Chapitre 36

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Viiiive les vacances!!!!!!!! Petit cadeau pour vous dire que je n'ai pas disparue!  


Le lendemain, parfaitement reposé, Nael fila voir ses deux amis, et à force d'âpres discussions tout en continuant d'esquiver leurs questions, il réussit à leur faire promettre de ne révéler à personne l'existence d'Anatyia. Mais évidemment, ils en profitèrent : avec une malice évidente, Kat lui demanda, à lui qui avait le vertige, de monter en haut de l'antenne de relai radio pour resserrer quelques boulons et démêler quelques câbles. Il eut la peur de sa vie. Kyle fut plus indulgent et lui demanda de le laisser piquer dans son assiette quand il en aurait envie, ce que le jeune peintre accepta de mauvaise grâce. Puis, le cœur plus léger, il expédia ses corvées pour pouvoir enfin s'enfoncer dans la jungle. 


A la clairière, Anatyia l'attendait tranquillement, les pieds jouant avec la surface de l'eau claire. Lorsqu'elle le vit, elle lui sourit doucement et se leva. Ainsi commença l'apprentissage d'espion infiltré du jeune homme.

Déjà, il avait un premier problème : il avait clairement manifesté son désir de rester à Bébé Poussin, et il savait que s'il demandait à Kat de retourner au camp de base, elle soupçonnerait immédiatement quelque chose de louche, et il ne pourrait jamais fouiller le camp tranquillement. Ensuite, s'il parvenait tout de même à retourner à Maman Poule sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit, une fois à l'intérieur, il serait complètement coincé, puisque les traqueurs empêchaient qui que ce soit à sortir sans autorisation. A ce souvenir, Nael grimaça. Il aurait vraiment aimé ne pas avoir à retourner là-bas. Ses deux brefs séjours obligatoires ne l'avaient pas vraiment convaincu d'y retourner. Mais quelque chose le poussait à tout faire pour aider sa belle métamorphe. Non, il n'en était pas amoureux, mais il devait avouer qu'elle le fascinait. Elle était tellement mystérieuse et ne ressemblait à aucune fille qu'il avait pu connaitre.

Alors oui, pour percer le mystère de son regard et de ses sourires, il était prêt à retourner à l'oppressant camp de base.

- Récapitulons, fit Anatyia en regardant dans le vide, l'air concentrée. Qu'est-ce qui pourrait te faire revenir dans le grand campement ?

- Eh bien, normalement, je ne devais y passer que le temps nécessaire pour rédiger mon compte-rendu. Après, j'imagine qu'il doit bien exister d'autres motifs de rapatriement, comme tomber malade, ou être blessé...

Il leva la tête et croisa son regard.

- Non, répliqua-t-il. Non, je ne ferais pas ça.

- Mais je n'ai rien dit, protesta la belle indigène en souriant.

- Peut-être, mais tu l'as pensé ! Non, je ne me rendrais pas malade pour la seule raison que tu veux que je fouille le camp de base !

- Attends, réfléchis Nael : si l'on croit que tu es suffisamment malade pour devoir rester allongé, personne ne te soupçonnera de te lever lorsque personne ne regardera pour aller chercher le diazolg !

- Maiiiiis, gémit le jeune homme, c'est tellement humiliant ! En plus, ils pourraient vouloir me renvoyer en ville pour que je sois soigné, et là, j'aurais l'air malin ! Il n'y aurait pas une autre solution ?

- Je n'en sais rien moi, s'énerva-t-elle. Je ne fais pas partie de votre peuple ! Vos règles sont tellement compliquées ! Je ne comprends pas qu'il n'y en ai pas plus d'entre vous qui les enfreignent !

Nael redressa la tête, prit d'une inspiration subite.

- Mais oui, c'est ça ! Ça pourrait peut-être marcher : si je fais quelque chose de grave, que je fais une grosse erreur qui leur coûtera de l'argent, sûrement qu'ils me demanderont de travailler pour réparer !

- Et alors ? demanda la jeune femme, perplexe.

- Alors, je sais quoi casser pour qu'ils soient obligés de m'envoyer à Maman Poule pour le réparer !

- Formidable ! s'exclama Anatyia. Bon, ça c'est réglé, maintenant il va falloir trouver un moyen pour que tu puisses sortir du camp sans te faire repérer.

Ils discutèrent plusieurs heures durant, sur chaque point de cette mission digne d'un agent secret. Le plus dur à réaliser étant qu'il allait devoir apprendre à mentir un minimum, domaine dans lequel il était décidemment peu doué, même s'il avait fait quelques progrès depuis sa rencontre avec Anatyia. Il espérait pouvoir compter sur la confiance qu'il savait avoir gagné chez ses compagnons.

Puis, alors que les rayons du soleil se teintaient d'or et de rouge, Anatyia rappela au jeune homme que seules ses émotions le guideraient au cristal vert. Il devait donc toujours être attentif à ce qu'il ressentait. Et alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons pour retourner à Bébé Poussin, elle le retint par le bras, et dans un geste doux, elle retira l'un des colliers de son cou pour le poser dans la paume du garçon.

- Ce pendentif te permettra d'entrer en contact avec moi, expliqua-t-elle devant son air interrogatif. Si tu as besoin de moi, penses très fort à moi en le portant, et j'entendrais ton appel.

Scrutant le bijou, le jeune homme ne vit pas que les joues de l'ayutoon avaient légèrement rosies.

- C'est une sorte de téléphone, quoi, remarqua-t-il en souriant. Non ?

- Comment veux-tu que je le sache, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel, je ne sais pas ce que c'est que ton tailaifaune.

En riant, il passa le fil tressé autour de son cou et recula de quelques pas.

Alors, sous ses yeux émerveillés, la silhouette sensuelle d'Anatyia se flouta, et elle se fondit en un tigre majestueux, fort et souple, dont les yeux violets brillaient comme des gemmes. Elle émit une sorte de feulement de fierté, sans doute en lisant dans les yeux du jeune homme son admiration, puis d'un geste aérien, elle s'élança entre les arbres, et disparut de la vue de Nael en quelques secondes.


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