Chapitre 11

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Boum-boum Boum-boum.

Le tigre de sang fuit, ses pas s'accordent avec le rythme saccadé de ses battements de cœur. Vite, fuir, loin de ces humains stupides, et surtout de l'humain cruel qui vient de le blesser avec son arme qui crache du feu. Tout en courant, il peut sentir le liquide chaud qu'est son sang s'échapper de lui par vagues pour tâcher sa fourrure de feu et s'écouler sur le sol. Du sang...du sang ! Il s'arrête net. Les traînées sanglantes risquent de mener les hommes à sa suite ! Et là où il se rend, il ne faut en aucun cas que des intrus y pénètrent. Jamais. Cela mettrait beaucoup trop de monde en danger. Non seulement lui, mais aussi tout son peuple, et la jungle toute entière.

Comment endiguer le flot rouge ? Laper la blessure ne suffirait pas, elle saigne bien trop. Le tigre de sang relève la tête, humant l'air, tous ses sens en éveils malgré la brûlante douleur. Soudain, il tourne le regard vers la droite. Une rivière coule tout prêt d'ici. Et si...s'il arrivait à faire croire à ses crédules poursuivants qu'il l'a traversé, et entrer dans le courant, alors il arriverait à coup sûr à les semer ! Mais il faut faire vite, car ils les entant déjà derrière lui, suivant sa trace. En quelques mouvements rapides, il arrive à la rivière, la traverse d'un bond, et parcourt quelques mètres, en veillant à laisser des traces apparentes. Puis, il fait demi-tour, cette fois en prenant soin de ne laisser aucun indice et se laisse couler dans l'eau agitée de la rivière, épuisé par sa blessure. Lorsque ses poursuivants arrivent à leur tour devant le gué il est déjà loin, emporté par le courant. Ils hésitent un moment, puis repérant des traces de sang sur la rive opposé, se lancent immédiatement à la poursuite de leur proie, sans penser un seul instant qu'un animal ai pu les duper.

***

La créature peine à respirer. Le courant s'est fait plus puissant, la rivière s'élargit et devient plus profonde, si bien qu'elle ne peut plus pousser sur ses pattes arrières pour se maintenir à flots. En temps normal, elle nage parfaitement, mais à cet instant, le courant puissant, les remous et sa blessure se conjurent, et l'empêche de faire autre chose que se débattre pour survire. Elle avale de l'eau, la recrache en toussant, tentant de reprendre son souffle. Mais elle sait qu'elle ne pourra pas tenir longtemps. Sa blessure l'épuise, et l'eau l'empêche de guérir. Déjà, elle ne voit plus qu'à travers une sorte de brouillard. Soudain, un son perce sa torpeur : une sorte de grondement sourd retentit devant elle. Un éclair de lucidité la glace : cette rivière mène à des chutes d'eaux de plus de 20 mètres. Elle doit sortir de l'eau, et vite ! Dans un effort désespéré, elle tâtonne sous ses pattes pour trouver un appui et se propulse du mieux qu'elle peut vers la rive de droite. Malheureusement, son élan ne fait que la rapprocher de la terre ferme, la rive est encore hors de portée. Dans une semi-conscience, elle se met à nager, pour échapper à une mort imminente. Quelques mètres, jusques quelques mètres ! Et soudain, sous sa main, elle sent une branche la griffer. Enfin ! Péniblement, elle entreprend de s'accrocher, à n'importe quoi, pour arrêter sa course mortelle. Dans un ultime effort, elle réussit à saisir une poignée d'herbe solide et s'écroule enfin sur la terre ferme. Ses muscles se détendent enfin, un grand frisson la submerge, et la dernière chose qu'elle voit est un magnifique papillon multicolore qui butine une fleur baignée dans une lumière dorée. Puis le noir.

***

Nael sursauta, comme sortit d'un rêve profond. Reprenant ses esprits, il posa délicatement son fusain sur ses genoux et s'étira de tout son long. Puis il jeta un regard à sa montre. Mince ! Déjà si tard ! Le soleil commençait à se coucher sur l'horizon, il était plus que temps de rentrer au camp s'il ne voulait pas affoler tout le monde. Il se leva du tronc d'arbre sur lequel il était assis, pris son carnet de croquis aux trois-quarts pleins, son fusain et ses crayon, les remisa dans son sac et prit le chemin du retour. Il souriait, heureux. Ce jour-là, il s'était aventuré bien plus loin que d'habitude du camp, et il avait été récompensé de son obstination par la découverte d'une clairière avec une vue imprenable sur la forêt en contrebas et une grande variété d'animaux qui avaient acceptés de poser pour lui. Sans s'en rendre compte il avait ainsi passé de longues heures, penché sur son travail, absorbé par le monde qu'il créait du bout de son crayon.

Maintenant qu'il avait trouvé un endroit si inspirant, il comptait bien y retourner à l'occasion. Nael marchait à grandes enjambés, élastiques et silencieuses. A cette allure, il serait bientôt de retour au campement, peut-être même s'il se dépêchait qu'il aurait le temps de s'entraîner un peu au tir avec Kyle avant que l'obscurité ne tombe. A cette pensée, il accéléra le pas. Ces moment avec son ami le détendait toujours beaucoup, et il ne se lassait pas de discuter avec lui.

Soudain, il s'arrêta, et fronça les sourcils. Est-ce qu'il était vraiment passé par là à l'aller ? Dans la lumière changeante du soir, tout semblait différent. N'ayant pas vraiment confiance en son sens de l'orientation dans cette jungle touffue, il avait pris la précaution de marquer son chemin, si bien que dans un premier temps, il ne s'inquiéta pas et revint simplement sur ses pas à la recherche d'une de ses marques. Mais les minutes passèrent, et il dut se rendre à l'évidence : pas de marques. Il était perdu.

! J'adore ce chapitre! À votre avis, que va-t-il se passer dans le prochain ?


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