Chapitre 25 : Une séance caliente

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Je ne suis jamais montré au deuxième étage auparavant. Personne ne m'a proposé d'y aller, et je ne me suis jamais permis de m'y rendre de moi-même. L'ambiance y est plus froide, deux portes sont fermées et seule une, celle dans laquelle nous nous rendons, laisse percevoir de la lumière par sa fenêtre.

Matthew arbore un regard triste vers l'une de ses portes fermées avant de se ressaisir et de m'inviter à entrer dans la salle de musculation.

Comme j'aurai dû m'en douter du fait que cet étage surplombe toute la maison et que seules trois pièces semblent s'y trouver, elle est gigantesque. Les murs sont blancs, des tapis en mousse noirs sont disposés sur le sol pour le protéger face au poids des machines qui sont, elles aussi toutes plus nombreuses les unes que les autres face au miroir qui recouvre tout un mur de la pièce. À vrai dire, à part le tapis de course et le vélo elliptique, je ne saurais donner le nom d'aucune, mais, je ne m'en préoccupe pas et me dirige vers le tapis.

            — Tu sais le programmer ? me demande affectueusement Matthew quand j'allais monter sur la machine.

            — Parce qu'il ne suffit pas de monter dessus et de commencer à courir ? lui demandé-je sérieusement pour le faire marcher.

Me croit-il vraiment si stupide ? Ou est-ce sa volonté d'être « gentil » avec moi qui le rend si naïf ?

Quoiqu'il en soit, une partie de mon cœur est touché par les différents actes qu'il essaie d'entreprendre pour se racheter. À ce stade, je ne sais pas si c'est bien ou mal de ressentir ça, mais je ne peux plus le nier : je ne l'ai pas oublié.

            — Attends je vais te montrer, me propose-t-il en se rapprochant de moi.

Mais je le stoppe en ne pouvant m'empêcher de laisser échapper un rire :

            — Je rigole, bien sûr que je sais comment fonctionne un tapis de course.

            — Tu aurais mérité de courir sous la pluie, se renfrogne-t-il en faisant la moue, vexé de ne pas avoir perçue l'ironie dans ma voix.

            — N'oublie pas que tu aurais perdu le plaisir de m'admirer pendant cette séance de sport, le taquiné-je.

Je ne sais même pas pourquoi je dis ça. Est-ce que j'ai, au fond de moi, envie qu'il me regarde, qu'il n'ait d'yeux que pour moi ?

Un sourire sur le visage, Matthew se rapproche de moi alors que je suis déjà montée sur le tapis et se place face à moi et déclare, satisfait :

            — N'oublie pas qu'il y a un an c'est toi qui m'as supplié de t'embrasser, juste avec l'attirance physique que tu me portais.

Le rouge me monte légèrement aux joues. Mais, cela était sans compter sur Matthew qui vient planter son regard émeraude dans le mien avant de retirer dou-ce-ment son t-shirt afin de se retrouver torse nu devant moi. Il le soulève d'abord délicatement ne laissant apercevoir que les poils naissants sous son nombril, puis ses abdominaux bien plus dessinés qu'ils ne l'étaient il y a quelque mois, ses pectoraux sur lesquels ma tête s'est posée il y a deux semaines que je suis arrivée ici, avant qu'il ne le retire complètement, victorieux :

            — Tu vois, je t'avais bien dit que tu aurais perdu avant moi.

Comment ça ?

Perdue dans mes pensées après avoir laissé traîner mon regard sur chaque parcelle du haut de son corps, je peine à reprendre mes esprits

            — Je ne comprends pas ce que tu veux dire...

            — Tu m'as ordonné de ne pas te regarder pendant que tu courrais et je t'ai prévenu que c'était toi qui ne saurais pas résister. Et encore une fois, j'avais raison, me sourit-il fièrement.

Pitié, que quelqu'un me fasse me plaisir de lui arracher ce foutu sourire qui m'exaspère depuis le premier jour.

Qu'est-ce qu'il m'a pris de le regarder de la sorte, d'abord ? Ressaisis-toi Elyssa !

            — Arrête ça, Matthew, lui ordonné-je.

            — Quoi « ca » ? me demande-t-il innocemment.

            — De jouer à ce petit jeu avec moi ! Tu m'as abandonné il y a six mois, alors laisse-moi tranquille maintenant.

Oui je suis un peu bipolaire et oui je suis en train de le pardonner. Mais je ne peux pas lui rendre la tâche si facile, pas après tout ce qu'il s'est passé.

            — Tu veux que je te laisse tranquille ? Alors ose me dire que tu n'as pas envie d'être avec moi. Ose me dire que tu n'as pas ressenti cette attirance qui nous consume depuis le premier jour, quand j'ai enlevé mon t-shirt face à toi ou quand tu étais contre moi dans le canapé. En fait, dis-moi juste que tu ne m'aimes plus et je te laisserai tranquille.

J'ouvre ma bouche pour lui répondre, mais aucun mot n'en sort. Je veux lui dire que je ne l'aime plus, lui qui est si persuadé que je suis encore à ses pieds. Je veux lui dire ces mots pour lui faire mal autant que lui m'a fait mal. Je veux les lui dire pour qu'il ressente la douleur que j'ai ressenti quand il m'a abandonné.

Mais je n'y arrive pas.

Je ne peux pas car bordel, ce n'est pas ce que je ressens.

Aussi inavouable que ça puisse paraître, aussi inavouable que je ne veux bien l'admettre : j'aime cet homme, depuis la première fois où je l'ai vu.

Sans un mot, sans lui répondre, je détourne mes yeux du regard sur de lui de Matthew avant d'appuyer sur « start » sur le tapis de course et de commencer ma course.

Une fois encore, j'ai besoin de me vider l'esprit.

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant