Chapitre 41 : La rançon

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Voilà maintenant plusieurs heures, voir même plusieurs jours que je suis ici. J'ai du mal à compter les heures et encore plus les journées, surtout que je ne sais pas au bout de combien de temps je me suis réveillée après avoir été kidnappée. Dans les vapes, voir complètement endormie, je ne me souviens de rien du trajet qui m'a amené ici. Même quand j'ai rouvert les yeux, j'ai eu du mal à comprendre où je me trouvais et à me souvenir de ce qu'il s'était passé. Mais maintenant que tout est plus clair, je n'ai plus qu'une idée en tête : m'échapper.

À première vue, je pense être retenue dans une cave ou un sous-sol. J'ai bien entendu mon agresseur descendre des escaliers avant d'ouvrir la porte fermée à clé pour me donner à manger. Enfin plutôt une vielle conserve de cassoulet. Je n'ai jamais pu apercevoir son visage, entre la lumière éblouissante qu'il dirigeait vers moi et son sweat à capuche, je n'ai perçu que sa carrure imposante, presque sauvage. Mon sang s'est glacé aussitôt.

Pourtant, malgré ma voix que je pensais cassée après mes multiples cris espérant que quelqu'un vienne me sauver, j'ai réussi à lui demander :

— Qui êtes-vous ?

Mais, l'homme ne m'a pas répondu. Il s'est contenté de rire, un rire grave, presque narquois, avant de me jeter violemment une bouteille d'eau et de fermer la porte. À double tour.

Quel qu'il soit, cet homme ne me veut manifestement pas du bien.

***

Plusieurs heures se sont encore écoulées sans que je n'entende aucun bruit que ce soit dans l'escalier ou dans la maison — je suppose — située au-dessus de moi. Au vu du faible faisceau de lumière qui passe par la petite fenêtre du sous-sol, je suppose qu'il fait nuit. Cela fait des heures que je n'ai ni bu ni mangé, et je crève de froid vêtue d'une simple brassière et d'un short. Si l'été est quand même plutôt chaud dans cette partie du pays, les nuits restent fraîches, surtout enfermée dans un lieu comme celui-ci et empêchée de bouger.

Je m'étais résolue à ne pas avoir à manger ce soir au vu du temps qui passait alors que je ne percevais aucun bruit en haut, quand soudain des pas raisonnent dans l'escalier. Puis c'est un bruit de clé que j'entends, suivi du verrou de la porte, avant que mon agresseur ne parvienne de nouveau face à moi. Sa large capuche cache une nouvelle fois son visage dans la pénombre, mais ce qui m'inquiète le plus est qu'il n'a même pas de boîte de conserve avec lui, juste une caméra.

— S'il vous plaît, vos fils ne voudraient pas que vous le fassiez du mal ... le supplié-je comprenant bien que ce qui va suivre ne va sûrement pas me plaire

— Je n'ai pas de fils, me répond-il d'une voix nonchalante.

Une voix d'ailleurs que je ne reconnais pas. Comme si je ne l'avais jamais entendue.

— Et Jordan et Matthew vous les considérez comment, alors ? m'emporté-je qu'il puisse prétendre ne pas avoir d'enfant.

Il croit vraiment que nous n'avons pas compris que c'était lui ? Brandon ?

— Je crois qu'il y a erreur... ricane-t-il comme si j'étais la pire des idiotes.

— Une erreur ? Mais vous vous entendez parler, au moins, Brandon ! m'énervé-je contre lui comme s'il n'était pas en position de force face à moi.

Il ricane une nouvelle fois dans ma direction en enlevant sa capuche, me dévoilant son visage. J'ai un mouvement de recul et m'éloigne du plus loin possible que je ne le peux avec mes liens. Ce n'est pas Brandon. Ce n'est pas l'homme que j'ai vu au restaurant. Ce n'est pas le père de Matthew. Cet homme est plus âgé, le visage plus ridé mais surtout des yeux sombres, presque noirs, accompagnée d'une calvitie.

— Qui êtes-vous ? lui demandé-je une nouvelle fois, la peur se lisant à coup sûr sur mon visage.

— À quoi bon te répondre ? Tu ne me connais pas ma jolie, me répond-il me forçant à m'assoir contre le mur, mes mains toujours liées au lit.

— Alors pourquoi me kidnapper si je ne vous connais pas ? m'effondré-je en larmes, ne comprenant pas pourquoi cet homme me veut du mal si ce n'est pas le père des garçons.

— Ce n'est pas toi qui m'intéresses mais Matthew Clayton.

Matthew ? Mais qu'est-ce qu'il a à voir dans cette histoire ?

— Quoi ? Qu'est-ce que vous lui voulez ? m'inquiété-je soudainement pour lui.

— Tu le sauras dans un instant. Prends ça !

Et il me donne une feuille blanche où un texte a été rédigé à la main. Je commence à tenter de déchiffrer les mots de cette écriture grossière et à peine lisible quand il installe le pied de la caméra devant moi, le flash m'aveuglant une nouvelle fois.

— Lis ça, à voix haute, et devant la caméra ! m'ordonne-t-il.

Mais, en parcourant les premiers mots, je comprends très bien que ce message est un guet-apens pour Matthew.

— Non ! ne puis-je m'empêcher de rétorquer pour le protéger à mon tour, lui qui a tout fait pour que je sois en sécurité.

Les yeux de l'homme virent au rouge vif. À grands pas, il se rapproche alors de moi, me mettant un couteau sorti de sa poche sous ma gorge.

C'est soit tu le lis, soit tu meurs. Ici et maintenant ! me crie-t-il en plaquant la lame froide contre ma jugulaire.

Je peine à accepter, je n'ai pas envie qu'il soit à son tour en danger. Et puis qui me dit que quand Matthew sera avec lui, il ne me fera aucun mal ? Mais, en position de faiblesse face à cette lame qu'il agite le long de mon cou, je n'ai pas le choix. J'accepte d'un hochement de tête.

Mon ravisseur dont je ne connais toujours rien se recule alors jusqu'à la caméra et commence l'enregistrement.

Je prends une grande respiration pour tenter de paraître forte à l'écran, pour que Matthew n'ait pas une nouvelle fois peur de me perdre. Mais, aux premiers mots, mes larmes coulent :

— Matthew, si tu veux un jour me revoir en vie, il faut que ... tu ... te ... rendes [...]

J'explose en larmes. Ne pouvant m'empêcher de lire la suite de ces mots. Mais l'homme sort le couteau qu'il agite sous la lumière dont le métal reflète la clarté, comme une menace inaudible. Alors je reprends, mon visage salé inondé de larmes.

— Il faut que te rendes à l'arrêt de bus le plus près de chez toi, dans trois jours, avec ton frère. Où l'échange sera fait avec moi. Ne t'avise pas de refuser ou de prévenir la police. Sinon tu auras mon cadavre sur les bras...

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant