Chapitre 34 : Une nouvelle glaçante

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Il est quatorze heures quand, après la nuit mouvementée que nous avons passée et le retour de Jordan, nous avons enfin pu nous reposer dans un vrai lit. Matthew m'a proposé de troquer ma chambre d'amie pour m'inviter dans la sienne, et comment avouer que je n'attendais que ça. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais cet homme m'a réellement manqué. Je l'ai détesté à mourir pendant des mois, mais le fait est que, quand j'ai compris les raisons de son départ, je ne pouvais que constater que j'aurai agis comme lui. Moi aussi j'aurai préféré le perdre plutôt que de le voir mort ou blessé par ma faute. Et puis, il faut dire aussi que j'ai compris ces dernières années que la vie était trop courte pour vivre dans la haine, la colère, la rancœur. C'est pourquoi, concernant Matthew, j'ai choisi le pardon. Au fond, peut-être cette histoire me mènera quelque part, ou peut-être que non, mais au moins je n'aurai pas le regret de ne pas avoir essayé.

Concernant Jordan, le moins que l'on puisse dire c'est que les informations qu'il nous a rapporté de l'Ephad ne nous ont pas plus avancés que nous l'étions avant. D'après les infirmières et les propos décousus de madame Clayton, Brandon est allé lui rendre visite pour obtenir des informations sur Matthew, savoir où il vivait car il avait besoin de lui parler. Mais ça, nous le savions déjà, car c'était exactement les mêmes paroles qu'il a eu à mon égard, la seule différence est qu'il voulait directement s'adresser à moi. Ainsi, même si ce déplacement de Jordan n'a permis que de rassurer les garçons, sans nous faire avancer dans l'enquête concernant leur père, cela nous a au moins permis de protéger leur mère. Désormais, personne d'autre que ses fils ne peuvent lui rendre visite, en sachant qu'une photo des deux hommes ont été donnés aux infirmières, juste au cas où quelqu'un essaierait de passer outre ces mesures.

Néanmoins, je comprends que Jordan soit revenu exténué de cette visite entre le stress de savoir si leur mère allait bien et toute cette paperasse administrative à organiser pour la protéger. Pourtant, cela ne l'a pas empêché de nous charrier durant l'ensemble de la matinée sur ce qu'il avait vu en arrivant :

            — Et dire que je vous ai envoyé, à tous les deux, des dizaines de messages depuis hier soir pour vous informer que tout allait bien pour maman et que je rentrais ce matin. Tout ça pour n'avoir aucune réponse et vous découvrir à moitié nu dans la cuisine. Et encore, je remercie mon chauffeur d'avoir pris de l'avance sur la route, qui sait ce que j'aurai vu si j'avais eu quelques minutes de retard...

Nous n'avons pu nous empêcher de pouffer de rire face à son air dégoûté. Mais, je sais aussi que Jordan en joue et qu'au fond, il est content pour nous. Même si, comme il nous répète au moins cinquante fois depuis son arrivée, il préférerait que les lieux de communauté ne deviennent pas des chambres à coucher. Il a même fait une tape dans le dos de son frère pour le féliciter avant de m'adresser un clin d'œil. Je pense d'ailleurs que s'il avait dû parier quand il est parti, il aurait misé sur le fait que la maison devienne un champ de bataille plutôt qu'elle n'abrite une love story.

À force de ruminer ma matinée, je n'ai même pas encore réussie à m'endormir alors que Matthew, enroulé dans les draps à côté de moi, passe un bras autour de la taille, sa tête nichée dans mon cou tandis que son souffle chaud chatouille de manière régulière mon omoplate. Me forçant à chasser mes pensées intrusives, je me niche dans les bras de ce dernier et commence à trouver le sommeil quand une sonnerie nous réveille tous les deux en sursaut. Aussitôt, Matthew me lâche, se retourne dans le lit pour poser à tâtons sa main sur la table de chevet et attraper son téléphone.

            — Allô ? murmure-t-il d'une voix encore endormie

Dès que son interlocuteur prend la parole, Matthew se redresse, devient attentif, puis saute dans un short en jean et un t-shirt, lui qui ne portait auparavant qu'un caleçon. Intriguée par cet appel, je me redresse également et tente de tendre l'oreille. Cependant, les seuls mots que Matthew prononce son « oui » « ok » ce qui ne m'aide pas à comprendre le sens de cette discussion.

            — Envoyez-moi tout de suite la photo du registre, ordonne ce dernier d'une voix grave et autoritaire.

Une seconde plus tard, une nouvelle notification retentit et Matthew recule le combiné de son oreille avant de cliquer sur un message. Son visage se ferme immédiatement. Je ne sais pas ce qu'il vient de lire, mais ça n'augure rien de bon.

            — La police sera là d'ici combien de temps ?

Mon sang se glace. La police ? Ici ? Qu'est-ce que qu'il se passe encore ?

Matthew raccroche le téléphone après avoir remercié son interlocuteur. Je m'attends à ce qu'il m'explique ce qu'il vient d'apprendre, mais il se contente de s'asseoir sur le lit en tenant sa tête dans ses mains.

            — Je peux savoir ce qu'il se passe ? l'interrogé-je en m'asseyant près de lui.

Mais Matthew ne me répond pas tout de suite. Sa bouche s'ouvrant et se refermant sans qu'aucune parole ne sorte de sa bouche, ne parvenant pas à trouver ses mots.

Quand il réussit enfin à aligner deux mots, la peur me glace l'échine.

            — Mon détective vient de m'informer que la police est en route. Ils recherchaient tous le complice de notre père. En fouillant dans les registres de la prison ils se sont rendu compte que Jordan y allait depuis plusieurs mois pour le voir.

            — Quoi ? Mais c'est impossible ! Il nous l'aurait dit ! tenté-je de défendre celui qui est devenu plus qu'un ami pour moi ces derniers mois.

            — Je viens de voir les registres, ils sont formels, me répond Matthew d'une voix mécanique, comme s'il ne réalisait pas l'information.

            — Il fait qu'on aille lui parler, il va nous expliquer. Il doit forcément y avoir une explication !

            — C'est impossible. La police sera là d'ici quelques secondes. Ils viennent pour le placer en garde à vue.

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant