Chapitre 15

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Je dédicace ce chapitre à Tiffany Targaryen, qui m'aide énormément par ses commentaires et ses votes! Et par sa fiction Aeternam Galaxy que je trouve vraiment géniale! Allez y jeter un coup d'œil si vous aimez la science-fiction et les extra-terrestres! Je vous la recommande à 200%!

- Bon sang, qu'est-ce que tu as dans le crâne, pauv' nul ! Tu as intérêt à avoir fini ça quand je reviendrais, sinon je sens qu'on aura de la viande fraîche au repas ce soir ! T'as imprimé ?
- Oui, m'sieur ! Pardon m'sieur ! Ce sera fait !
- Et arrête un peu de trembler, tu me donne envie de te rouer de coups jusqu'à ce que tes genoux ne puissent plus jouer les castagnettes !

Le petit commis eu l'air de fournir un effort surhumain pour ravaler sa peur.
Nael qui observait la scène de loin demanda à Kyle qui l'accompagnait :
- Qu'est-ce que le " boss " fiche ici ? Il n'est pas censé être à Karaté Kid avec les autres traqueurs ?
- Eh non ! Il a décidé d'inspecter les camps parallèles. Quelle plaie ce type ! souffla le jeune homme sans pour autant élever la voix. Si tu savais le cirque qu'il nous a fait subir hier soir... Un vrai bouledogue ! Pire que d'habitude, tu croyais ça possible toi ?
- Yann, pire que d'habitude ? Je n'imagine même pas ! Il y a pire ?
- Je te le garantis. Il a même fait pleurer Monique, à force de la harceler sur l'entretien de son fusil de chasse. La pauvre, elle n'a pas de chance que ce soit tombé sur elle...

Monique était l'une des traqueuses les plus expérimentés du groupe des parias. Elle n'en était pas moins un modèle de douceur et de patience, et beaucoup la taquinait sur son âge en l'appelant « maman », ce qu'elle acceptait de bonne grâce. Le fait que quelqu'un, même Yann ai réussi à lui faire perdre ses moyens au point de pleurer, surtout sur son sujet favori, car elle adorait s'occuper de son fusil, décontenança le jeune peintre.
Une question lui vint à l'esprit :
- Tu sais pourquoi il est dans cet état ?
- Il paraît qu'hier il a vu un Arcadien, qu'il l'a blessé mais qu'il lui a échappé ! C'est vrai que c'est nouveau pour lui, que sa proie lui échappe comme ça. Tu sais qu'il est très réputé dans le milieu comme le chasseur qui a toujours le dernier mot très rapidement ? Du coup son équipe est à cran, parce qu'il a passé ses nerfs sur ceux qui l'accompagnait, et que ça peut tomber sur n'importe qui passe à sa portée...
- Conclusion, il vaut mieux l'éviter c'est ça ?
Kyle émit un petit rire :
- T'as tout compris mon pote !

Nael sourit à son ami, l'esprit déjà ailleurs. Ce soir, il irait de nouveau à la clairière, pour faire quelques croquis, et bien évidemment, pour essayer de revoir " son " Anatyia. Elle avait occupé son esprit toute la journée, et avait hanté ses rêves. Les mystères l'attiraient irrésistiblement, et celui-ci était en plus diablement canon...Plus il y pensait, plus il aspirait à l'expliquer. Pourquoi se cachait-elle des membres de l'expédition ? Accepterait-elle de le revoir, où fuirait-elle de peur que les Occidentaux ne la remarque ? Avait-elle une famille, une tribu de ses semblables quelque part ? Ces questions tournaient en boucle dans son esprit, et il brûlait d'avoir des réponses.
Quelques instants plus tard, il avait complètement oublié sa conversation avec Kyle.

***

L'eau bruissait à sa gauche, émettant un doux bruit reposant qui le berçait. Même le grondement des chutes en aval était apaisant. Il attendait, seul. Assis dans la jolie clairière, les paupières fermées, appuyé en arrière sur ses paumes, Nael profitait de la fraîcheur de l'endroit tout en laissant les rayons de soleil filtrés par les arbres caresser son visage. De nouveau il s'étonna du chant mélodieux des oiseaux, si... sensuel, si humain, presque comme un message de paix et de bonheur au visiteur. Mais il se laissait emporter par son imagination. Il se redressa et ouvrant les yeux, il regarda autour de lui. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'il était arrivé à la vaste clairière, et il avait eu le temps de faire quantité de croquis, mais toujours aucunes traces de sa belle inconnue.

Pour la énième fois depuis qu'il était ici, il grimaça et scruta l'orée de la forêt. Non, il était vraiment seul. Et pourtant... Il éprouvait la désagréable impression qu'on l'observait. Mais il devait virer parano, car depuis qu'il savait Yann dans les parages du camp, il ne se sentait pas en sécurité, même dans la jungle. Plusieurs fois durant son trajet jusqu'à la clairière, il s'était retourné, persuadé d'être suivi. Mais ce n'était que son imagination, car à chaque fois il n'avait vu que les feuillages et les arbres autour de lui.
Mais cette sensation de n'être pas seul persistait, et le mettait mal à l'aise. Pour la seconde fois, il appela :
- Anatyia ? C'est toi ?
On ne sait jamais s'était-il dit. Peut-être était-ce elle qui l'observait cachée dans la végétation. Mais seul le silence lui répondit, et rien ne bougea. « Je dois être fou, ou alors vraiment stressé par le " boss ". » se dit-il.
Il se retourna de nouveau vers le courant d'eau et regarda filer le liquide scintillant, les yeux dans le vague. Avait-il bien fait de revenir ici ? Pour la première fois depuis qu'il avait pénétré dans la jungle, il se sentait mal à l'aise, comme en terrain inconnu, dangereux et insondable. La magie de cet endroit rayonnait toujours, mais elle s'était teintée de mystère, et... de peur. Heureusement, il avait emporté son revolver, et il venait juste de vérifier qu'il était chargé. Pourtant il voulait savoir, et revoir la belle indigène au comportement si insolite, presque bestial. Il voulait la revoir, pour pouvoir expliquer ce sentiment étrange qui s'insinuait sous sa peau, dans son cœur. Et il voulait répondre aux questions qui trottaient dans sa tête.
Il en était là de ses pensées quand il sentit la jungle bruisser derrière lui. Pour une raison inconnue, alors qu'il avait été constamment à l'affut depuis qu'il était là, il ne se retourna pas. Un frisson parcourut son échine et il se redressa pour se tenir plus droit. Des pas légers s'avancèrent vers lui, et quelqu'un s'assit à ses côtés, sans un mot, sans un regard. Du coin de l'œil, il observa les pieds fins d'Anatyia qui jouaient doucement dans l'eau.

- Salut.
Dès que ce mot eu franchit ses lèvres, il se sentit bête. Pourtant il continua :
- Je suis content de te voir. Même si tu ne me comprends pas, je te le dit quand même : je ne pensais pas que tu viendrais.
Elle émit une sorte de soupir, et dans un murmure :
- Spoke tooki mespap, spoke tooki.
- Sûrement. Seulement se serait plus pratique que je sache ce que tu viens de dire, ça...faciliterait la... compréhension...remarque, évidemment. Qu'est-ce que je dis ? Je m'embrouille totalement...
Il porta une main à sa tête et soupira exagérément.

Elle émit une sorte de reniflement qui pouvait ressembler à un rire et se tourna enfin vers lui. D'un geste sec, elle lui saisit le visage pour le forcer à la regarder. Comme la première fois, son regard fut immédiatement attiré par ses yeux améthyste.
- Nael.

Il la fixa sans un mot. Ses doigts entourant toujours son menton le brûlaient. De son autre main, la jeune femme lui ferma les yeux, et il sentit que sa main quittait son menton pour rejoindre l'autre sur ses tempes. Il sentit soudain une intense brûlure, qui n'était pas seulement due à son contact, et d'instinct voulu reculer, mais elle enserrait sa tête fermement, l'empêchant d'esquisser un geste, ni même d'ouvrir les yeux. Son cerveau bouillonnait, comme si quelque chose cherchait à forcer la barrière de son esprit. Et soudain, il entendit une voix murmurer dans sa tête.
- Ne bouge pas. Laisse ton esprit s'ouvrir, tout ira bien.

Sans qu'il sache pourquoi, cela le calma instantanément et il cessa de résister. Sous ses paupières closes, il voyait des flashs de couleurs éclatantes, il entendait des dizaines de voix différentes qui se chevauchaient et pourtant se répondaient en propos cohérents. Il ne comprenait pas ce qu'elles disaient, et pourtant il avait l'impression que son esprit décodait parfaitement les phrases sans mots qui tournaient en boucle dans son crâne. Etrange sensation. Hypnotisante et puissante. Puis il se rendait compte qu'il pouvait bouger la tête. Il ouvrit les yeux, Anatyia le regardait, les lèvres entrouvertes et les bras croisés.

- Aïe...qu'est-ce que tu m'as fait ? murmura-t-il.
- Vous appelez ça de la télépathie.

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