Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Chapitre 17 : Un secret bien gardé

— Tu comptes rester jusqu'à temps qu'ils le retrouvent ? me questionne Alexia à propos de Brandon, le père des deux frères.

            — Jusqu'au weekend prochain, c'est sûr. J'espère qu'ils le retrouveront entre temps...

En effet, j'avoue ne pas aimer particulièrement vivre cachée de cette manière. J'ai déjà vécu dans la peur pendant plusieurs mois, puis dans la tristesse après ma rupture avec Matthew et la perte de cet enfant, j'aurais aimé retrouver un peu de joie dans ma vie.

            — Et comment comptes-tu faire pour ton travail ? Je sais que ce n'est pas le luxe mais c'est la galère si tu le perds, non ? renchéris Alexia tandis que je perçois à la tête de Lou qu'elle se fait beaucoup de soucis pour moi.

J'aimerais tellement être auprès d'elle, pouvoir la serrer dans mes bras, la rassurer. Après cet appel, il faut vraiment que je lui envoie un message pour lui rappeler que d'être ici est la meilleure solution.

            — Je ne sais pas comment mais les garçons ont réussi à m'obtenir un arrêt maladie qui court jusque-là fin de la semaine prochaine. Je l'ai déjà envoyé à Garcia, mais je n'ai pas eu de réponse...

Au fond de moi, j'espère vraiment qu'il ne va pas me virer car j'ai réellement besoin de cet emploi.

C'est ainsi que, après avoir rassuré les filles sur le fait que j'allais bien, que même si la situation était un peu bizarre je me sentais bien ici — et c'est vrai, Jordan et Matthew font tout pour m'intégrer— et tandis que je m'apprêtais à raccrocher, Lou qui était pensive depuis quelques minutes me pose une dernière question :

            — Il est au courant ?

Cependant, je ne comprends pas directement à quoi elle fait allusion :

            — De quoi parles-tu ?

Constatant mon incompréhension, elle prend la peine de reformuler sa phrase :

            — Matthew, il est au courant pour tu sais quoi ?

Aussitôt, je comprends de quoi elle parle et me retourne vers la porte pour être sûre que personne ne puisse entendre. Pourtant, je l'avais fermée en prenant l'appel des filles, mais il vaut mieux être prévoyant.

            — Non, réponds-je sèchement pour mettre fin à cette discussion.

Pour être honnête, j'ai encore beaucoup de mal à tenir une discussion sur ce petit être qui a grandi quelques mois à l'intérieur de mon corps. C'est encore trop sensible, trop proche, trop récent. C'est pourquoi j'ai toujours catégoriquement refusé de voir un psychologue que ce soit pour le bébé ou pour le fait d'avoir assisté à la mort de Daphné après qu'elle m'ait tiré dessus. Mais cela fera-t-il un jour moins mal ?

            — Il a le droit de savoir, Elyssa. Maintenant que tu sais qu'il ne t'a pas quitté car il ne t'aimait plus, tu ne peux plus faire comme s'il n'était pas concerné par cet évènement... me sermonne Lou tandis qu'Alexia acquiesce de la tête, laissant Lou, l'avocate trouver les bons mots pour me convaincre.

Mais, même si c'est une brillante avocate, je me sens tellement incapable de lui confier ce secret que je garde enfoui en moi depuis près de six mois, que je suis loin d'être convaincue par ses propos.

            — C'est toujours non, m'entêté-je.

            — Elyssa, je te connais et Alexia aussi, et nous savons toutes les deux que ce n'est qu'une question de jour avant que tu ne retombes dans ces bras. Je déteste qu'il t'ait quitté de la sorte, dans ces circonstances, et j'ai du mal à passer au-dessus, mais savoir qu'il l'a fait pour protéger la femme qu'il aime, même si cela allait le rendre malheureux, toute personne censée finirait par le pardonner. Mais, lui, s'il découvre que tu as eu de nombreux jours pour lui confier ce secret, il risque de réellement t'en vouloir...

C'est sur ces paroles que s'est terminé mon appel avec Alexia et Lou, les mots de cette dernière restant en suspend dans ma tête tandis que j'étais incapable de répondre quoi que ce soit. Je sais qu'elle a raison et que je devrais lui parler de cette perte que j'ai subie, et lui aussi d'une certaine façon. Mais je n'y arrive pas, comme si j'étais bloquée.

Néanmoins, en regardant l'heure sur mon téléphone, je constate qu'il est déjà vingt heures passé et que j'ai passé beaucoup plus de temps que prévu au téléphone. C'est ainsi que, décidant de repousser à plus tard cette inévitable discussion avec Matthew, j'affiche mon plus beau sourire avant de descendre les escaliers et de rejoindre les garçons qui sont sûrement déjà en train de dîner.