Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Prologue

Lorsque j'ouvre les yeux, le fait est de constater que je ne vois rien. La pénombre emplis la pièce, accompagnée d'une vilaine odeur d'humidité. Un unique faisceau de lumière jaune passe à travers le rideau de la pièce, sûrement celle d'un lampadaire situé dans la rue car l'obscurité est trop présente pour qu'il fasse jour dehors.

Où suis-je ?

J'essaie de remonter mes souvenirs pour comprendre où je suis, mais ces derniers sont vagues. Je me souviens m'être retrouvée dans une rue près de la résidence de Matthew, puis avoir senti une présence derrière moi avant qu'une main forte m'empoigne et me colle un mouchoir recouvrant mon nez et ma bouche. Je me souviens m'être demandé ce qu'il se passait, me débattre, tenter de crier, tandis que l'angoisse montait en moi. Néanmoins, tandis que mon corps se faisait de plus en plus lourd, mes jambes n'ont rapidement plus supporté mon poids. Et, c'est alors que mes jambes chancellent que mes souvenirs cessent.

Que m'est-il arrivé ?

Le chloroforme, comprends-je finalement. C'est ça qui se trouvait sur le mouchoir ! C'est ça qui m'a endormi ! Ceci explique également les maux de têtes qui m'assaillent depuis que j'ai ouvert les paupières. En effet, j'ai la sensation qu'un marteau piqueur s'est emparé de mon cerveau. Même la grippe me ferait moins souffrir, songé-je.

Aussitôt, et par réflexe je tente de porter ma main contre ma tête mais j'en suis incapable. Deux cordelettes relient mes mains, les joignant dans mon dos comme le feraient des menottes.

Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi suis-je attachée ?

Me mettant à crier, espérant que quelqu'un m'entende et vienne me libérer, je perçois le goût acre du sang dans ma bouche. Rapidement, je le constate, ma lèvre est en sang.

Apeurée, le souffle court, je continue de crier en essayant de comprendre où je suis, mes yeux s'habituant peu à peu à l'obscurité. La seule chose que je perçois à la faible intensité de lumière est que je suis sur un lit de type camping, les ressorts de ce dernier rendant ma position inconfortable.

C'est une certitude : je ne connais pas cet endroit.

Assise contre les barreaux froid du lit, j'essaie de me lever, c'est là que je me rends compte que mes pieds sont liés, mais que mes mains jointes dans mon dos sont également attachées au barreau du lit.

M'a-t-on kidnappé ?

Hurlant jusqu'à en perdre mes cordes vocales, les larmes roulant sur mes joues, je dois me rendre à l'évidence : personne ne m'entend. Il n'y a aucune agitation dehors et je ne perçois aucun bruit dans la maison dans laquelle je me trouve.

Suis-je même dans une maison ?

Vaincue, affaiblie, le ventre gargouillant et la bouche sèche, je resserre mes genoux contre moi, comme pour me sentir en sécurité. En réalité, je le sais, je ne suis absolument pas en sécurité, même dans cette position. Mais au moins, cela me réchauffe, car il fait glacial ici. Mes bras nus sont en chair de poule, mes jambes tremblent et mes dents cognent les unes contre les autres.

Pourquoi moi ?

C'est alors que mes yeux commençaient à se fermer de nouveau, accablée par la fatigue, que j'entends des pas de l'autre côté de la porte. D'abord presque inaudible, je les entends, j'en suis sûre, ils se rapprochent. Prise d'un espoir, je me remets à crier, pour signaler ma présence.

Ça y est, le cauchemar est terminé, me rassuré-je. Des pas raisonnent désormais tout près de moi, comme si cette personne descendait un escalier, puis un bruit de clés, et enfin le verrou de la porte qui me retient enfermée.

Néanmoins, quand la porte s'ouvre finalement, je le comprends, cette personne n'est pas venue pour me sauver. Au contraire, j'en suis sûre, c'est lui qui m'a enlevé. Je ne perçois pas son visage dans la pénombre, sa lampe de poche braquée sur moi, mais je reconnais cette attitude : celle d'un homme froid qui n'éprouve aucune compassion.

Cependant, ne comprenant toujours pas ce que je fais ici, je m'arme de courage pour lui demander :

—    Qui êtes-vous ?