Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Chapitre 35 : Garde à vue

Matthew avait raison, quelques minutes plus tard la police était là. C'est moi qui ouvre innocemment à la porte. Un semblant d'espoir me laisse croire qu'ils viennent pour une autre raison. Mais non. Ils ont un mandat de perquisition et sont venus placer Jordan en garde à vue. La tête baissée, Jordan passe devant nous, escorté par deux policiers malgré les plaintes de Matthew et moi.

Des policiers font des relevés, fouillent dans l'ensemble de la maison pour voir si leur père ne s'y trouve pas, allant jusqu'à regarder dans le cabanon au fond du jardin.

— Savent-ils que si nous sommes ici c'est pour se protéger de lui ? Pas pour le cacher ? me suis-je emportée face à Matthew.

Mais lui reste sans réaction, à regarder les policiers faire leur travail, le regard béat tandis que j'appelle Lou pour savoir si elle peut défendre mon ami. Aussitôt, elle m'annonce prendre la route en direction du commissariat.

Lorsque les policiers sont partis, je ne pouvais plus me retenir, j'ai fondu en larmes.

Matthew me prend dans ses bras en me caressant le dos :

— Ça va aller, ne t'inquiète pas... me chuchote-t-il contre mon oreille.

— Tu penses qu'il l'a aidé ? osé-je l'interroger.

J'ai besoin de connaître son avis. J'ai besoin qu'il me rassure et me dise qu'il n'aurait jamais fait ça.

— Non, impossible, m'assure Matthew.

Son ton est ferme. Pourtant je sens au son de sa voix que le doute le ronge, et pour être honnête moi aussi je doute, même si je serais prête à défendre corps et âmes Jordan pour qu'il sorte de garde à vue. Son visage quand il a été embarqué, ce n'était pas celui d'un homme qui n'avait rien à se reprocher. Il avait peur, certes, mais il n'y avait pas que ça. Il y avait autre chose. Comme une certaine culpabilité.

Quelques heures plus tard, quand Lou a enfin pu assurer la Défense de Jordan, elle nous appelle et je réveille Matthew qui s'était assoupi sur mes genoux alors que la nuit n'était même pas encore tombée.

Dès que je décroche, je ne la laisse pas parler et lui pose la seule question qui m'importe à cet instant :

— Tu vas pouvoir le faire sortir ?

Matthew attend à côté de moi, le haut-parleur activé, le cœur battant.

— Oui, ils n'ont rien contre lui. Il sortira à la fin de sa garde à vue.

Nous soufflons en cœur. Je ne pouvais pas imaginer Jordan en détention provisoire. Pourtant, je ne peux m'empêcher de remarquer que la voix de Lou n'est pas totalement rassurée. Et mes doutes se confirment quand elle me demande :

— On peut se parler en privé ?

Je tourne ma tête vers Matthew mais il secoue la tête. Je peux le comprendre, moi aussi si ça avait concerné mon frère j'aurais refusé que l'on me cache quelque chose.

— Tu peux parler devant Matthew, l'invité-je malgré une certaine appréhension.

Lou souffle, mais je ne peux pas me permettre d'encore cacher des choses à Matthew, surtout si ça concerne Jordan.

— Tu sais bien Elyssa que j'ai déjà défendu un certain nombre de personnes pour savoir quand un suspect me cache quelque chose. Et Jordan fait partie deux. Je ne sais pas ce que vous cachez, mais faites attention car la police est sur votre dos et ne vous lâchera pas comme ça.

Mon sourire qui s'était illuminé en sachant que Jordan allait sortir s'éteint aussitôt.

— On ne cache rien, grogne Matthew furieux qu'elle puisse penser ça.

— Je vous crois. Je vous dis juste ce que j'ai constaté. Je suis désolée mais je ne peux pas rester plus longtemps, je dois reprendre la route pour une audience cette après-midi.

Je raccroche alors après lui avoir souhaité bon courage. Cependant, nous n'avons pas le temps de discuter des questionnements de Lou que c'est le téléphone de Matthew qui se met à sonner.

— C'est mon détective, m'informe-t-il avant de mettre à son tour le haut-parleur pour que je puisse entendre.

C'est d'ailleurs la première fois qu'il fait ça. D'habitude il prend les appels et nous raconte avec Jordan. Me ferait-il enfin confiance ?

— Personne n'entend cette discussion ? demande le détective avant de donner les informations qu'il a récolté.

— Que ma femme, avoue Matthew.

Mon cœur explose dans ma poitrine tandis que Matthew me regarde d'un air apeuré comme s'il avait peur de ma réaction. Son état de stress par rapport à Jordan l'a emporté et il a parlé avant de réfléchir. Le problème c'est que je ne sais pas si c'est extrêmement mignon et ou si ça me fou la frousse. Nous n'avons pas eu le temps de parler de ce que signifiait la nuit que nous avons passé. Enfin, même si nous savons tous les deux que c'est bien plus qu'un coup d'un soir ou d'une erreur de passage, je ne pensais pas qu'il m'appellerai immédiatement « sa femme ». Face à son air paniqué, je pose malgré tout ma main sur son bras pour le rassurer en lui faisant signe que nous en parlerons plus tard.

— Vous avez totalement confiance en elle ? lui demande le détective.

— Oui, répond Matthew sûr de lui.

— C'est important. Si elle divulgue les informations que je vais vous communiquer, cela deviendrait très compliqué pour votre frère, insiste l'homme au bout du fil.

Matthew se raidit mais l'invite à continuer, réitérant sa confiance envers moi.

— Personne n'est au courant, mais j'ai réussi à remonter au garage ou a été achetée la voiture qui a servi à l'évasion de votre père, reprend le détective.

Nos respirations se coupent, Matthew et moi nous regardons, attendons la suite, même si au fond de nous, nous la connaissons déjà.

— Tout a été payé en cash dans une enveloppe laissée au garage avec une remise du véhicule dans un lieu isolé. La police n'a aucun moyen de remonter jusqu'à vous.

— Mais... insiste Matthew qui comprend très bien que ce n'est pas tout

— Votre frère a déclaré être en voyage pour votre entreprise à cette date. Mais un hôtel a été réservé à votre nom à cinquante kilomètres du lieu de rendez-vous du véhicule servant à l'évasion. Et comme je sais que ce n'est pas vous, je soupçonne votre frère d'en être à l'origine.

Matthew passe sa main dans ses cheveux comme chaque fois qu'il est contrarié avant de raccrocher, les yeux brillants de larmes. Je pensais qu'il aurait explosé de rage, mais non, il se fait du souci pour son frère.

— Qu'est-ce qu'il lui est passé par la tête, bordel ? tape Matthew du poing sur la table.

Je le prends à mon tour dans mes bras.

— Tu penses vraiment que c'est lui ? lui caressé-je le dos, nichée dans ses bras

— Je ne sais pas, mais je sais que toi aussi tu as un doute. Je l'ai vu dans tes yeux.

Je ne pensais pas qu'il l'avait remarqué. Mais c'est vrai que plus on m'en parle et plus ça me parait probable. Mais à la fois ça me parait complètement fou venant de Jordan. Pourquoi nous auraient-ils mis en danger volontairement ? Il n'est pas du genre stupide.

Cependant, mon téléphone posé sur la table vibre de nouveau et un message de Lou s'affiche.

— On le saurait bien assez tôt. Jordan sort du commissariat d'ici deux heures... annoncé-je à Matthew la boule au ventre de savoir si oui ou non, Jordan a quelque chose à voir dans cette histoire.