Chapitre 28 : Courir ou fuir ?

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Lorsque nous descendons les escaliers, Matthew prend ses affaires dans la chambre et la salle de bain pour me laisser cette dernière qui se trouve au premier étage et prendre celle du second. Ça m'a même un peu étonné qu'il veuille remonter là-haut, mais je n'ai pas insisté.

Il est déjà dix-neuf heures alors je me contente de prendre une robe fluide blanche que Matthew m'avait commandé avant de me diriger vers la salle de bain. Comme à mon habitude, je pose mes affaires sur le petit meuble à côté du lavabo ainsi que ma serviette sur le support prévu à cet effet près de la douche. Cette dernière est spacieuse — en même temps pour une douche italienne, c'est le minimum. Mais, avant d'y entrer, je me connecte à l'enceinte de la salle de bain et Taylor Swift raisonne dans mes oreilles. Je ne comprendrai jamais les gens qui n'écoutent pas de musique en se douchant, hurler sur ses chansons préférées sous l'eau chaude ne détendrait que moi ?

L'eau chaude coule sur mes membres tandis que la mousse de mes cheveux glisse le long de mon dos avant de passer par mes fesses et mes jambes pour toucher le sol. De dos aux parois de la douche, je chante à tue-tête sur les musiques qui s'enchaînent, comme si c'était moi qui étais sur scène.

À la fin de la troisième musique, mes cheveux lavés et rincés, j'éteins le thermostat avant de me retourner pour sortir de la douche. Mais, à cet instant, mes yeux s'arrondissent avec effroi. Matthieu est là, prostré devant moi, assis sur le petit canapé blanc qui habille un coin de la pièce.

            — Matthew ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demandé-je avec effroi.

Mais il ne me répond pas, ses yeux passants de ma bouche à ma poitrine, ne se gênant même pas pour passer son regard brûlant de désir sur mon entrejambe. Mon corps lui aussi s'échauffe, la tension devient palpable dans la pièce et je manque soudainement d'air.

Instinctivement, je porte mes mains contre ma poitrine et mon sexe pour briser ce regard intimidant qu'il porte sur moi. Mais, le fait est que deux mains pour tout cacher, ce n'est largement pas suffisant.

Se rendant bien compte de mon malaise, Matthew détourne finalement son regard pour le planter dans les yeux et explose de rire.

            — Tu ne croyais quand même pas que tu étais la seule à pouvoir faire irruption dans la salle de bain des autres ?

Je lui adresse un regard mauvais. Qu'est-ce qu'il cherche ? En soit, qu'il me voit nu ne me dérange pas tant que ça, ce n'est pas comme si c'était la première fois. Ce qui me questionne par contre c'est ce qu'il cherche en faisant ça. C'est un message ? Ou juste de la provocation ?

            — Je te rappelle que moi, contrairement à d'autres, je n'avais pas fait exprès. Je ne savais pas que tu y étais.

Si j'avais pu, j'aurais croisé mes bras sur ma poitrine pour appuyer mes propos. Mais actuellement, je suis en manque de membre alors, on verra ça plus tard.

            — Ça c'est ce que tu dis. Quelle preuve ai-je pour te croire ? Peut-être que tu ne rêvais que de me voir nu et tu as tenté ta chance...

Le culot ! C'est lui qui entre pendant que je me douche et c'est moi qui suis accusée d'avoir saisi ma chance. Mes sourcils se froncent d'énervement. Je sais qu'il me provoque et qu'il essaie de me pousser dans mes retranchements, mais cela ne change rien. Cet homme m'énerve, comme toujours.

            — Si je n'étais pas nue, je t'assure que je serai en train de te mettre une claque, Matthew ! lui craché-je, plus pour montrer mon mécontentement que parce que j'en ai l'intention.

            — Alors viens, je serai ravie de te la rendre sur les fesses, me sourit-il d'un air de défi.

Je sais à quoi il joue. Il essaie de reproduire ces petits défis qu'il me lançait quand nous nous sommes connus et qui nous ont beaucoup rapprochés. Le problème c'est que je ne sais pas si j'ai encore envie de jouer. Je suis arrivée ici en le détestant plus profondément que n'importe qui, mais chaque barrière que je lui mets, il les brise l'une après l'autre. Si je rentre dans son jeu, il a gagné et il le sait. Si je cède à cette dernière barrière, je serai à lui. Sauf, je n'ai pas encore décidé si c'était une bonne idée ou non. Mon cœur me dit de courir alors que mon cerveau m'incite à fuir.

Un instant plus tard, le choix est fait, ce n'est pas le moment. Pas maintenant. Pas si vite.

            — Donne-moi ma serviette, je pense que tu m'as déjà assez vue nu, lui réponds-je en tendant la main vers lui avec un clin d'œil.

Je sais qu'il comprend que je ne suis plus aussi fermée qu'avant mais qu'en même temps je ne le pardonnerai pas aussi facilement et il en joue, je le vois à son regard fier de lui. Pourtant, fanfaronnant, il n'arrête pas son petit jeu et prend ma serviette pour s'éloigner à l'autre bout de la salle de bain.

            — Pas de problème, viens la chercher !

Cet homme aura vraiment ma peau s'il continue à me mettre les nerfs à vifs...

Excédée, je sors de la douche, lève les mains, tourne sur moi-même en déclarant :

            — C'est bon, tu m'as assez vu, je peux me sécher maintenant ?

Son visage affiche une expression étonnée. Il s'attendait à ce que je réagisse en lui criant dessus, râle, le supplie de me rendre ma serviette ou l'insulte de tous les noms, certainement pas que je fasse ce qu'il voulait. C'est pour ça que je l'ai fait.

Moi aussi Matthew je peux te provoquer.

Affichant un sourire fier face à son visage béat, ce dernier s'estompe dès que je vois où s'est porté son regard. Son visage attristé, rempli de culpabilité se dirige vers cet endroit que j'ai encore du mal à regarder dans un miroir. Cette trace qui restera jusqu'à la fin de mes jours pour me rappeler que j'ai failli perdre la vie. Ma cicatrice. Ce petit trait en bas de mon ventre, où la balle a transpercé mon abdomen ce jour-là. Rien qu'à y repenser, je ressens la douleur et l'ambiance de mort qui régnait ce jour-là, et ça me fait froid dans le dos.

Matthew lui, reste complètement bloqué dessus, comme s'il réalisait enfin ce qu'il s'était passé, dans quelles circonstances il m'avait abandonné. Mais, quand il ouvre la bouche pour dire quelque chose, je le coupe d'un geste de la main, lui arrache la serviette des mains avant de me diriger vers ma chambre avec mes affaires. Je ne peux pas affronter cette discussion. Rien que ce sentiment de pitié que j'ai aperçu sur son visage me répugne. Mon cerveau avait raison, en présence de Matthew, la fuite est peut-être la meilleure option. En tout cas, pour ne pas affronter cette discussion pleine de ressentiment, elle l'était.

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant