Power or love ?

Chapitre Deux

CHAPITRE DEUX

Aujourd'hui
GIULIA, 20 ANS

Appuyée contre la rambarde en verre de mon balcon, j'observe le jardin qui est encore plongé dans un profond sommeil. Il est sept heures du matin, le changement de gardes devrait voir lieu d'une minute à l'autre. Le vent chaud souffle légèrement, en ce début d'été. Les gardes apparaissent enfin. Leurs armes rangées contre leur poitrine, ils échangent leur poste. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours grandi dans ce monde entouré d'hommes armés. C'est mon quotidien depuis ma naissance. Les armes à feu, le sang, l'adrénaline. C'est mon quotidien depuis vingt ans maintenant. Et c'est loin d'être fini. En sentant probablement mon regard sur lui, un homme lève la tête vers moi. Il hoche la tête, pour me saluer poliment. Je fais de même, avant qu'il ne quitte mon champ de vision. Je retourne dans ma chambre, au moment où des coups retentissent à ma porte. Elle s'ouvre sur mon petit frère.

_ Manachek est arrivé, dit-il en pénétrant dans la pièce, il t'attend dans ton bureau.
_ OK, j'arrive.

Il regarde rapidement dans le couloir, avant de pénétrer entièrement dans la pièce. Il ferme la porte derrière lui, pour venir s'approcher. Il pose un regard si bienveillant sur moi, si protecteur. Il a beau être mon cadet de deux ans, il me dépasse de plus d'une tête.

_ Je t'accompagne pendant ce rendez-vous.
_ Tu n'avais pas entraînement avec papa ce matin ? demandé-je en laissant tomber ma tête sur le côté.
_ Il a annulé.

Je sais très bien pourquoi papa a annulé l'entraînement avec Andrea. Il fait toujours ça.

_ C'est lui qui t'a demandé de m'accompagner, je me trompe ?

Son silence en dit long. Papa a volontairement annulé l'entraînement quotidien avec son fils, pour que ce dernier m'assiste. Ses deux-là me surprotègent. Mais merde, je suis assez grande pour gérer le clan ! Je le fais depuis deux ans, et tout se passe bien, très bien même.

_ Vous faites vraiment chier.

Je récupère mon arme, que je range dans la ceinture de mon pantalon de tailleur. Sans attendre mon frère, je quitte ma chambre, pour rejoindre l'immense escalier central du manoir. Mes talons retentissent dans le silence environnant. Je pénètre dans le grand salon, où je repère immédiatement papa. Il est assis sur un fauteuil, son ordinateur sur les jambes. Il ne relève pas la tête vers moi, mais je sais qu'il m'a entendu.

_ Pourquoi as-tu encore annulé ton entraînement avec Andrea ?
_ Ma jambe me fait mal aujourd'hui, gatto mio* (mon chat), dit-il en relevant le regard vers moi.

Dois-je le croire ? Je sais que sa jambe lui fait régulièrement mal, depuis son accident il y a deux ans. Mais comme par hasard, aujourd'hui ? Je soupire, alors que des pas retentissent depuis la cuisine. Maman en sort, deux tasses à la main.

_ Bonjour, ma chérie.
_ Bonjour maman.

Elle s'approche, pour venir m'embrasser sur le sommet du crâne. Elle retourne voir papa, pour lui tendre une tasse. Elle s'assoit à ses côtés, alors qu'il ne la quitte pas du regard. Il la regarde avec un regard rempli d'amour. Je connais le début tumultueux de leur relation, et je suis fière de les voir encore aussi amoureux après tant d'années de mariage. Ils me donnent envie de croire en l'amour. Je m'éclipse discrètement, pour partir vers mon bureau, dans le fond du manoir. Je m'arrête devant la porte sécurisée, et protéger par deux gardes. Ils se décalent, pour me laisser pénétrer dans le couloir réservé à nos bureaux. Tout est décoré avec soin, avec goût. Sur ma droite, les immenses fenêtres donnent sur les jardins, et éclairent l'endroit. Je me sens bien dans cette partie de la maison. J'arrive enfin devant mon bureau. Je pousse les deux portes en bois. Les trois hommes se tournent vers moi. Andrea s'occupe de servir un verre de vin à nos invités, de notre propre marque de vin. Quand j'ai repris la tête du clan à mes dix-huit ans, j'ai également repris l'entreprise de vin que mon arrière-grand-père avait fondé.