Power or love ?

Chapitre Seize

CHAPITRE SEIZE

Aujourd'hui
GIULIA, 20 ANS

Je prends une nouvelle fourchette de spaghettis, alors que les conversations vont de bon train autour de l'immense table familiale. Bruno, le fils de Clara et Gregorio, rit avec sa petite amie et mon frère, alors que Leonardo discute avec papa, Gregorio et son propre père. L'ambiance est joyeuse ce soir. La luminosité est magnifique, avec le soleil qui se couche à l'horizon, avec la mer en contrebas. La Sicile est un pays que j'aime depuis toujours. Je viens régulièrement ici depuis ma naissance, je m'y sens comme chez moi. Clara est un peu comme ma deuxième mère. C'est d'ailleurs la seule personne autour de cette table qui est au courant de mon avortement, hormis Leo bien sûr. J'avais besoin d'en parler à quelqu'un. Je sais que j'aurai pu le faire avec maman, j'ai entièrement confiance en elle. Mais je sais qu'elle n'aurait peut-être pas eu le même point de vue que moi. Après tout, ses deux grossesse sont été une bénédiction pour elle, à cause de la maladie. Mais moi, je n'ai pas les même envies qu'elle. Je ne veux pas d'enfants. Du moins, pas pour le moment. Je n'ai absolument pas cet instinct maternel que toute les femmes sont censés avoir. Je croise le regard de Leo, alors qu'un sourire habille son visage. Discrètement, il désigne son menton. Merde, j'ai quelque chose sur le mien ? Je frotte avec le dos de la main, pour voir une trace de sauce tomate dessus. Je ne sais vraiment pas manger correctement.

_ Je voudrais profiter de ce dîner pour vous annoncer quelque chose.

L'annonce de Bruno plonge la terrasse dans un silence. Il se lève, avant de jeter un rapide coup d'œil à Raphaëlle, sa petite amie, assise à ses côtés.

_ Nous allons nous marier.

Alors ça pour une surprise ! L'un de mes plus vieux amis va se marier. Je pose mes couverts, pour me précipiter dans ses bras. Il est en couple depuis sept ans avec Raphaëlle, jeune et jolie française de notre âge. Ils s'aiment depuis qu'ils ont quatorze ans, je trouve ça tellement beau. Un amour de jeunesse, qui devient le grand amour. Elle reste à l'écart de la mafia, en revanche. Elle refuse de contribuer à tout ça, d'où le fait que je ne l'ai jamais vu à notre gala annuel.

_ Je suis tellement contente pour vous ! m'exclamé-je en prenant Raphaëlle dans mes bras.
_ Attend, j'ai encore autre chose à dire, continue Bruno d'une voix malicieuse.

Je me tourne vers lui sans comprendre.

_ J'aimerai que tu sois l'une de mes témoins pour ce grand jour.

Ça y est, les larmes coulent sans retenue sur mes joues. Je ne m'attendais tellement pas à cette demande. Moi, devenir témoin pour le plus beau jour de sa vie. Je reprends Bruno dans mes bras, sans voix.

_ Je prends ton silence et tes larmes pour un oui ? plaisante-t-il après m'avoir embrassé sur le sommet du crâne.
_ Bien sûr, idiot !

Les minutes qui suivent sont composées de félicitations envers Bruno et Raphaëlle. C'est donc pour ça que marraine voulait nous faire venir ici ! Je retourne à ma place face à Leo, pour terminer mon assiette. La nourriture, c'est sacré chez moi.

_ Et donc, le mariage est prévu pour quand ? demande Andrea.
_ Cet hiver, en France, dit Raphaëlle en souriant. Bruno a trouvé grâce à l'un de ses alliés un château dans le sud, qui est absolument incroyable ! C'est digne d'un conte de fées.
_ Parce que tu es la princesse de mon conte de fées, chérie.

Ils s'embrassent devant nos regards attendris. Leur amour est si pur, si sain, qu'il rendrait jaloux n'importe quel humain sur cette Terre. Moi la première. Malgré moi, je jette un coup d'œil discret vers Leo. Mais son regard brûlant était déjà sur moi. Mes joues prennent une teinte rosée, et ce n'est pas dû à l'alcool que j'ai ingéré pendant le repas ce soir. Des images du gala, ainsi que de notre rapprochement ce midi, défilent dans mon esprit. J'ai l'impression que la température grimpe dans le jardin. Tout le monde se concentre sur les futurs mariés, ce qui nous met dans une sorte de bulle. Rien que lui, et moi. J'avale difficilement la dernière fourchette, avant de finir d'une traitre mon verre.