Mon détestable ex-patron (Tome 2)

Chapitre 19 : Un jeu dangereux

Cela fait désormais une semaine que je suis chez Matthew et Jordan, et rien n'a changé. La police n'a toujours pas réussi à retrouver Brandon et ma vie chez moi commence à me manquer. Je sais bien que je n'ai pas à me plaindre, il y a pire comme cavale que de vivre dans cette magnifique maison qui ressemblerait presque à un hôtel, exception faire qu'il faut faire à la fois la cuisine, la vaisselle et le ménage.

Garcia, mon patron, m'a répondu lundi pour me prévenir que mon certificat maladie avait bien été pris en compte et me souhaiter un bon rétablissement. J'ai dû relire le mail à deux reprises pour être sûre de ce que j'avais lu mais c'était réel, il avait été gentil avec moi. Néanmoins, je doute qu'il le soit également quand je vais lui annoncer que je dois le prolonger pendant minimum deux semaines. En effet, la police nous a bien prévenu qu'ils ne le retrouveront pas comme ça et que, malgré leurs espoirs de la semaine dernière du fait qu'il avait été aperçu par plusieurs personnes dont moi, il semble avoir pris ses dispositions pour poursuivre sa cavale.

Concernant Matthew, après avoir été froid presque une journée entière il a enfin retrouvé le sourire. Enfin, disons que ma maladresse volontaire l'a un peu aidé. En effet, il est possible que, par esprit de vengeance, je lui ai renversé un jus de grenadine sur sa belle chemise blanche qu'il venait d'enfiler pour son rendez-vous en visioconférence. Au moins, ça lui donnera une bonne raison de se mettre torse nu et de prendre une douche, vous ne croyez pas ?

Certains pourraient penser qu'en faisant ça, j'ouvre une porte à Matthew, mais pas du tout. Je le sais, je serais incapable de lui dévoiler ce secret que je garde cache au fond de moi depuis plusieurs mois désormais, surtout que, le fait qu'il m'ai abandonné dans cette situation, même s'il avait ses raisons, me permet de tenir la promesse que je m'étais fixée : celle de ne plus l'aimer. Surtout que, lui aussi m'avait fait cette promesse dans la lettre qu'il m'avait adressée à l'hôpital si bien que je suis persuadée qu'il n'y a perçu qu'un moyen de détendre l'atmosphère. En effet, depuis les différentes annonces sur ce soit des frères ou de la police l'ambiance était presque morbide dans la maison, alors il était temps de sourire un peu. C'est d'ailleurs l'objectif que nous avions en tête quand, cet après-midi, Jordan a proposé que nous fassions une partie de Mario Kart sur la Switch.

Nous avions prévu de nous rejoindre à quatorze heures dans le salon. Évidemment, comme je n'ai rien à faire de mes journées, c'est ici que je passe la plupart de mon temps, si bien que je suis la première arrivée. Rapidement Jordan me rejoint également :

            — Alors, prête à perdre ? me demande-t-il une lueur de défi dans les yeux, semblable à celle de son frère, en branchant la Switch et en me donnant une manette bleue.

            — J'ai touché une manette de jeu deux fois dans ma vie Jordan, alors je ne crois qu'en la chance du débutant, rigolé-je

C'est sur ces propos que Matthew nous rejoint vêtu d'un jogging bleu marine et d'une veste de la même couleur. Je m'en étofferais presque avec ma salive. Depuis quand a-t-il troqué ses éternels costumes avec ses belles chemises blanches ? Je sais que nous ne sortons pas de cette maison, nous faisons même livrer nos courses, mais il pourrait quand même faire un effort. Même moi j'ai pris la peine d'enfiler une jupe fleurie verte et un débardeur noir. C'est pourquoi, je ne peux m'empêcher de le taquiner :

            — Tu sais que nous ne sommes pas dimanche ? interrogé-je Matthew alors qu'il s'assoit à ma droite tandis que son frère prend place de l'autre côté du fauteuil.

Arquant un sourcil, se demandant d'abord le sens de ma question, il ne peine pas à comprendre où je veux en venir quand je me mets à le reluquer de manière insistante sous les yeux amusés de Jordan.