Chapitre 24 : Un départ précipité

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— Je vais y aller, déclare Jordan.

Cinq minutes après l'irruption de Matthew dans le jardin, c'est la décision qui avait été prise. En effet, les garçons veulent aller voir leur mère pour savoir si elle va bien, mais aussi les infirmières pour les questionner, voir si elles n'ont pas entendu des informations qui pourraient nous intéresser concernant Brandon.

Cependant, m'ayant déjà approché au restaurant les garçons étaient contre le fait que j'y aille. Matthew lui a directement proposé de s'y rendre, mais Jordan a refusé :

            — C'est beaucoup trop dangereux, c'est à toi qu'il en veut ! l'a défendu ce dernier.

En effet, envoyer Matthew n'est pas la meilleure idée en sachant que c'est d'une certaine façon lui la cause de toute cette agitation. Pourtant, il a eu du mal à accepter de ne pas pouvoir intervenir.

            — Je dois la protéger, j'ai déjà fait beaucoup d'erreur avec elle, avait tenté Matthew de convaincre son frère.

Mais cela n'a pas eu son effet escompté car Jordan n'a pas lâché. Ainsi, après quelques minutes Matthew a enfin accepté que notre meilleure solution, c'était Jordan.

En effet, Jordan fait depuis plusieurs mois désormais les allers-retours entre la Belgique et Clayton Corporation donc cela ne paraitra pas suspect, aux yeux de Brandon, qu'il revienne dans le pays. De même, la police qui a finalement été contactée par les infirmières pense qu'il est possible qu'il retourne la voir. C'est pourquoi l'idée est que Jordan reste quelques jours là-bas, à la fois pour s'assurer qu'elle va bien mais aussi pour être là au cas où Brandon revienne. Après tout, c'est celui qui a toujours eu la meilleure relation avec son père, peut-être réussira-t-il, s'il le voit, à le convaincre de se rendre ?

Néanmoins, il faut dire que ce qui nous inquiète le plus est de savoir ce que la mère des garçons a pu lui dire. En effet, même si ses souvenirs et ses pensées sont floues avec sa maladie, Matthew sait qu'elle peut aussi parfois être très lucide. Et après tout, c'est dans sa maison que nous nous trouvons. Puis, même si Brandon ne peut pas passer la frontière, il pourrait toujours envoyer quelqu'un pour faire le travail à sa place, surtout que, nous n'allons pas vivre cachés indéfiniment.

Ainsi, c'est de cette façon que nous nous retrouvons le lendemain matin à dire, sur le pas de la porte de la maison, au revoir à Jordan. Ce dernier a pris le soin d'enfiler une casquette noire pour s'assurer un minimum de discrétion jusqu'à son arrivée à l'Ehpad, ainsi qu'un short en jean et sweat de la même couleur pour faire face à l'orage qui pointe le bout de son nez depuis quelques heures.

            — Ne te fais pas tuer, le supplie Matthew avant de le prendre dans ses bras.

            — Ce n'est pas prévu au programme, le rassure-t-il avec un sourire en coin.

            — Et toi, prends bien soin d'elle ! lui ordonne-t-il quand il se détache de ses bras pour me prendre à son tour dans les siens.

Matthew, lui, ne répond rien d'autre qu'un sourire, signe qu'il était inutile de lui faire cette précision.

            — Et toi, évite de tuer mon frère pendant mon absence ! me chambre-t-il, un poil sérieux, en me serrant très fort contre son torse.

            — Tu es sûr ? J'avais pourtant trouvé un coin dans le jardin pour enterrer son cadavre qui me semblait discret... plaisanté-je à mon tour.

            — Certain, il te manquerait trop, me lance-t-il avec une petite tape sur le nez.

Si mon regard noir pouvait tuer, Jordan serait criblé de trente-six balles dans le corps suite à sa remarque.

Qu'est-ce qui lui fait dire ça en plus ? Est-ce que ça se voit tant que ça que je suis en train de le pardonner, de comprendre la raison de ses actes ?

Mais Jordan ne m'adresse qu'un sourire satisfait avant de passer le petit jardin et de disparaitre derrière le portail dans la même berline noire qui est venue me chercher chez moi, il y a deux semaines désormais.

Lorsqu'il disparait finalement de notre champ de vision, Matthew referme la porte à contrecœur tandis que je tourne les talons et me dirige vers l'étage. Quand je suis presque arrivée en haut, Matthew m'arrête :

            — Tu vas faire quoi maintenant ?

            — Tu sais, ce n'est pas parce que ton frère est parti que je dois passer toutes mes journées avec toi ! me défends-je pour lui montrer que je n'ai pas besoin de lui.

Pourtant, je comprends le sens de sa question. Depuis que je suis arrivée ici, chez eux, c'est avec Jordan que je passe la plupart de mes journées. A-t-il peur que je m'ennuie sans Jordan ? S'inquiète-t-il ce point pour moi ?

            — Ce n'était pas le sens de ma question, se défend-il à son tour. Je pensais juste que tu aurais été courir comme ça fait quelques jours que tu n'y es pas allée.

Il garde son visage de marbre, pourtant je sais qu'à l'intérieur ma phrase l'a touché. Je suis sûre qu'il s'est dit que nous allions forcément nous rapprocher comme Jordan n'était plus là. Je le sais car c'est exactement ce que je me suis dit également. Pourtant, je n'arrive pas encore à conclure si ce serait une bonne idée ou non. En réalité, j'ai vraiment peur qu'il me refasse souffrir en partant encore une fois.

            — Oui, c'est ce que j'avais prévu de faire mais, à la vue de la météo, je pense que ce ne sera pas pour aujourd'hui, constaté-je en lui montrant la pluie d'orage qui tambourine sur les vitres.

Beaucoup de sportifs me critiqueraient en m'entendant parler. Les plus grands dans le domaine n'ont pas peur d'affronter la pluie mais, j'ai envie que la course reste un plaisir alors y aller pour rentrer après avoir pris froid, ne m'a jamais tenté.

            — Il y a un tapis de course si tu veux en haut. J'avais prévu de faire une séance de musculation, mais tu peux utiliser le tapis pendant ce temps, me propose-t-il en bafouillant un peu, comme s'il craignait ma réaction.

Est-ce que je fais si peur que ça ?

            — Quoi ? Tu as une salle de musculation, ici ? Comment ça se fait que je ne sois même pas au courant depuis le temps que je vis ici ?

Après le jacuzzi c'est la salle de sport qu'on me cache ? Peut-être qu'il y a quand même une piscine et que personne n'a daigné me prévenir, finalement !

            — Parce que tu ne me l'as jamais demandé, se justifie-il.

            — J'avais oublié que tous les riches ont une salle de sport... lui réponds-je sarcastique avec malgré tout un sourire aux lèvres.

            — Donc ça te dit ? insiste-t-il en voyant que je tourne autour du pot sans lui donner de réponse.

            — Oui, mais à une condition ! accepté-je.

            — Laquelle ? fronce-t-il les sourcils, s'attendant au pire.

            — Interdiction de me mater !

Il sourit à son tour.

            — Ça croit moi, c'est pour toi que ça va être dur !

C'est ainsi que tout en rigolant, nous nous dirigeons, après nous être mis en tenue de sport, vers le second étage où la salle prévue à cet effet se trouve.

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant