Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Chapitre 30 : Un message inattendu

Je n'en reviens pas de sa proposition. Comment peut-il avoir le culot (et le courage) de me poser une question pareille. Certes, il a toujours eu beaucoup de culot, mais là c'est le summum.

Décontenancée, prise au dépourvu, je déclare sans réfléchir :

            — Je te mets une claque en pleine tête ! haussé-je les sourcils pour lui faire comprendre que je ne rigole pas.

Au fond, je ne le ferais jamais. Mais ça, il n'a pas besoin de le savoir.

            — Elyssa, quand vas-tu arrêter de faire semblant de ne rien ressentir ? m'interroge-t-il d'un air sérieux qu'il n'a que rarement.

            — Je ne fais pas semblant, me défends je, outrée qu'il me croit capable de lui mentir.

            — Tu es sûre ? me questionne-t-il en se rapprochant de moi.

Un pas après l'autre, il est de plus en plus près, allant jusqu'à me retrouver bloquée dans le coin du plan de travail.

Matthew n'est plus qu'à un centimètre de moi.

            — Oui je suis sûre, soufflé-je pour le convaincre.

Et me convaincre.

Mais Matthew est sûr de lui, se rapproche de nouveau, n'étant qu'à quelques centimètres de ma bouche. Mon pouls s'accélère, mes pupilles se dilatent, mon cœur bat dans mon entrejambe. Mon corps, ce traître, me rappelle ce que je ressens pour lui.

            — Tu mens, me murmure-t-il.

Je ne peux plus bouger. Ses deux bras sont posés de part et d'autre du plan de travail, son souffle chaud sifflant sur mes lèvres. La chaleur monte, mes joues sont rougeset un filet de transpiration s'est formé dans mon dos. Pourtant lui reste immobile à me fixer de ses prunelles émeraudes. À quelques centimètres de ma bouche. J'ai chaud, je déteste cet effet qu'il me procure mais je ne baisse pas le regard. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction.

            — Un mot Elyssa, et je suis tout à toi.

Mon cœur tambourine dans la poitrine et dans mon sexe. Il me le dit clairement, il me veut. Et, bordel, je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool qui parle mais moi aussi. Ses lèvres, son corps athlétique, son odeur, la sensation de son sexe dans le mien. Tout me manque, tout m'a manqué depuis qu'il est parti. Moi aussi je le veux.

Mais, alors que j'étais sur le point de l'embrasser, mon téléphone vibre sur le meuble à côté de moi. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Matthew se recule de quelques centimètres de moi et déclare alors :

            — Tu devrais répondre, ça a l'air important.

            — Pas maintenant Matthew, le rapproché-je de moi pour coller son corps contre le mien.

Je n'en ai pas besoin de plus pour sentir que son excitation est au maximum. Je sais que ça l'a toujours excité ces petits duels, ces petits jeux qu'il installe entre nous, et j'en ai encore la preuve aujourd'hui.

À cet instant, mon corps ne réclamait que lui et au vu de son excitation plus que naissante, je m'attendais à ce qu'il m'embrasse abruptement. Mais, lorsque mon téléphone vibre à nouveau, Matthew tourne la tête et son visage se décompose. Aussitôt, il se recule afin de reprendre ses distances avec moi, l'air fermé. Ne comprenant pas, je prends mon téléphone dans mes mains et découvre ce qu'il l'a offusqué. C'est un message de Liam.

Liam — Je ne veux juste pas que ce qu'il s'est passé entre nous gâche notre relation.

— Tu es sérieux ? m'excédé-je qu'il puisse se fermer ainsi alors que c'est quand même lui qui est parti

Quel que soit le sens de ce message et même s'il se serait passé quelque chose de concret avec Liam, je ne lui devais plus rien. Et par sa faute en plus.

Mais Matthew, furieux, refuse de me répondre et reprend son verre pour en déguster une nouvelle gorgée.

Dans un froid glacial, c'est après avoir reporté son attention sur moi qu'il me demande :

            — Il s'est passé quelque chose entre toi et ce mec ? Je sais que c'est ton collègue.

Évidemment qu'il le sait, j'avais bien compris qu'il se servait de Jordan comme espion pour connaître le moindre de mes faits et gestes. Comment ai-je fait pour ne pas m'en rendre compte avant mon arrivée ici ?

Néanmoins, son attitude a totalement changé. Il est désormais sec, comme si cette question était un ordre. Il ne joue plus. Il veut une réponse.

Énervée par son comportement alors que nous avions enfin une chance de peut-être passer au-dessus de ces six mois d'absence, je ne peux m'empêcher de le provoquer. Ainsi, en le fixant droit dans les yeux, je bois une nouvelle gorgée.

Ses yeux virent au rouge.

            — Elyssa, je ne joue plus, réponds-moi.

Je déteste quand il est comme ça, quand il me donne des ordres ou me parle si sèchement. Se rend-il ne serait-ce qu'un peu compte que le sentiment de jalousie, cette douleur qu'il ressent au creux de sa poitrine en m'imaginant avec un autre est ce que j'ai ressenti pendant des mois ? C'est pourquoi je décide de le provoquer une dernière fois, comme ça je serai sûre. Je serai sûre qu'il ressent la même chose que moi.

            — Qu'est-ce que ça changerait s'il s'était passé quelque chose avec lui ?

            — Tout. Ça changerait tout.

Et, sans me regarder, il baisse la tête, furieux, et s'en va dehors en claquant la porte, me laissant seule avec ma culpabilité de l'avoir poussé à bout.