Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Chapitre 5 : L'inconnu du restaurant

Lorsque je m'agenouille pour ramasser la photo tombée sur le sol, mes yeux s'inondent de nouveau de larmes. Je me souviendrai toujours de ce jour : l'attente à l'hôpital, Liam me tenant la main pour me soutenir, la prise de sang puis l'échographie pour confirmer le diagnostic que je connaissais déjà. « Les suites de votre agression et du stress accumulé ces derniers semaines » m'ont dit les médecins. Mais le fait est qu'il n'était plus là, et Matthew n'a jamais été au courant de son existence. C'est lui qui aurait dû être là quand j'ai hurlé après le diagnostic, c'est lui qui aurait dû me tenir la main tandis que j'avais peur, c'est lui qui aurait dû m'envoyer des messages pour me soutenir après que j'ai vu mon corps changer de nouveau pour reprendre sa forme « normale » Ce n'était pas Liam, ce n'était pas son rôle, et je lui en voudrai toujours pour ça.

Pourtant, quand je ramasse cette photo et là remet à sa place, dans la coque noire de mon téléphone où personne ne peut soupçonner son existence, je ne veux pas m'effondrer devant Liam, pas encore une fois. Il a beaucoup été présent pour moi mais je ne veux pas en abuser. Je ne veux plus que les gens de mon entourage me voient comme cette fille fragile, celle qui pleure au moindre détail. Je veux redevenir la fille souriante. C'est pourquoi, sentant que les larmes me montent aux yeux, je me dépêche de m'enfuir dans la cuisine qui est désormais vide. Mais cela est sans compter sur Liam qui ne me connaît désormais trop bien. Sans la moindre parole, il me prend dans ses bras chauds, ses cheveux blonds tombant sur mon épaule, tandis que ses yeux azurs se referment à mon contact, comme pour me montrer qu'il est là pour moi. Sans pouvoir me contenir plus longtemps, j'explose en larmes, prise de soubresauts, la morve collant sur son t-shirt noir qui sent la lessive.

— Ça va aller, me caresse-t-il le dos.

— Je sais que c'est dur mais ça va aller. Tu es forte, Elyssa !

Cependant, je ne peux m'empêcher de m'excuser d'être dans cet état.

— Je suis désolée, je ne voulais pas pleurer ... me larmoyé-je.

— Eh, me dit-il en prenant mon visage entre ses mains.

— C'est normal de craquer ok ? Ce n'est pas facile tout ce que tu as vécu en si peu de temps, et seule en plus. Tu as le droit de craquer ! Tu ne méritais pas qu'il t'abandonne après tout ce qu'il t'était arrivé ! se met-il en colère face à ma volonté de rester forte.

Ce soir-là, à l'hôpital, alors que nous attendions que Lou et Alexia nous rejoignent, alertées par Liam, je pense que j'avais besoin de vider mon sac. Pleurant à chaudes larmes, je lui ai raconté mon histoire avec Matthew de la rencontre au coup de feu dans le parking, jusqu'à la lettre d'adieu. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il resta bouche bée, lui qui d'habitude n'a pas sa langue dans sa poche. Il me fait d'ailleurs penser à Alexia sur ce point.

Néanmoins, ses paroles me font chaud au cœur. Ce même sentiment que j'avais ressenti quand il m'avait porté ce soir-là se produit de nouveau, je me sens rassurée dans ses bras. Avec lui.

— Tu sais quoi, me propose Liam souhaitant à tout prix me remonter le moral. Ce soir, on sort !

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, lui avoué-je, songeant que ce n'est pas le bon moment.

Je ne suis tout bonnement pas d'humeur à faire la fête.

— Justement si, c'est une très bonne idée. Fais-moi confiance, ça va te faire du bien.

Convaincue, persuadée qu'il ne lâchera pas l'affaire tant que je n'aurai pas accepté, je capitule. Je m'apprête d'ailleurs à le remercier quand le tintement de la cloque surplombant la porte d'entrée du restaurant retentit. Nous sortons alors tous les deux, après avoir séché mes larmes, pour découvrir un homme d'au moins soixante/soixante-dix ans, dont les cheveux blanchis par l'âge et les yeux verts ne lui font pas disparaître son charme. Son manteau en cuir et son jean bleu délavé lui donne d'ailleurs un air de motard, ou de gangster je ne sais pas.