». Ils disent qu'ils sont des demi-dieux, et qu'il faut les laisser en paix, ou les dieux nous puniront. Pff ! Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas un peu plus curieux de leur environnement. Heureusement que nous sommes là, la science va pouvoir faire des progrès incroyables !Nael la suivit en prenant sa deuxième valise et son sac de toile.

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