Chapitre 1 : Réapprendre à vivre

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Un mois plus tôt :


" I wanna take you away

Let's escape into the music,

DJ, let it play

I just can't refuse it, like the way you do this

Keep on rockin' to it

Please don't stop the music, please don't stop the music"


Rihanna raisonne dans mes tympans tandis que mes talons martèlent le béton chaud du mois de juin. Les voitures passent à toute allure à côté de moi, et instinctivement, j'accélère. Les muscles de mes cuisses sont tendus, une cloque est en train de se former sur mon petit orteil, mes poumons sont à bout de souffle alors que des gouttelettes de sueur perlent sur mon fort ; pourtant, je ne ralentis pas. Comme à chaque fois, j'en ai besoin. J'ai besoin de sentir mes talons claquer contre le sol et mes calories se brûler pour oublier, oublier tout ce qu'il s'est passé.

Cela fait presque six mois que je suis sortie de cet l'hôpital et à vrai dire je n'en pouvais plus. Les bip bip incessants dans la chambre voisine, les innombrables séances de kiné pour réapprendre à marcher comme s'il ne m'était jamais rien arrivé, les réveils matinaux des infirmières pour les soins. J'avais besoin de retrouver mon chez moi.

Pourtant, reprendre la vie que j'avais laissé ce jour-là en entrant dans cet hôpital n'a pas été facile car plus rien n'était comme avant, Matthew, le bébé... Plus rien ne sera jamais comme avant...

La course ? Ce fut mon unique refuge. Dès que j'avais besoin d'évacuer ma rage, ma tristesse, je prenais mes baskets qui ont traîné de longues années dans mon placard et m'en allait parcourir des kilomètres jusqu'à ce que ces émotions disparaissent, ou au moins s'atténuent... Pour être honnête, je n'ai jamais été des plus sportives, mais aujourd'hui c'était devenu une nécessité.

Désormais arrivée devant mon immeuble, après un sprint final, je pratique quelques étirements. À vrai dire, cela me fait toujours bizarre de me retrouver face à la devanture de mon appartement car je repense à toutes ces fois où Matthew m'y a rejoint, tard le soir, pour passer la soirée avec moi.

Matthew...

Après la lettre qu'il m'avait fait parvenir à l'hôpital, j'ai tenté de l'appeler un demi-milliard de fois pour lui parler, pour qu'il m'explique les raisons de son départ. Mais rien, aucune réponse. Mes appels se sont toujours terminés sur sa messagerie. Pourtant, je n'ai jamais arrêté, chaque jour, chaque heure, je recommençais, persuadée qu'à un moment, les souvenirs de ce que nous étions en train de construire le pousserait à enfin prendre cet appel. Mais ce fut un échec. Et puis, un jour, j'ai composé ce numéro, le cœur battant, comme à chaque fois, l'espoir niché au fond de mon cœur. Néanmoins ce n'est pas sa voix que j'ai entendu ce jour-là mais plutôt celle d'un robot m'informant que ce numéro n'était plus attribué. Cette fois-ci, je l'avais bien compris, je ne pouvais plus rien faire. Il était parti. Définitivement.

Personne ne peut imaginer la rage et la tristesse qui se sont emparées de moi à cet instant. Mon cœur était brisé, mais je n'avais qu'une envie, c'était de lui hurler dessus. Comment pouvait-il m'abandonner de cette façon ? Comment pouvait-il me laisser là, alors que je portais son enfant ?

À cet instant, je l'ai su, jamais je ne pourrais le pardonner. Pourtant, et si contradictoire que cela puisse paraître, je savais également que les sentiments que j'éprouvais pour lui ne me quitteraient pas. Je m'en rendais bien compte, c'était impossible d'oublier quelqu'un qui, au premier regard, avait déjà construit une petite place dans votre cœur. Mais seules les personnes l'ayant vécu peuvent le savoir.

Mon détestable ex-patron (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant